Dans le silence de nos horizons, je vois perler des fils de rosée qui tombent du ciel. Les colliers pleurent les cristaux que mon âme ne sait plus regarder tant elle a dû en enfermer. Ils se suivent et se ressemblent, pareils au premier, identiques au prochain. Ils se suivent mais il me semble que chacun est cousu des mots de mes sentences. Des phrases en formes de larmes qui éclatent au sol, l’une après l’autre, faillant à m’expliquer mes fautes. Des phrases qui inondent les jardins de ma mémoire, cherchant à te noyer dans mes souvenirs.

Il pleut sur mon cœur comme il a plu au travers de chacune de tes douleurs ; douleurs que j’ai contemplées d’avant la vérité, que j’ai causées dans son après.. Je pleure, et le vent en emporte les traces comme je bats des cils. Je saigne, et le ciel est mon corps qui se vide progressivement… Mes larmes sont autant de gouttes de ton sang car, la pluie, c’est toi qui me fuis, qui t’écoules et découles de moi. Le soleil nous trouvera exsangues, côte à côte mais séparés par toute l’immensité de l’horizon. J’enfile des perles sur son fil, chaque goutte un maillon, et la pluie, la chaîne qui nous coudra ensemble toi et moi, pour qu’à jamais l’océan et le ciel ne fassent qu’un.

Ce jamais ne durera pas plus loin que l’éclaircie, quand le feu du soleil viendra cautériser mes plaies et que, comme toujours, j’oublierai la cause de ce chagrin.

Cette éclaircie ne durera jamais plus loin que tes colères, quand tu te rebelleras sous mes doigts et que, comme chaque fois, je me souviendrai pourquoi…

Nous pleurerons toi et moi à l’unisson de nos regrets comme nous maudissons ce jeu cruel auquel nous nous forçons. Pour oublier la vie, nous ferons la pluie ; cet unique trait d’union qui crée entre nous la même frontière qu’entre mes rêves et ton tangible. L’eau viendra laver les remords sur mes joues froissées par le temps, emportant avec elle tout ce qui est toi, rivé au fond de moi de si longtemps. Je te pleurerai ; chaque larme sera une expiation de mes fautes que je compterai dans leur multitude. J’effacerai tes douleurs pour revivre les miennes : sous la pluie danseront mes souvenirs.