Un coup de feu claqua au milieu de cris affolés, suivi d’une salve qui se répercuta en échos mourants. Se fiant aux hurlements, Arian remonta la piste effroyable. Des sillons sanglants barbouillaient la stèle qui marquait le chemin du Cirque sacré. Au détour d’un croisement, le sentier se couvrit soudain de cadavres de jeunes Héritiers. Éventrés, décapités, parfois à moitié dépecés, ils gisaient au milieu d’une insoutenable odeur de mort et d’excréments. Plus loin, les acolytes de Baptix du Chanfrein pendaient aux arbres, embrochés comme de vulgaires pièces de boucherie. À leurs pieds traînaient les débris de leurs mousquets, l’odeur de la poudre encore tenace dans la brume qui flottait près du sol. Arian détourna le regard, serrant la corne de Sand cachée sous son gilet.

L’onde sourde d’un pas vibra dans la terre meuble. Elle approchait. Arian ferma les yeux du dernier Héritier, allongé à ses pieds, et se releva pour accueillir son prédateur. Écartant les arbres sur son chemin, précédée d’un grognement sentencieux comme un chant de mise à mort, la silhouette du Bisclaveret masqua le ciel, avalant les étoiles. Ses prunelles plus froides que des étangs gelés, luisirent d’un reflet pâle.