57 - Home Sweet Home

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 Je pianote un rapide message au frérot pour prévenir que je ne rentrerai pas avant de m'engouffrer dans l'appartement de Corentin. Les lumières frétillent et finissent par s'allumer. A peine la porte claque-t-elle qu'il se retourne, me saisit par la taille et me plaque contre le mur. Sans comprendre ce qui m'arrive, je sens son souffle courir sur ma joue, dans mon cou. Ses lèvres m'embrassent avidement. Mes doigts se referment sur son manteau tandis que je tente de reprendre mon souffle. J'ai pourtant prévenu. Mais je suppose qu'on peut redéfinir un peu ce qu'on entend par rien.

 – Corentin...

 Ses lèvres frôlent mon oreille tandis qu'il enfouie sa tête dans mon cou.

 – Je sais. Promis, je saurai m'arrêter.

 Je rigole doucement et enroule mes bras dans son dos.

 – Tu crois ?

 – J'en ai eu envie toute la soirée. Laisse-moi juste te faire un câlin. Tu sais combien c'est dur de te résister ?

 Il relève les yeux vers moi en prononçant ces mots. J'ai l'impression de voir un chiot en manque d'amour.

Et moi ? Comment suis-je censé résister ?

 – Je n'ai pourtant pas l'impression d'être un tortionnaire, m'esclaffé-je en riant.

 – Tu n'as pas idée.

 Ses mains remontent remontent jusqu'à ma poitrine. Je finis par me laisser aller et embrasse ses cheveux. Après tout, j'ai bien le droit de profiter aussi.

Juste un peu.

 – Tu sens bon, lâche-t-il entre deux baisers.

 Sa remarque m'arrache un sourire. Mon estomac se ressert.

 – Ah bon ? Je sens quoi ?

 – La lessive.

Il suffit vraiment de pas grand chose...

 Un frisson remonte le long de mon dos. Je l'attire doucement contre moi et lui caresse les cheveux.

 – Toi aussi tu sens bon.

 Corentin se redresse. Son regard fébrile se noie longuement dans le mien. Du bout des doigts, il effleure ma main de cette même ivresse qui l'habite chaque fois que l'émotion le submerge. Il y a de longues conversations qui se passent de mots. Des sentiments qui n'ont de porte qu'une pupille qui brille du reflet de l'amour. Du dos de sa main, il caresse ma joue :

 – Je pense qu'il vaut mieux qu'on s'arrête là, dit-il en déposant un baiser sur mes lèvres.

 Mon cœur martèle ma poitrine en guise de protestation. Non, on ne peut pas arrêter !

Si, crois-moi, tu ne veux pas regretter...

 Pourquoi il utilise ce shampoing, déjà ? Et pourquoi est-ce qu'on a choisi le soir du nouvel an pour se retrouver seuls chez lui ?

Ton cœur a peut-être envie de lui, mais pas ton cul.

 Tu peux enfin profiter de lui, vous êtes seuls !

Rien, on a dit rien bordel !

 Je ferme les yeux, et dans un sourire entendu, passe sous son bras.

 L'appartement est spacieux, agencé de manière design et sobre, bien plus luxueux que le mien. On se croirait presque dans une suite cinq étoiles d'un hôtel VIP. Mention spéciale à la lumière qui se reflète sur les murs dans un jeu d'ombres éloquent. Peut-être que je pourrais quitter William pour ce brin de confort subsidiaire ?

 – Alors c'est à ça que ressemble le studio de mon petit-ami ?

 Corentin tique en m'entendant prononcer ces mots. Moi-même, je dois avouer que je suis un peu surpris. Il faut croire que je me fais à l'idée.

 – Ta famille est riche ?

 – A ton avis ?

 – Mmmm... Je dirais que oui.

 – Mon père a une entreprise d'import-export. Et ma mère gère les placements en bourse, même si la plupart du temps elle se charge surtout d'organiser des soirées caritatives.

 – Je vois... J'imagine que cet appartement ne leur rend pas vraiment justice, alors.

 Corentin se passe une main derrière la nuque, gêné.

 – Ils ne sont pas comme ça. Disons qu'ils auraient préféré que je prenne plus grand, mais que j'ai insisté. C'est à deux minutes de l'Academia.

 J'affiche une moue amusée. Est-ce que mon petit-ami si parfait n'éprouverait-il pas des difficultés à sortir du lit ?

 – Pourquoi tu ris ?

 – Pour rien... Tu as faim ? demandé-je pour changer de sujet.

 Corentin se glisse dans mon dos et enroule ses bras autour de moi tandis que j'avise l'écran plasma géant qui trône sur le mur du fond. Qu'est-ce que ne donnerait pas Will pour une partie de Play sur...

 – Ca tombe bien, j'ai quelque chose de parfait pour le repas.

 – T'es sérieux ?

 Je me retourne vers lui, surpris à l'idée qu'il ait anticipé la soirée.

 – Rien de ce que tu es en train d'imaginer, désolé de te décevoir.

 Il dépose un baiser dans mon cou avant de se diriger vers la cuisine. Je l'entends s'activer, chercher dans les placards, tandis que j'observe la déco. Mes doigts courent sur le rebord du canapé. Je m'arrête soudain en repérant des photos près de la télé.

 – Ce sont tes parents ?

 – Oui, ma mère et une tante, répond-il en me rejoignant.

 – Et ici...

 Je n'ose pas vraiment poser la question de peur de plomber l'ambiance. Corentin me simplifie les choses :

 – Ma sœur. Mais la photo date un peu. Et là, c'est notre chien, indique-t-il en pointant du doigt la boule de poils blanche qui trône sur le canapé. C'est le spitz de ma mère, ou plutôt devrais-je dire son troisième bébé.

 Il m'ébouriffe alors les cheveux et me présente sa trouvaille.

 – Des ramen ?

 – Oui, mais qui seront servis avec amour.

 Je dois avouer qu'il a l'art de présenter les choses. Il dépose un rapide baiser sur mes lèvres, sur mon nez.

 – Ou si tu préfères, on peut continuer à parler spitz...

Pas vraiment...

 J'ai bien envie de le taquiner.

 – Tu serais étonné du nombre de gens qui en possèdent un...

 Il se redresse, mi-sceptique mi-étonné.

 – Vraiment ? Tu as un chien ?

 – Pas moi, ma mère. Bien que parfois je me demande si ce n'est pas un peu le mien aussi... rétorqué-je en soupirant.

 Corentin lève un sourcil.

 – Sisi je t'assure, un spitz, un très gros spitz. Un peu concon mais plutôt affectueux. Collant, aussi... et têtu. Ah oui, il ne supporte pas d'être sale ! Et il a tendance à n'obéir que quand il l'entend, ajouté-je en faisant mine de réfléchir.

 De plus en plus circonspect, Corentin me dévisage en tentant de percevoir si je me fous de lui.

 – Et il s'appelle... ?

 – Oh tu le connais bien, il squate dans mon appartement depuis deux mois.

 – William ?

 J'explose de rire devant l'expression franchement incrédule de Corentin. Comprenant que je l'ai mené en bateau, il m'attrape soudain par la taille et me balance d'un coup sur le canapé. Je m'affale dans un fracas, et tente de me relever, paniqué. Mais Corentin m'en empêche, l'avant-bras plaqué sur le torse.

 – Max, tu sais que tu mérites d'être puni ?

 Avant que j'ai le temps de protester, il écrase ses lèvres sur les miennes en un baiser aussi langoureux qu'enflammé.

Rien, on a dit rien bordel !


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