Le grand bluff

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Le lendemain matin, nous envoyons les prisonniers dans un centre de détention spécial méchants. Cependant, quelque chose tracasse Marie et Léa. Nous avons fait hyper attention et lors de l'interrogatoire, aucun n'a réagi pour savoir comment ils nous ont trouvés. Ce n'est pas mon odeur ou mes manières d'humaines. Aucun de nous n'a fait d'impair.

Léa a même senti une pointe de sarcasme lors de la réponse de l'un d'entre eux. Léa est persuadée qu'il y a un traître parmi les magiciens, mais nous ignorons qui. Notre planque est découverte. Le frère de Louis, Ludovic, connaît notre position. C'est le sorcier qui est parvenu à s'enfuir. Louis l'a reconnu lors de la bataille. Nous devons urgemment trouver une autre cachette. Ludovic guérira vite de la balle que je lui ai mise dans le bras.

Nous nous séparons pour effectuer un grand nombre de visites immobilières le plus vite possible. J'accompagne Louis pour le repérage d'une vieille bergerie puis d'un phare abandonné. La bergerie est plutôt mignonne et presque confortable. Nous pourrions y vivre de suite s'il n'y avait pas ce chemin de randonnée qui passe à proximité. La bergerie est trop connue comme point de halte dans le monde des humains et nous ne pouvons la cacher aux yeux des humains.

L'ancien phare est désaffecté, sa lumière ne fonctionne plus et il se trouve sur une île loin des passages de bateaux. Même les humains locaux ne savent pas trop où il se trouve. Les pêcheurs évitent la zone trop rocheuse pour leurs filets. L'île et ses fonds marins sont une quasi réserve naturelle où seules les otaries et les mouettes accostent. Il y a une maison d'une taille raisonnable accolé, qui pourrait nous héberger en se serrant un peu. Par contre, il y fait super froid et le bâtiment menace de s'écrouler. Plus paumé que ça, tu meurs. C'est idéal pour nous.

J'ai des tonnes d'idées pour rendre ce lieu glauque plus chaleureux. La priorité est de réparer les murs afin de se mettre à l'abri du vent glacial qui sévit dans le coin. Pour le chauffage, ce n'est pas un souci. La maison comporte une immense cheminée et la petite île est pourvue d'arbres et aussi de déchets végétaux provenant des alentours. Au pire, avec un petit navire, on peut se ravitailler en bois de chauffage en même temps que les achats de nourriture.

Je taquine Louis en proposant de peindre sa chambre en rose bonbon et d'autres couleurs flashy girlys que je réprouve au fond de moi. Tout est bon pour casser les pieds et faire perdre son calme à ce flegmatique Louis. Je teste plusieurs sujets de vannes pourries. Mon ami commence à me connaître et supporte mes tentatives de bagarres en riant. Il sait que j'aime emmerder les gens. C'est mon but ultime dans la vie. Faire chier le monde !

Après Mushu, Louis est ma cible prioritaire. Il répond toujours quand je pose une question, y compris quand je fais clairement exprès de dire des bêtises. Il a ce côté papa poule envers tout le monde et moi, je suis en pleine crise d'adolescente version contestataire et révolutionnaire. Quoi qu'il dise, je ne suis pas d'accord. C'est un principe de base. Louis tente de comprendre mon raisonnement. Je l'ai tué hier en lui balançant un excellent :

- De toute façon, tu peux paaas comprendreeee ! T'es trop vieux !

J'ai si bien imité l'ado incomprise que tout le monde s'est pissé dessus de rire. Je suis une emmerdeuse et fière de l'être. Le pire dans tout ça, c'est que c'est ma chiantise qui me rend si attachante à leurs yeux. Je suis une bouffée d'air frais, qui conteste leurs règles ancestrales et permet ainsi quelques transgressions sans culpabiliser comme passer la Saint-Valentin en amoureux.

En rentrant, Louis et moi discutons joyeusement à propos des livres que j'ai achetés et de mes références culturels mangas. Nous sommes en train de nous moquer de Mushu, mais aussi de toute la bande. Inès avec ses pouvoirs de givre est surnommée Elsa et Marie avec son coté sexy Jessica. Pour une grande rousse sulfureuse, c'est idéal et en plus, je peux m'amuser à appeler Louis du nom de Roger pour le faire dérider un peu.

Mes enfantillages aident Louis à se détendre. Il est le chef du groupe et donc celui sur qui toutes les responsabilités reposent. Il prend son rôle très à cœur et fait tout ce qu'il peut pour nous protéger et nous éviter les ennuis. Je sais qu'il s'en veut. Son frère étant le leader de l'attaque, Louis est persuadé que cela est de sa faute. Si le traître est bien un magicien, c'est lui a voulu faire venir des anciens pour comprendre le lien entre Léa et moi, en s'opposant à Marie et Arthur qui voulaient rester cachés, y compris des magiciens. Louis culpabilise.

Mes âneries lui permettent de voir que je ne lui en veut pas et qu'il est toujours à mes yeux mon ami et cette figure paternelle auquel je m'oppose en tant d'adolescente chieuse. Mes références culturelles aussi variées que pourries le divertissent au plus haut point. Surtout quand il ne la connait pas et que je lui explique. En tout cas, il aime son nouveau surnom de Roger. Il s'apprête à répondre à mes taquineries puériles quand il est violemment percuté par une batte de base-ball.

Mon ami gît à terre inconscient. Je me retrouve face à trois types affreusement pâles. L'un d'eux, le plus grand qui tient la batte, s'approche de moi et à son nez large et surtout son grain de beauté sous l'œil, je reconnais le jumeau de Louis. Il nous a retrouvé. Il sniffe pour me faire comprendre que c'est mon odeur qu'il a pisté. Mon cerveau bouillonne pour trouver une réaction adéquate.

L'homme tente de me saisir par le cou, mais j'esquive. J'envoie un appel à l'aide mental à Léa et je garde le contact pour qu'elle voie et entende tout ce qui se passe. Il va falloir que je gagne du temps pour que les autres arrivent. Je dois occuper les trois sorciers, les empêcher de faire plus de mal à Louis et de me tuer.

- Tu pues l'humaine, me crache Ludovic.

- Normal, je viens d'en bouffer un et ton frangin me conduisait à Azkanban, rétorquais-je.

- Non. Je te reconnais. T'es l'humaine de leur groupe. Comment t'as fait pour résister à la congélation ?

- Qui te dit que je suis humaine ? Ton informateur ? Et si j'étais une infiltrée et que tu faisais foirer ma couverture ? Il en dirait quoi, Erwan ? Et le Big boss Matthieu ? Ouais qui te dit que je ne travaille pas pour eux ?

En citant les noms des deux mégas méchants, je le déstabilise un peu. Il hésite puisqu'une humaine ne devrait pas être en possession de ce genre d'informations. Mon attitude agressive et non-peureuse le perturbe d'autant plus. Je suis terrorisée intérieurement, mais je dois tenter un coup de bluff pour pouvoir sauver mon cul et celui de Louis. Alors, je risque le tout pour le tout sur mes talents de comédiennes et mes tendances sadiques naturelles.

Je me rapproche de Ludovic avec un regard que j'espère de tueuse ou le moins humain possible. Je me griffe le poignet avec mes ongles acérés pour faire perler une goutte de sang sans que mon visage ne trahisse la moindre douleur ou émotion. Quand le sang perle à grosses gouttes, je le lèche comme s'il s'agissait de glace vanille et je suce mes ongles en minant un plaisir dérangeant. Je me fais auto-flipper en jouant la scène avec conviction.

- Ça aime le sang les humains ? Moi, je crois que ça pleurerais comme une fillette pour un petit bobo pareil. J'en ai maté des plus coriaces que toi, tu sais. T'as quoi? Dans les trois cent cinquante ans ? Gamin prétentieux. Je suis sur un cas particulièrement difficile en ce moment de petit garçon mal élevé dont les flammèches vont bientôt subir le sort que je te réserve dans quelques secondes.

Je plonge mon regard dans l'homme en face de moi. Il est clairement en proie à de multiples questionnements intérieurs. Je n'agis pas comme l'humaine que je suis censée être. Et mon excuse d'agent sorcier infiltré sous un sort de dissimulation est crédible si on pense que les sbires de Matthieu et d'Erwan sont des sorciers d'au moins trois cent cinquante ans aguerris.

J'obtiens aussi une information importante. Il a murmuré Mickaël dans sa barbe. Il connaît donc Mushu et il n'a pas semblé surpris dans j'ai évoqué ma mésentente. Léa a raison, quelqu'un nous a trahi et lui a fourni des renseignements sur notre emplacement et sur le fonctionnement de notre groupe. Je veux savoir jusqu'où ses connaissances sur nous vont.

Quitte à mentir, autant y aller à fond et jouer mon personnage mentalement dérangé en total improvisation. Je vais les interroger en faisant semblant d'avoir déjà les réponses. prêcher le feux pour savoir le vrai. Brouiller les pistes pour que mes agresseurs doutent et hésitent le temps nécessaire pour l'arrivée des secours.

- Alors abruti ? Ton indic t'a parlé de moi ? Il t'a dit quoi ? Que j'étais une pauvre petite humaine sans défense ? Tu crois ton frangin assez stupide pour s'encombrer d'un tel boulet ?

- Louis est un sentimental. Il te garde pour que la jeune destinée de Gaétan ne déprime pas et ton seul pouvoir, c'est de parler avec elle mentalement à cause d'une goutte de sang échangée quand t'étais gamine. Il t'a acceptée uniquement pour que tu arrêtes de les suivre.

- Tu crois ? Ça, c'est la version officielle. Tu crois qu'une saleté d'humaine a pu résister au pouvoir de Marie juste avec une goutte de sang ? La vérité, c'est que Gaëtan n'a pas trouvé une, mais deux magiciennes. Du moins, c'est ce que Louis croît, comme il pense que je suis poursuivie par un vilain méchant et qu'il me protège en dissimulant ma vraie nature.

Quand Marie a effacé la mémoire de la fille, j'ai retrouvé ce déchet d'humaine et j'ai pris possession de son apparence après l'avoir buté. Pour intégrer le groupe en me faisant passer pour un bébé magicienne. Je suis chargée de pervertir ces magiciens. Et toi, tu bousilles ma couverture. Cette connasse de Léa et l'autre con qui a le feu aux fesses sont presque prêts à rejoindre les rangs de Matthieu. Tu es en train de tout foutre en l'air juste pour emmerder ton frangin.

C'est l'heure du coup de grâce. Je me rapproche encore un peu et lui griffe le cou avec mes ongles acérés pour qu'il saigne. Je vois à ses narines dilatées qu'il doute de mon côté humaine. Moi, c'est de ma santé mentale. Je lui ai clairement fait mal. Volontairement. Ce que je fais est complètement suicidaire. Si il se rend compte que je bluffe et que je n'ai aucun pouvoir sauf celui de l'imagination, je suis morte et Louis aussi.

Je saisis alors son entrejambe dans ma main et je serre de toutes mes forces puis tourne mon poignet pour lui causer une violente douleur dans cette zone masculine si sensible. Je me rends compte qu'une partie de moi savoure ce moment de puissance et de contrôle. J'aime lui faire mal, je venge Louis avec mes propres moyens. Sa douleur est si forte qu'il lâche sa batte et se retient de hurler. Il grimace et les deux autres sont statufiés de peur, ne sachant pas quoi faire.

Je serre de plus en plus fort. J'enfonce mes ongles acérés dans son pantalon léger. Si il avait eu un jean, il aurait été protégé mais là, j'ai accès à la zone sensible facilement. Je le fais pleurer en restant en apparence d'un calme olympien. J'ai envie de me pisser dessus mais je dois tenir. Encore un peu, juste un peu. Il faut qu'ils restent tous les trois pétrifiés de peur et incapables de réagir. Je dois rester crédible. Pour Louis et pour ma propre vie.

- Alors ? Dis-moi... Regarde-moi bien, droit dans les yeux. Vois-tu une once de compassion dans mes yeux ou plutôt du plaisir en effectuant ce doux geste ? Tu n'imagines même pas à quel point, je savoure ta douleur connard. Réfléchis. Que dirait Erwan si tu l'empêchais de mettre la main sur une de ses proies ? Ça fait mal ? Pauvre chou. Je te plaindrais presque si j'étais capable de compassion. T'as de la chance. Je suis un enfant de cœur face à Erwan ou Matthieu. Alors, tu choisis quoi ?Tu te casses rapido ou j'appelle le Big boss ?

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