Ma plus tendre enfance

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 Je suis né le 27 novembre 2127 dans la ville de Kruitchif, une petite ville au nord-est du pays de Rutopio. La maternité dans laquelle j'ai passé les premières minutes de ma vie était incroyable! Les murs à l'intérieur étaient aussi blancs que le liquide amniotique dans lequel j'avais fait trempette les 9 derniers mois mais les murs extérieurs étaient noirs comme du charbon !

Mais pour le nouveau-né que j'étais, la chose la plus belle était ma mère.

C'était une bien jolie femme aux yeux bleus océans mais une étoile marron-noisette s'était formée au centre, autour de sa pupille. Ses cheveux mi-longs, tombant sur ses épaules avec légèreté, semblaient être de feu, comme un feu de camp, doux et apaisant, autour duquel on se raconte des histoires et on mange des chamallows. Ma mère avait un sourire encore plus resplendissant que sa chevelure et un petit nez par-dessus lequel un tapis de tâches de rousseur y avait été délicatement déposé. Quant à son tempérament, il allait de paire avec sa chevelure : toujours positive mais hyperénergique, pensant toujours avoir raison, allant toujours de l'avant, sans peur ni crainte... bref, un vrai tempérament de feu ! On dit que je tiens d'elle son fort caractère !

Mais d'après beaucoup de personnes, je ressemblait physiquement plus à mon père qu'à ma mère. Il avait des yeux aussi noirs que la nuit et ses cheveux blancs comme la neige semblaient refléter un homme pure et sage. Il semblait avoir toujours la tête haute mais devant ma mère, il se transformait en docile agneau. C'était plus un intellectuel qui réfléchissait toujours avant d'agir.

Au bout de 5 jours, moi et ma mère avons quitté l'hôpital pour aller rejoindre mon père dans ce qui allait être la maison de mon enfance, enfin si on pouvait appeler ça une maison...

C'était plutôt un appartement composé d'une petite chambre, d'une fusion d'un salon et d'une cuisine, et d'une salle de bain dans laquelle tronait des toilettes à côté d'un lavabo et d'une cabine de douche aux rideaux à moitié déchirés. Ils m'avaient acheté pour dormir un petit couffin vert et violet, avec 3 ou 4 petits trous par-ci par-là, que revendait une grand-mère lors d'une brocante. Le couffin fût installé sur le lit de mes parents, entre l'oreiller de mon père et le traversin de ma mère. Ainsi, lorsque je me mettais à anéantir les oreilles de mes parents avec mes pleurs en pleine nuit, ils pouvaient agir avec rapidité et efficacité. Dans le salon, ils m'avaient installés entre le canapé et la télé un tapis de jeu avec pleins de jouets pour bambins. Petit inconvéniant : ils ne pouvaient plus allonger leurs longues jambes d'adultes !

Comme tous les autres bébés, mes parents m'apprirent à manger tout seul, à parler et à marcher. J'ai fait mes premiers pas dans le square à côté de chez moi. C'est-à-dire qu'avec une maison aussi petite, on y restait que pour manger, dormir ou s'abriter de la pluie, pas pour y faire un marathon ! Ma mère travaillant le plus dans la famille, c'est mon père qui m'amenait à l'école. Chaque mardi, il me levait plus tôt que d'habitude et il achetait un croissant pour lui et un pain au chocolat pour moi. Pourquoi le mardi? Parce qu'il y avait une promotion de 50% sur les viennoiseries justement !

Sinon, l'un des souvenirs qui datent le plus, c'était quand j'avais 3ans. Mes parents m'avaient amené à la foire organisée à l'occasion de la fête des masques. Pendant cette fête qui dure vingt-quatre heures, tous les habitants cachent leurs visages avec un masque coloré. Généralement les enfants portent des masques de couleurs froides et les adultes des masques de couleurs chaudes. Cette fête a pour but de masquer les distinctions entre les classes sociales, et même entre chaque individu. Pendant cette fête, tout le monde est égal et donc les prix des foires sont accessibles même aux plus démunis. Enfin bref, donc mes parents m'ont amené à la foire installée en centre-ville, sur le vieux stade d'athlétisme délabré, qui ne sert plus qu'aux fêtes. J'ai découvert ce qu'était un tour de manège, la pêche-aux-canards et j'ai même fais un tour en fusée grâce aux cabines de réalité virtuelle. Mon père était connecté avec moi, c'était plus rassurant ! De retour chez nous, mon père a fait des pancakes et ma mère préparait la limonade quant à moi je mettais le table sur un bureau que ma mère avait trouvé dans la rue et retapé en table-à-manger.

C'était pas une vie de riche, ni celle d'un citoyen moyen. C'était une vie de pauvre mais je l'aimais bien.

Mais plus ou moins deux mois après la journée de la fête des masques passée à la foire, je fûs réveillé en sursaut au milieu de la nuit. Il devait être dans les environs de 23h. Ma mère hurlait sur mon père et, ce qui est étonnant, c'est que mon père hurlait aussi sur ma mère. L'enguelade dura un quart d'heure, un vrai supplice pour mes jeunes oreilles, avant que la porte se claque brusquement. Le lendemain, quelle ne fût pas ma surprise lorque se fût ma mère qui m'emmena à l'école ! Ce n'est que lors du diner que je commença à m'inquiéter. "Il est où Papa, Maman ? " lui demanda le petit garçon que j'étais et elle me répondit "il est parti". Mais voyant mon visage d'ordinaire joyeux se transformer en visage tristoune, elle enchaina "il a trouvé du bouleau loin d'ici mais il va revenir". Tel le naïf que j'étais, je crûs à son mensonge sans l'ombre d'un doute.

Enfin au final ce n'étais pas totalement un mensonge puisque le jour de mes quatre ans et demi, il revint à la maison. Pendant cette année passée sans le voir une seule fois ni sans aucune lettre, e-mail, coup de téléphone ni aucune autre forme de contact, j'ai vécu seul avec ma mère. Elle travaillait beaucoup plus que d'habitude et j'étais souvent obligé de dormir chez Victor, un de mes camarades de classe qui habitait dans l'immeuble d'en face. La vie était encore moins facile qu'avant mais l'espoir du retour de mon père me soutenait. Enfin, j'allais pas tarder à regretter d'avoir espérer son retour au moment où il rentra à la maison.

Ma mère était partie chercher le courrier en me laissant seul trois minutes. Quand je l'ai vu rentrée, elle était en souffle et paniquée. C'était la toute première fois que je voyais cette femme au tempéremment de feu s'affollée ainsi. "Caches-toi Ryan ! " m'ordonna-t-elle. "Mais il est devenu complètement fou ! " s'est-elle exclamée en essayant de fermer la porte à clé malgré son corps qui tremblait comme une feuille à cause de la panique. Je me suis caché sous l'évier de la cuisine-salon.

Elle appela la police mais eût à peine le temps de dire notre adresse que quelqu'un défonça la porte. Dans un trou de la porte du placard dans lequel j'étais caché, je vis la tête de mon père ! Il tenait à la main un pistolet comme ceux que portaient les policiers du XXI° siècle. Il cria "Où est cet enfant ! Où est cet enfant qui n'est pas le mien !!! " Il tira un coup qui partit dans le canapé mais fût projetté en arrière à cause du recul provoqué par le tire. Ma mère en profita alors pour attraper un couteau de cuisine et je la vis enfoncer la lame dans l'abdommen de mon père. Voyant cette scène atroce, je ne pût m'empêcher de laisser un cri s'échapper. Mon père, voyant sa fin arrivée, vit l'occasion de me faire plonger avec lui dans la mort de tira dans ma direction. Je fermai les yeux, comme pour essayer de revenir à la réalité mais lorsque je rouvris les yeux, je voulus voir ce qu'il se passait par le trou de la porte du placard mais je ne pouvais rien voir car des cheveux roux et rouge écarlates cachait ma vue. J'entendis alors ce qui allais être les dernières paroles de ma mère : ''Vis ta vie librement, je t'aime ! ''. Puis les pleurs d'un enfant en larmes envahissèrent l'appartement et résonnaient jusqu'à l'autre bout de l'immeuble.

Dans les cinq minutes qui suivirent, un cortège de voitures aux sirènes hurlantes arrivèrent et des hommes armés envahirent la maison de mon enfance. Puis deux hommes en costard-cravate montrèrent des plaques de policier, c'était les inspecteurs chargés du meurtre. Ils dégagèrent le corps de ma mère et me sortirent de ma cachette avant de m'emmener dehors, auprès des pompiers. Les pleurs s'étaient arrêtés. Totalement sous le choc, je ressemblais plus à un zombie qu'à un vivant. Puis une dame des services de protection de l'enfance est venu me voir, m'a donné un bonbon à la fraise et m'a expliqué ce qu'il allait arriver pour moi...

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