212 - libération

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La nuit tombe au bord de la piscine et on écoute toutes tranquillement Eli qui joue de la basse, accompagné d’une boîte à musique. Un rythme lent et doux. Jess se redresse de son transat et commence à fredonner puis à chanter :

  • Empty pockets don't ever make the grade, Mama may have, Papa may have, but God bless the child that's got his own, that's got his own.

Eli s’arrête de jouer, surpris par la beauté de la voix de sa sœur. Nous aussi. Édith se lève pour aller lui faire un câlin. On la suit. Eli se joint aussi à nous. On est toutes autour d’elle à faire un gros hug familial. Elle est formidable. Le lendemain matin on prépare le petit-déjeuner avec Lily quand elle débarque dans la cuisine pour nous dire :

  • Ça y est, cette chanson m’a libérée, elle est partie, elle me sait heureuse avec une autre famille et deux autres mamans.

On se regarde avec Lily, on la regarde et on se refait une étreinte, à trois. Jessie et ses deux nouvelles mamans. Lily pose sont front contre le mien et inspire pour retenir son émotion.

  • Paloma, on va courir ?

Les épaules m’en tombent. Je pensais qu’on était passées à autre chose. Mais non. Alors nous voilà sur la plage à descendre vers l’océan.

  • Jess, s’il te plaît, pas par là.
  • Allez Paloma, il faut affronter tes peurs.
  • Non Jessie. J’ai pas envie de me confronter à ce passé là. C’est trop dur. J’ai pas la force. Et elles sont tellement puissantes.
  • Je suis avec toi, tu n’as rien à craindre.
  • Ce serait de la provocation. Je ne veux rien déclencher de nouveau avec elles. Je n’ai rien à résoudre non plus. Rien à prouver. Juste oublier. Même si tout est écrit pour toujours et à jamais dans l’annexe 3 de la B4. Rien que de redire ce titre, j’en ai la nausée, pitié, Jessie.

Et mes jambes me lâchent. Je m’écroule sur le sable. Elle s’agenouille.

  • Pardon, pardon, pardon Paloma.

Elle me prend le visage et me fait un gros bisou sur la bouche. Je ferme les yeux. Je ressens son émotion. On se relève. Et on part dans l’autre direction. On se sauve même. Vers l’Est. À la fin de notre course, on revient par la route et on s’arrête chez moi, au centre-ville, près de l’école. On se rafraîchit sur la terrasse avec de l’eau gazeuse sucrée et on passe sous la douche où je lave son petit corps contre le mien, sans arrières pensées aucunes avant de se sécher et de se brosser les cheveux.

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