207 - trauma

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Troisième jour de vacances à l’Océan de Laguna Beach, maison 48. J’ai installé le jeu d’échecs sur une petite table à l’ombre et au vent. Quand ce n’est plus à elle de jouer, elle parle.

  • Tu sais, Paloma, je vais bien en fait. Et je suis très heureuse chez Lily avec Édith. On s’amuse bien. C’est plutôt agréable.
  • Plutôt ? Je te trouve plutôt mélancolique parfois, tu as les yeux brillants, mi-clos, dans le vide et ton visage est triste. C’est juste de la profondeur d’âme ou bien ? Qu’est ce qu’il y a, Jessie ?

Et je joue. Pour qu’elle ne réponde pas tout de suite. Elle réfléchit, penche la tête pour en faire ressortir une idée et puis elle avance un pion. C’est une action faible. Elle est peut-être disposée à parler.

  • À ton niveau, dans ta position, je penserais que tu serais au courant, surtout toi. Mais apparemment, tu n’en n’as pas l’air. C’est plutôt bien. En fait, je devrais être avec ma mère. Mais ce n’est pas possible. Elle ne s’est pas séparée de William. Elle est partie. Définitivement. My mom.

Et elle pleure, je me lève et elle se jette dans mes bras pour sangloter. Elle se calme, vite, et se remet à sa place, impassible. Moi aussi, je joue pour la laisser le temps de récupérer. Elle essuie les dernières larmes sur ses joues et bouge son fou pour me prendre un pion avant d’avouer :

  • Chevalière de l’Apocalypse. Dans le Sud, près de la Principauté. Tu avais envoyée tes nones enquêter là-bas. Mais ça va aller tu sais. J’ai accepté.

Elle inspire et elle expire. Je regarde le jeu d’échecs. Je n’ai plus envie de jouer. Je préfère parler.

  • Je suppose que Lily est au courant. Mais pas Jules. Édith ?
  • Oui. On a fait la paix, on est devenues proches et elle sentait que je vivais un drame alors je lui ai raconté. Depuis, elle essaie de me consoler, à sa façon, elle est gentille Édith, c’est bien la fille de sa mère.

On regarde le jeu, en silence. J’essaie de tout intégrer, sa douleur, son désarroi, mais j’ai du mal. C’est un peu un choc pour moi aussi. Je me lève et je lui tend la main.

  • Viens, on va préparer une orangeade.

On s’affaire en cuisine en se donnant les instructions puis tout d’un coup elle freeze, avec le couteau qu’elle regarde dans sa main. Je lui caresse et elle le lâche. Elle me regarde et je claque des doigts. Elle ouvre la bouche :

  • Ça fait du bien, c’est comme si je respirais à nouveau.
  • Quand je suis à l’Ouest, mes pouvoirs me reviennent.

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