177 - en scène

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Elle marche doucement autour de moi, pieds nus, elle m’effleure, je la suis du regard, je tourne avec elle et j’attends mon tour pour la réplique. Elle ne me parle pas directement, pas tout de suite. Elle décrit d’abord tout ce qu’elle fait, comme une narratrice, à voix haute et à corps découvert, presque nue, comme moi. Et elle :

  • Je suis comme en orbite, autour d’elle. Elle m’attire mais je suis trop loin. Alors je tombe, autour d’elle – Sors de ma trajectoire, tu me dévies de ma route, et tu me retardes. Je n’ai pas toute l’éternité. Je suis pressée.
  • J’étais seule dans le vide et maintenant je danse, avec quelqu’une. Pourquoi elle a foncée sur moi ? – Tu n’as pas le sens, de la trajectoire. Il faut mieux viser la prochaine fois. Par ma présence je te condamne, à perpétuité.

Nuit. Puis toutes les lumières de la scène s’allument et les spectateurs rompent le silence, ils applaudissent. Nous, on est encore dans nos personnages, il nous faut un petit bisou pour sortir de notre danse et on se prend la main pour saluer, et rire avant de descendre se détendre devant une boisson chaude et redevenir spectateur pour admirer les suivants dans la chaleur de ce café littéraire magique alors que dehors il fait froid, il fait nuit et il pleut. On s’amuse bien. C’est stimulant. Intellectuellement. Physiquement. Je la sens en disposition pour faire l’amour cette nuit. Je la regarde rire face à la comique sur scène. Maintenant qu’elle a du bonheur en elle, sa joie peut s’exprimer. Je regarde ce qu’elle regarde et je ris aussi. Elle ne rit plus, elle me regarde. Alors je la regarde aussi. Ses yeux doux brillent d’amour, d’envie, de vie. Les miens aussi je suppose. On s’aime. Le spectacle est fini. On remet nos bottes, nos manteaux et nos bonnets pour affronter l’extérieur hostile. Je m’accroche à elle. Le trottoir est gelé. On expire de la fumée tellement il fait froid. Elle me pousse, elle rigole. Et puis elle s’accroche à moi.

  • Ça te manque, toutes les cochonneries, que tu faisais avant.
  • J’en ai plus qu’abusées. Je ne pensais pas décrocher un jour à ce point.
  • Je ne peux pas te satisfaire Paloma, je ne suis pas prête.
  • J’espère bien. C’est comme tu es que je t’aime Marylène. Il n’y a pas de chemin à suivre. Reste comme tu es, ça me convient parfaitement. Mon plus grand bonheur, c’est juste d’être avec toi. Tu es la première à ne pas me regarder comme si j’étais une grosse salope.

Elle rit aux éclats. Mais c’est vrai, je suis sincère. Et juste pour ça, j’en ai rien à foutre du reste ou de quoi que ce soit, tant que je l’ai dans mes bras.

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