Après de longues imaginations, je finis par trouver le courage d'ouvrir cette lettre. Toujours la boule au ventre, j'ai peur que ce que je découvre ne soit pas aussi parfait que dans mes pensées. Si elle me disait qu'elle ne voulait pas me revoir, que je suis un monstre, « non! ça lui a brisé le cœur de me laisser », pensais-je pour me convaincre que tout irait bien.

Un magnifique petit papier rose se trouvait à l'intérieur, on pouvait voir une écriture fluide, aussi propre que ce que j'ai lu au-devant de la lettre, toujours écrit à la plume, rendant les choses encore plus magiques. Je me demandais alors si elle venait d'une famille aisée, cette écriture me disait qu'elle avait sûrement eu une bonne éducation.

Je me mis alors à lire lentement comme si je savourais chaque mot :

« à ma chère enfant Maevie,

Si tu lis cette lettre c'est que je n'ai pas pu revenir te chercher, et que tu as aujourd'hui 16 ans alors bon anniversaire mon cœur. Je suis sûre que tu es devenue une magnifique femme forte, aimante et joyeuse, tout comme cette femme qui a accepté de te recueillir alors qu'elle ne nous connaissait pas.

Je ne la remercierai jamais assez de t'avoir élevé à ma place, de t'avoir aidé à grandir, alors tu le ferras pour moi, tu lui diras merci pour moi.

Ma tendre fille, si tu savais à quel point je suis triste de devoir te laisser ici, mais tu seras bien plus en sécurité, tu pourras grandir dans un environnement bien plus tranquille.

Je suis désolé de ne pas avoir été là pour tes premiers pas, pour tes premiers mots et pour ton premier jour d'école, mais je suis encore plus désolé de ne pas avoir été là pour te réconforter quand tu pleurais, de ne pas t'avoir fait sourire quand tu en avais besoin, de ne pas avoir pu te soutenir dans tous les choix difficiles que tu as dû prendre jusqu'à maintenant.

Je suis désolé de ne pas avoir été là ces 16 dernières années pour toi.

Mais je veux que tu saches que je t'aime plus que tout, tu es mon enfant et ça c'est le sentiment le plus fort que j'ai pu ressentir jusqu'à maintenant, je t'aime Maevie ma petite fille que je serre tendrement dans mes bras tout en écrivant ces mots.

J'espère que nous pourrons nous revoir un jour que je pourrais de nouveau te serrer dans mes bras, que tu pourras me raconter encore et encore tout ce que j'ai manqué, à tel point que j'aurais l'impression de les avoir vécues avec toi.

Alors ce n'est pas un « adieu » ou un « au revoir » mais plutôt un « à bientôt » car je sais que je te rêverais, peu importe où tu seras et où je serais, je te retrouverais mon petit ange.

Je t'aime,

ta maman Katerina »

A la fin de la lettre je dus deviner la moitié des mots, je ne voyais presque plus rien pour cause, mes larmes ne cessaient de couler. C'était bien plus que je ne l'avais imaginé, "ma mère m'aime! elle m'avait serré contre elle, même si je ne peux pas m'en souvenir, maintenant je sais qu'un jour j'ai été dans les bras chaleureux de ma mère".

Je remis vite la lettre dans l'enveloppe par peur de la tremper avec mes larmes et d'effacer l'encre qui dessinait ces mots, ces mots qui me réchauffaient le cœur. C'est au milieu de ces effusions de larmes et au pied de cet arbre que j'ai pris ma première décision qui a bouleversé ma vie.

Je n'étais sûr de rien, toutes mes croyances avaient été bouleversées par une simple lettre. Ce que j'avais imaginé de pire avaient été effacé pour laisser place à un rêve que j'avais fait si souvent, le rêve de ressentir l'amour de mes parents, oui c'était un rêve éveillé. Malgré toutes mes questions, toutes mes incertitudes j'étais sûr d'une chose, une décision qui se désignais d'elle-même à mon esprit chamboulé, comme une évidence.

Je voulais retrouver ma mère à tout prix, car au fond de moi j'étais persuadée qu'elle était en vie quelque part, peut-être encore en fuite, mais je sais qu'elle tiendrait sa promesse, j'en étais persuadée.

       Je veux revoir ma mère.