Lui

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En retournant à sa cabine, le jeune homme avait eu l’émergence d’un souvenir dans son esprit, ce qui le faisait légèrement sourire. Son cousin était un idiot, non pas à cause de Rina, mais qui pouvait être aussi tordu que lui ? Il l’aimait moyennement, il avait toujours été à ses côtés donc c’était devenu une habitude mais pourtant il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il exagérait grandement sur ce qu’il prétendait ressentir.

Le soleil se couchait à peine sur le domaine des Siinop, le temps orageux amenait de multiples nuages ce qui rendait le ciel ombragé. Un homme semblable à un véritable lion en cage faisait les cent pas dans son immense chambre. Que se passait-il ?

- Ne veux-tu pas te calmer voyons ? Ce n’est pas comme si elle était morte hein. Elle n’est partie que depuis peu de temps.

Une voix s’exprimait contre l'embrasure de la porte d’entrée, qui était-il ? L’obscurité masquait une partie de son visage, tout ce que l’on pouvait voir c’était une mèche de longs cheveux blond attachés par un ruban noir dans son dos. L’homme était très grand et semblait avoir une musculature bien définie, ce qui le rendait particulièrement effrayant. L’homme qui ne cessait de marcher avait plaqué ses mains sur ses oreilles à peine avait-il prononcé ses mots.

- Ne parle pas de malheur Théo ! C’est bien trop !

- Tu ne voulais pas la tuer cette gamine d’ailleurs ?

- Je l’aime !

- Et ? Tu échafaudes des milliers de plans pour la tuer à chaque occasion, je ne sais pas si on peut appeler ça de l’amour mais bon.

Il haussa les épaules d’un air désinvolte, comme si la situation le dépassait complètement, il n’arriverait jamais à voir sa vision des choses.

- Je l’aime au point de la débarrasser de son maléfice en la sacrifiant pour ça, elle sait que je fais ça pour son bien.

Un ricanement se mit à raisonner dans la pièce, un nuage dégagea la lune naissante pour laisser entrevoir un sourire mesquin sur le visage du mystérieux personnage de la porte. Le reste de son visage restait dissimulé et seul le lion connaissait l’intégralité de son minois, pour le moment.

- En a-t-elle vraiment connaissance ? Tu es absolument fou à lier Kiz, sérieux, tu penses réellement que c’est prouver ton amour ? Tu penses qu’elle a conscience que son fiancé veuille la tuer pour son bien ? À force de l’espionner pour ton compte j’ai l’impression que tu ne la connais même pas, ça se voit qu’elle pourrait crever pour toi. Pour lui montrer que tu l'aimes tu pourrais être plus sympathique déjà pour commencer ?

L’intéressé s’arrêta dans sa marche pour lui lancer un regard glacial, l’homme vers la porte ne semblait pas s’en soucier mais il ne répliqua seulement en croisant les bras sur sa poitrine en attendant une réponse avec un minimum de sens.

- Depuis quand est-ce que tu es de son côté Théobald ?

Quand il mettait un point d’honneur à l’appeler par son nom entier et non par son surnom, ça signifiait qu’il commençait à s’énerver sérieusement.

- Depuis que je vois que tu pars en vrille Kizune. Tu l’aimes ok, il faut la tuer ok. Mais normalement les deux ne vont pas ensemble. Tu ne tues pas par amour, bien au contraire. Habituellement, tu évites cela à tout prix, tu trouves des solutions. Je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions possibles.

- Je ne te savais pas si sentimental cousin.

- Apparemment si. Si tu l'assassines, ça ne prouvera pas ton amour et qui plus est, tu la perdras. Certes, elle est dangereuse mais ça ne montre pas que tu l’aimes bien, au contraire. Tu ne pourras pas la récupérer après, ce n’est pas un jeu.

- Tu as dit qu’elle pourrait mourir pour moi et tu ne sais pas de quoi tu parles. Elle est exquise, elle mérite de mourir pour rendre grâce au peuple qui a peur d’elle. Je suis persuadé qu’elle est d’accord avec moi.

- Tu crois ? Pourquoi serait-elle partie si c’était le cas ? Si elle devait mourir, elle s’y résignerait.

- Je n’en sais fichtrement rien, tout ce que je sais c’est que je suis persuadé de ce que je ressens.

Celui qui semblait s’appeler Théobald soupira tandis qu’une énième ombre passa devant l’astre lunaire pour dissimuler encore plus qui il était. Il passa une main dans sa longue chevelure avant de planter ses yeux dans le regard froid de son cousin.

- Ok, j’irais, mais tu as intérêt à me fournir une nouvelle identité et à prendre soin de ma propre famille.

- Elle ne te connait pas je te signale et ils ne peuvent pas se gérer seuls ?

- Et ? Je ne tiens pas à me faire repérer là-bas et à attirer des ennuis ici. Je te rappelle que Jane sera seule avec Jimmy, il n’a que cinq ans donc non, elle aura besoin de toi.

- C’est pour l’entreprise familiale que tu te fais du souci ?

- Ce n’est pas logique ? On dirige une partie de la finance de ce pays, si je vais là-bas et qu’on me reconnaît on risque gros et tu le sais. Je ne tiens pas non plus à ce que ma femme soit morte d’inquiétude pour rien.

- Que vas-tu lui dire ?

- Que je pars en voyage d’affaire, je l’aime alors je ne souhaite pas l’inquiéter.

L’homme avait insisté sur ses sentiments ce qui n'échappait pas au lion qui lui adressa un regard monstrueux, il savait qu’il voulait lui montrer une vision de l’amour qui était différent de la sienne.

- D’accord, je ferai ce qu’il faut.

- Parfait, si tu permets je vais me retirer.

- D’accord, salut Jane et le petit de ma part, veux-tu ?

- Pas de problème, bonsoir cousin.

- Bonsoir.

Alors que l’un quitta la pièce sans bruit, l’autre s’asseyait sans la moindre grâce. Son cousin, Théobald de Sudeig lui sortait parfois par les yeux, mais ils étaient précieux l’un pour l’autre. C’était un homme effrayant et consciencieux mais loyal et affectueux. Kizune n’avait pas le choix, s’il voulait que son plan soit mené à bien, il devait lui faire confiance et prendre soin de Jane. En soit, il n’avait rien contre elle, il l’aimait même plutôt bien tout comme le petit Jimmy, mais il ne savait jamais comment réagir face à eux, ce qui le mettait plutôt mal à l’aise. Mis à part avec Rina il ne savait pas réagir avec amour devant d’autres femmes, ce qui le rendait parfois nerveux quand il en était contraint. Il l’aimait plus que tout, il savait que c’était de temps en temps maladroit mais pour lui c’était l’amour le plus pur et stable qui pouvait exister contrairement aux dires de Théobald. Il ignora les pensées de ses paroles d’un coup de tête en se servant un cognac du bout du bras. Tout en l’avalant d’une seule traite, il se demandait comme se portait sa bien-aimée, que faisait-elle ? Pensait-elle à lui ? Il en était sûr. Il avait été mécontent de son départ précipité mais finalement il se disait que ça pourrait l’aider dans ses projets.

- Tu verras chérie, tu ne souffriras pas.

L’homme blond venait d’entendre sa phrase de l’autre côté de la porte et secoua la tête négativement. Il marcha en direction de la sortie de la grande maison pour retrouver sa famille, il n’en revenait pas, il devrait à nouveau mentir à sa femme.

Il ne comprendra donc jamais ?

Il ne savait pas comment il pouvait avoir une telle vision des choses mais il savait que le reprendre ne servirait à rien. C’était un homme extrêmement buté quand il avait une idée en tête et remettre en questions ses idées n’avancerait strictement à rien. En ouvrant la porte de chez lui, il chassa ses sombres pensées pour enlacer sa femme avec tendresse. Il lui expliqua qu’il devait partir pour du commerce et elle comprit, comme toujours. Elle ne lui posa pas beaucoup de questions, elle savait très bien que Kizune était la cause de son départ, elle ne le portait absolument pas dans son cœur et Théobald le savait alors il essayait de ne pas trop en parler. Ils se mirent à table et couchèrent le petit Jimmy avant d’aller se coucher à leur tout sans réellement penser au départ qui se profilait.

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