L'attaque - Partie 2

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 De légers coups se firent entendre à travers le manoir ce qui réveilla Rina en sursaut, elle tremblait de froid à présent, qu’est-ce que ça pouvait être à cette heure tardive ?

— J’y vais !

 Mino avait descendu les marches en quatrième vitesse pour voir ce qui se tramait. Il était en pyjama et sa voix semblait roque de sommeil, la présence l’avait sans le moindre doute réveillé et il espérait sans doute voir son héros de frère débarquer à l’improviste. Depuis quand Rina se trouvait-elle là ? Elle n’en savait rien mais ce qui était certain c’est que la nuit était déjà bien installée. Le jeune homme avait regardé à travers le judas qui était à sa taille, le même que sa sœur car oui, la porte en possédait plusieurs à différentes tailles pour que n’importe qui puisse voir qui venait leur rendre visite. Rina l’entendit soupirer d’exaspération avant d’ouvrir, bien entendu il ne cacha pas son hostilité à son interlocuteur.

— Tu veux quoi ?

— Bonsoir Mino comment te portes-tu ?

 Un ton joviale prit place dans l’entrée du manoir et Rina fut prise de surprise, que faisait-il ici à cette heure ?

— Je dormais donc ç'allait effectivement. Vu le ton que tu prends, j’en conclue que tu vas pour le mieux ?

— Très juste, saurais-tu me dire où se trouve ma fiancée ?

 Même s’il ne semblait absolument pas enclin à l'aider, il fit un effort qui semblait lui coûter beaucoup.

— Dehors, ne l’importune pas trop, elle a eu une rude journée. La prochaine fois tu pourrais venir plus tôt, c’est la moindre des choses.

— Je note sans le moindre problème, je te remercie.

 Après son ton mielleux et un grognement mécontent, la jeune fille comprit que le nouveau venu avait ébouriffé les cheveux de son cadet, des claquements se firent entendre sur le sol, Rina ne connaissait que trop bien les chaussures de ville qui se dirigeaient vers elle. Son cœur battait à une vitesse folle, même si leur relation était tendue ces derniers temps elle était heureuse de le voir surtout qu’il avait l’air de bonne humeur pour une fois.

— Bonsoir mon amour.

 Rina était de dos par rapport à lui, à l’écho de sa voix elle se retourna pour lui faire face munie d’un beau sourire sur son doux visage. L’homme face à elle était son fiancé depuis une année, il s’était rencontré deux ans auparavant. Ce soir il était vêtu d’un élégant costume d’un bleu sombre, son pantalon taille haute affinait encore plus sa taille, sa redingote montrait son corps sculpté relativement mince. Il avait dépossédé sa tête brune de son chapeau haut-de-forme qu’il avait à la main, un parfait gentleman de son temps. Kizune Siinop.

— Kizune, que fais-tu ici ? Y a-t-il un problème ?

 Son regard avait une pointe d’inquiétude, elle ne voulait pas vraiment le voir à cause de l’incident de la journée. Elle craignait sans cesse qu’il soit l’auteur des attaques comme le supposait ses frères mais malgré tout elle l’aimait et ça semblait plus fort que tout.

— Non du tout, je passais non loin d’ici alors j’ai eu envie de te voir mais toi ? Tu es si pâle, quelque chose te tracasse, n’est-ce pas ?

 Durant une demie seconde la jeune fille avait cédé sous son regard, ce détail ne lui avait pas échappé, bien évidemment.

— Tu me le dirais si quelque chose n'allait pas, pas vrai ?

— Tu as raison dans un sens je le crains.

 Il s’était approché. La main de l’homme toucha le bras de la jeune femme avec douceur, elle allait lui dire, c’était évident. Elle releva doucement la tête ainsi que son regard sous l’impulsion de la main sous son menton.

— Encore ?

 Faiblement, elle acquiesça avec tristesse, il savait déjà, elle n’avait pas besoin de l’avouer de vive voix.

— Quand ?

 Le regard de l’homme était aussi dur que le ton de sa voix, à quoi songeait-il ? En vérité, il voulait vérifier ce qu’était advenu de son duo d’empotés mais ça il n’en dirait rien. Il devait jouer le rôle du parfait fiancé pour arriver à ses fins.

— Dans l’après-midi, deux personnes, un homme et une femme.

— Est-ce que tu es blessé ?

 Son ton était faussement inquiet, il devait montrer que ça le touchait même si c’était de la pure comédie qui lui donnait envie de vomir.

— Non pas vraiment, tu sais à quel point je cicatrise rapidement. Ils m’ont juste touché plus profondément sur le côté comme tu le vois.

— Et eux ? Qu’est-il advenu de leur sort ?

 Elle ne pipait mot, elle n’y arrivait tout simplement pas tant elle était honteuse. De plus, elle n’avait pas besoin de prononcer quoi que ce soit à vrai dire, il devina directement quand son regard se dirigea derrière elle. En vérité, il voulait savoir s’ils avaient réussi à la toucher, savoir si c’était même possible. Si Rina avait eu le courage de lever les yeux, elle aurait vu son air satisfait, c’était envisageable de la blesser finalement. Il élaborait toutes sortes de plans dans sa tête sans prendre attention à la créature qu’il trouvait faible au creux de ses bras.

— Je vois.

 Mino regardait la discussion de loin, il ne savait pas s’il devait intervenir pour s’interposer face à celui qu’il ne considérerait jamais comme son beau-frère. Avec délicatesse, son regard croisa celui de sa sœur qui lui montrait qu’elle gérait la situation et qu’il pouvait prendre congé. Le jeune homme lui offrit un sourire compatissant et s’en alla pour se reposer un minimum avant la journée de cours qui l'attendait le lendemain. Rina revint sur son fiancé en cherchant un regard réconfortant mais elle songeait que c’était peut-être peine perdue, ce n’était pas son genre depuis quelque temps.

— Peux-tu me jurer que n’as rien à voir dans ces attaques Kizune ?

— M’en crois-tu capable ?

— Répond moi.

 Son ton brut la fit tressaillir, il n’en avait pas l’habitude et ça le déstabilisa.

— Je te le jure, oui, évidemment.

— Puis-je te poser une autre question ?

 Surpris, l'homme la regarda avec incrédulité, ne sachant absolument pas de quoi elle voulait lui parler. Ce n’était pas dans souvent qu’elle parlait ainsi, avec tant de prudence.

— Tu m’inquiètes, je t’en prie, dis-moi.

 Un silence suivi, elle n’osait pas parler, formuler son inquiétude.

— M’aimes-tu ? M’aideras-tu as trouver quelque chose pour vaincre ce qui m’habite ?

— Pa…Pardon ?

 Rina fut déçue, elle ne s'attendait pas à voir autant de choc sur son visage, elle soupira tout en se détachant de lui. Le silence venait de reprendre sa place, c’était insupportable, insoutenable pour elle.

— Oublie ce que je viens de demander, c’est idiot, je dois me reposer, je te prie de prendre congé.

 La jeune fille voulut avancer pour rentrer dans le manoir, elle n’en n’avait que faire de son regard incrédule parce qu’elle avait souhaité une véritable réponse à ses questions. Certains diraient qu’elle agit sous une impulsion enfantine mais non, elle avait besoin de sa douceur qu’elle aimait tant, elle voulait juste avoir la sensation que ses frères avaient tort sur son compte. Que l’homme en face d’elle était amoureux et non pas là pour la détruire, que malgré leurs différences ils pouvaient s’aimer. Il n’avait pas le pouvoir de faire de la magie mais elle l’aimait malgré tout, n’était-ce pas suffisant ? Elle voulait fuir loin de lui pour ne pas faire face à la réalité de leur relation, parce que sinon elle devra le détruire avant qu’il ne le fasse, mais il attrapa un côté de son châle pour la retenir près de lui et mettre un terme à ses réflexions.

— Ne pense pas cela, j’ai juste été déstabilisée par ta question. Bien sûr que je t’aime Rina que vas-tu chercher par là ?

— Je ne sais pas, juste le besoin d’être rassuré par la personne qui partagera ma vie quotidiennement, un jour peut-être ?

 Un frisson parcourut l’homme à la fin de cette phrase, décidément elle était changée ce soir.

— Par les Dieux qu’il fait froid.

 Il frictionna ses bras pour rendre son excuse crédible avant de poursuivre sur sa lancée. Qu’avait-elle aujourd'hui ? S’il devait cracher des mots pour qu'elle ne se pose pas de questions, il le ferait même s’il devait dégobiller son dîner sur le sol du jardin.

— Bien sûr que je t’aime, je ne sais même pas pourquoi tu doutes de ça, chérie.

 Il effleura sa joue et elle appuya son visage dessus, les yeux implorant de la jeune fille le dévisageait avant de lui répondre, déstabilisée.

— Pardonne-moi, je ne sais plus quoi penser, il est tard.

— Je n’en doute pas, je vais partir et revenir plus tard, me le permettras-tu ?

— Demain ?

— Bien-sûr, as-tu quelque chose de prévu ?

 Son ton était moqueur, que pouvait bien faire une démone de ses journées mise à part tuer ?

— Tin revient dans peu de temps, je ne sais quand.

— Oh.

 Kizune n’était pas toujours lucide mais sur ça il était certain d’une chose, se frotter au frère aîné était une chose complètement insensée, d’autant que c’était celui qui avait le moins confiance envers le fiancé de la seule femme de la fratrie.

— Je vais prendre congé alors, repose-toi bien et je verrai si je viens demain d’accord ?

— D’accord, merci de ta visite.

— Bonsoir.

 Il lui fit un baiser sur le haut de sa tête avant de tourner les talons vers la sortie du manoir. La jeune fille soupira, elle voulait tomber dans un sommeil profond et se réveiller dans plusieurs jours. Elle avança comme un automate pour rejoindre sa chambre à coucher, tout ce qu’elle voulait c’était d’en finir avec Tin.

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