Nouveau départ

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Quand il avait emménagé dans la maison d’à côté, elle avait senti son cœur de trentenaire tressaillir. Elle l’avait d’abord observé transporter ses cartons depuis la fenêtre de la cuisine puis, plus tard, avait suivi sa silhouette à l’intérieur de la maison. Le lendemain, au hasard des occupations de la journée, ils avaient fait connaissance devant les boîtes aux lettres. Elle avait instantanément fondu pour ce sourire charmeur et ces yeux noisette, ces muscles fins et virils, et cette voix… Il lui avait touché le bras, au moment de se tourner vers son allée, et elle avait eu l’impression que ça la brûlait, comme si on avait approché une cigarette incandescente de sa peau. Pourquoi ce geste ? Était-il intéressé ?

Le samedi suivant, il était venu frapper à sa porte pour lui proposer de tailler les thuyas qui séparaient leurs deux jardins. Elle ne s’attendait pas du tout à se trouver nez à nez avec son beau voisin au saut du lit ! Le rouge aux joues, elle avait bafouillé que « oui, pas de problème, merci… », et avait rattrapé le coup en lui apportant une bière en fin de matinée. Ils avaient trinqué, s’étaient mutuellement remerciés, il lui avait fait un clin d’œil en partant. Cette fois, c’était sûr. Certains signes ne trompent pas.

Elle y avait pensé toute la semaine. Comment s’en empêcher ? Son cœur battait la chamade à chaque fois qu’elle le croisait au portail et qu’il lui adressait un signe de la main. Ça voulait forcément dire quelque chose. Elle s’imaginait déjà se laisser embrasser, faire l’amour passionnément, se serrer contre lui devant la télé… Le vendredi soir, elle s’était installée sous le porche, devant sa maison, avec en évidence une bouteille de vin blanc, pour le guetter dans l’allée, l’air de rien. Maintenant que les thuyas étaient coupés, elle pouvait lui parler par-dessus la clôture. Quand il était arrivé, elle avait pris son courage à deux mains et l’avait invité à partager un verre. Il s’était assis avec elle sous le porche. Ils avaient discuté, comme deux personnes qui se découvrent, ri, bu jusqu’à ce que la deuxième bouteille de Bourgogne soit complètement vide. Elle n’aurait jamais, jamais avoué que c’était intentionnel, ce petit plan de se saouler juste assez pour que ce soit une excuse, mais pas assez pour oublier le moindre instant de la soirée. Il avait déclaré qu’il était l’heure de rentrer, il était occupé le lendemain. Ils s’étaient levés tous les deux d’un coup. Elle avait titubé, juste un pas. Il l’avait rattrapée et, comme dans les films, ils s’étaient retrouvés tout proches l’un de l’autre. Elle avait senti son souffle sur son visage. Leurs lèvres s’étaient rencontrées et un instant après, il était parti.

Le lendemain matin, ce fut sa première pensée. Tout concordait. La rencontre fortuite devant les boîtes aux lettres, sa main sur son bras, l’excuse des thuyas, le clin d’œil qui en disait long… et enfin, ce baiser ! Elle ressentait un grand bonheur. Enfin, elle l’avait trouvé. Il était parfait ! Beau, droit, posé. Sexy ! Et intéressant. Elle voyait déjà les moments de complicité, les discussions à n’en plus finir… si tout se passait bien après quelque temps, il faudrait qu’elle emménage à côté, la maison était plus grande avec ses trois chambres.

Dix heures déjà ! Elle avait abusé du vin. Elle devrait faire plus attention, il ne fallait pas qu’il croie que c’était habituel. Elle fila sous la douche. Allait-elle lui rendre visite dans l’après-midi, ou bien attendre ce soir pour lui proposer un dîner ? Et si c’était plutôt lui qui venait frapper à sa porte ? C’était bête, ils n’avaient même pas échangé leurs numéros de téléphone. Mais c’était si romantique, finalement ! Son cœur s’emballait. Elle n’avait pas envie d’attendre. Après tout, pourquoi ne pas lui proposer un petit brunch, en toute simplicité ?

Fraîche et parfumée, incroyablement sexy dans un jean troué et un simple tee-shirt, elle sortit de chez elle avec des papillons dans le ventre. Il allait craquer en la voyant, c’était sûr. En poussant son portail, elle remarqua une petite Fiat 500 garée devant chez lui. Sympa, cette voiture. Ça lui plairait bien d’en avoir une. Mais c’était vraiment petit, pas question de partir en vacances avec ce pot de yaourt, encore moins d’y caser un chien ou des enfants. Pour ça, il y avait les SUV ! Ils en parleraient en temps voulu.

Elle appuyait sur la sonnette quand elle ressentit un vague malaise. Une Fiat 500 garée devant chez lui ? Elle n’était pas là hier soir. Il a peut-être de la visite ? Des voix qui rient dans la maison. La porte qui s’ouvre. Son grand sourire.

« Oh, bonjour ! Vous allez mieux ? Chérie, viens, que je te présente notre nouvelle voisine ! »

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