Chapitre 2 : Un avenir incertain

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Chapitre 2 : Un avenir incertain

Clément était en route pour Commercy. Il ne pouvait pas se résoudre à être séparé de sa famille. Juste avant de partir, il avait jeté un coup d’œil pour voir si la lumière était toujours là. Le lumière illuminnait toujours l'horizon, c'était comme un appel pour y aller. Elle était d'une couleur bleu céleste. On commençait à bien la distinguer parce que la nuit commençait à tomber.

La route était anormalement déserte. En temps normal, à cette heure, plusieurs voitures rentraient de Commercy, dont sa femme et ses enfants. Il ne croisa qu'une seule voiture qui roulait extrêmement vite. La durée pour relier cette ville à l'autre était d'environ vingt-cinq minutes.

Lorsqu’il aperçut le panneau indiquant qu'il restait cinq kilomètres, il vît deux individus qui faisaient barrage avec leur véhicule. Clément était fou de rage, que venaient-ils bien faire ici ? Arriver quelques mètres devant eux, Clément comprit que ces gens étaient bien attentionnés, pour cause, il les connaissait. C'était Hugo Jouaud et sa compagne Anna. Hugo fît signe à son ami de venir le voir. Clément voulait d'abord s'arrêter sur le bas-côté, mais comme la route était déserte, il s'arrêta en plein milieu. À peine descendue de sa voiture, Anna ne pût s’empêcher de faire une petite blague comme elle les aimait :

-Es-tu sûr que tu as ton permis, vu comment tu t'es garé, franchement, je ne montrais plus jamais dans une voiture quand tu conduiras.

-Anna, l'heure n'est plus à la rigolade, répondit Hugo avec ton grave.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Je viens d'arriver, je ne sais pas où est ma famille et je te vois en plein milieu de la route, rassure-moi s'il te plaît, Hugo.

-Excuse-moi mais je vais être direct. Fais-toi une idée, ta famille, euh, comment dire... Hugo chercha ses mots, après une petite hésitation, il annonça d'une voix timide à son ami :

-Ta famille, tu ne la reverras plus jamais.

-Hugo, tu aurais pu être un peu moins direct. Et puis, on est sûr de rien.

Plus jamais, plus jamais, ces mots se répétaient dans la tête de Clément. Il se manqua de tomber tellement cette révélation le bouleversa.

-Anna, je te l'ai dit, notre vie toute entière a changé, ça ne sert à rien tourner autour du pot.

-Oui, mais quand même, c'est un peu... Mais elle ne pût terminer sa phrase. Elle lâcha un cri strident :

-Ah ! Hugo !

Clément, qui en entendant les paroles de son ami, avait perdu ses moyens. PLUS JAMAIS, ces mots raisonnaient de plus en plus fort dans la tête de Clément. Il agrippa Hugo avec ses deux mains sur ses épaules et tout en le secouant brusquement, il lui cria :

-Comment ça, je ne vais plus jamais les voir ! Qu'est-ce qu'il te fait dire ça. Parle ou je te tue !

-Wowowo, tu vas baisser d'un ton. Moi aussi j'ai ma mère qui...

-Je m'en fous de ta mère ! Plus jamais tu vas la voir, c'est ça ? Elle est morte comme ma famille ? Parles !

-Si t'arrêtais de m'interrompre toutes les deux secondes, je vais tout t'expliquer calmement.

-Mais comment veux-tu que je reste calme quand tu me sors de telles âneries? Ma femme est morte, mon fils est mort et ma fille est morte, c'est ça ? Plus jamais je les verrai ?

-Clément, faut qu'on parle, mais calmement. Non, Anna ! Oh la conne !

Anna, qui avait profité de cet échange tumultueux pour se retirer, avait caché un assez gros bout de bois dans leur voiture au cas où un visiteur ne voulait pas entendre raison. Elle profita que Clément était focalisé sur son compagnon pour l’assommer. Elle se vanta auprès d'Hugo:

-Je te l'avais bien dit que ça pouvait être utile.

-Oui, mais euh... J'allais le faire changer d'état d'esprit, il allait redevenir lui-même.

-Mais oui, mais oui, tu es le meilleur, dit-elle ironiquement. Aller, montes le dans la voiture, on va le ramener à Montsec, de toute manière, personne ne va plus venir ici.

-Oui, rentrons au bercail.

Hugo plaça Clément à l'arrière et comme avec un bébé, il verrouilla les portes arrière parce que le bougre était capable de sauter d'une voiture qui roule. Ils repartirent vers leurs domiciles.

Quelques minutes plus tard, Clément se réveilla. Sa tête tournait encore. Il faut dire qu'Anna n'était pas aller de main morte. Clément demanda ce qu'il s'était passé. Hugo décrivit comment Anna en était arrivée à l’assommer pour le calmer. Clément s'excusa aussitôt. Dans cet échange virulent, il était le seul fautif. Il avait dépassé les bornes, mais c'était comme si c'étaut un autre Clément qui avait pris possession de son corps. Il demanda des explications sur la situation à Commercy, c'était tout de même son objectif.

Hugo lui raconta qu'avec Anna, ils allaient voir sa mère. Mais arrivés quelques centaines de mètres avant l'entrée de la ville, ils virent deux militaires qui empêchaient les véhicules. Dans leur voiture, Hugo et Anna étaient d'abord étonnés, puis ils étaient apeurés et ils sont repartis. L'un des deux militaires, le plus âgé, avait crié "Sale meusien, gare ton véhicule, descends et suis les consignes ou je tire !". En entendant cela, ils firent demi-tour et repartaient. "Depuis quand des militaires se comportaient-ils ainsi ?" Se questionna Anna. Ils étaient restés un peu plus loin sur la route afin d'essayer de dissuader certains conducteurs qui voudraient s’engouffrer dans ce qui semblait être un traquenard. C'était le cas du conducteur que Clément avait vu en venant. Pour Hugo, Clément venait d'être sauvé. Mais ce dernier n'était pas du même avis :

-Laisse-moi-y retourner, je veux voir ma famille.

-Écoute, on a déjà eu cette conversation, on possède bien trop peu d'information, je ne laisserai pas un ami s'aventurer dans ce piège. Pourquoi l'armée est-elle ici, à ton avis ? Pour jouer les gardes du corps contre qui ? Pour protéger de quoi ? Personne. Donc attends à Montsec et s'ils viennent, on avisera.

-Tu as sans doute raison. On décidera de tout ça avec le maire. Mais où est Anna ?

-Comme elle t'a assommé, je l'ai tuée.

Clément s'interrogea, l'avait-t-il vraiment tué ?

-Fais pas cette tête, tu es vraiment bête. Elle conduit ta voiture. On n'allait quand même pas la laissé là-bas.

-Vous avez fait preuve de tant de bonté. Tiens maintenant que j'y pense, tu la vois cette lumière ?

-Bien sûr, mais je ne sais pas comment elle est apparue. Elle semble être proche, il faudrait peut-être y aller.

-Chaque chose en son temps, on verra avec monsieur Humbert.

-Oui, le maire saura nous guider.

Certes le village de Montsec n'était pas un très grand, mais il existait un lien très fort entre tous les membres de cette communauté. Au centre, il y avait bien sûr le maire, monsieur Humbert. À l'âge de 58 ans, il avait toujours habité à Montsec. C'est naturellement que les autres habitants l'avaient élu maire.

Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent à destination. Ils se dirigèrent vers la Mairie, qui se situait juste à côté de l'église, pour aller raconter la tournure dramatique que prenait les évènements. Mais il fallait croire que le maire lisait dans leurs pensées. En effet, la cloche sonnait et ne s'arrêtait pas. C'était une manière propre au village pour avertir les villageois qu'il fallait se réunir autour de l'église. Sur la place de l'église, une quinzaine d'individus étaient réunis, parmi eux, monsieur Humbert, mais également Hugues. Il y avait également plusieurs personnes qu'il connaissait que de vue.

-Tiens, bienvenue mes amis, annonça le maire, quelle joie est-ce de vous voir parmi nous. Comme vous le savez, nous sommes dans une mauvaise passe. Je compte sur vous tous pour vous aider mutuellement !

Pendant que la maire parlait, Clément remarqua qu'il n'avait jamais vu deux personnes. C'était d'autant plus rare que presque personne, hormis montséchois, ne venait d'ordinaire en ville. L'un d'entre des deux ne semblait pas connaître le coin parce qu'il regardait à droite et à gauche, du fait de sa couleur de peau noir, Clément en déduisit qu'il n'était pas français. L'autre était anormalement habillé pour un mois de mai. Il avait un gros manteau noir et une cagoule. Il cachait sa tête. Qui pouvait-il être.

-Quelqu'un à quelque chose à ajouter ? Finassa le maire.

Justement, l'homme à la cagoule en profita pour se rapprocher du centre. Il pointa le ciel en direction de la lumière avec son doigt et pris la parole :

-Cette lumière dans le ciel, ce n'est pas un hasard. Elle signifie le renouveau de la Meuse ! N'écoutez pas ce que peuvent dire le gouvernement ou l'armée, nous sommes la vraie justice ! Suivez-moi ! Et vive la Meuse !

Chacun se demanda s'il était sérieux. Un seul semblait le prendre vraiment au sérieux, c'était Hugo. Il se rappela ce que le militaire avait dit à Commercy, "Sale meusien". Clément, lui, était choqué de cette nouvelle. Cette lumière, ce discours, tout ça lui disait quelque chose, mais quoi ?

Il continua :

-Je sais que ça peut être déroutant, mais la vérité, c'est que l'armée veut tous nous tuer. Tôt ou tard, ils s'en prendront à ce village et vous mourrez certainement ! Venez avec moi, si vous voulez vivre, nous pourrons vous aider.

Mais personne ne répondit. Ce discours-là, Clément semblait déjà l'avoir entendu, bien qu’il ne s'en souvenait plus jusqu'à maintenant, il lui rappelait son passé. Le maire, en tant que représentant de la communauté, pris la parole avec un ton sûr :

-Je suis lié à cette commune comme tous ceux ici et nous ne partirons pas parce qu'un soi-disant terroriste, qui revendique de combattre le gouvernement, nous demande de tout quitter pour le suivre je ne sais où. Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, quitter cette commune, vous n'êtes pas le bienvenu.

-Je vois, je vois, s'il en est ainsi, je reviendrai ici dans trois jours. Après tous, il peut se passer beaucoup de chose en trois jours. J’espère vous revoir, vous revoir aussi nombreux.

-C'est ça, bon débarras.

Clément n'avait qu'une vague idée de ce que sous-entendait cet homme. Il se rappela qu'un groupe travaillait dans l'ombre afin de changer des choses en Meuse. Mais il ne savait pas quoi. Ce n'était pas du tout net dans sa tête. Mais au fur et à mesure qu'il essayait d'y réfléchir, il avait de plus en plus mal à la tête. C'est alors qu'Hugo chuchota à son oreille :

-Je reviens, il faut en savoir plus sur lui, je suis presque convaincu qu'il dit vrai. S'il ne ment pas, il m'en dira plus certainement.

-On t'attend alors, il faut qu'il parle, répondit Clément.

Hugo marcha en direction de l'individu en noir. Arrivé derrière lui, il l'interpella :

-Eh, comment sais-tu tout ça ? 

-Je ne peux pas t'en dire plus ici, viens avec moi et tu sauras toute la vérité.

-Pourquoi tu ne peux rien me dire, personne ne nous entends.

-Si je disais tout et que l'armée l'apprenait, ce serai terrible pour tout le monde. Si tu es toujours là dans trois jours, je parlerai plus. Mais il risque de se passer des trucs dangereux par ici. Comme t'as l'air d'un gars bien, franchement, quittes cette ville et reviens dans trois jours. Aujourd'hui, ils étaient à Commercy, demain, hmm je crains pour ce village. C'est tout ce que je peux te dire.

-Pourquoi ? Que va-t-il se passer ?

-Je ne sais pas, je dis juste ça comme ça, hein. Tâche de ne pas mourir.

Le soleil était en train de se coucher. Il faisait de plus en plus noir. Pendant que l'homme disparaissais dans l'obscurité, Hugo remarqua qu'il partait en direction de la lumière. Simple coïncidence ou il allait vraiment vers la lumière ? Il ne le savait pas. Alors qu'il rejoignait les autres, il entendit Clément dire :

-Ce que je propose, c'est que demain, on aille à Commercy pour mettre tous ça au clair. Après, on improvisera. Ce qu'il faut, c'est revenir ici dans trois jours pour le revoir, il nous en dira certainement plus.

-Je ne suis pas d'accord avec toi. Je ne lui fais pas confiance, il débarque ici, il nous sort son baratin et il repart, tu ne trouves pas ça louche ? Répondit un autre montséchois.

-Oui, je suis d'accord aussi, déclara le maire. S'il voulait tant qu'on le suive, pourquoi ne pas nous avoir dit toute la vérité, alors ? Il ne fait aucun doute qu'il nous cache des choses. Au risque de me répéter, je reste ici et j'attends que le gouvernement ou l'armée viennent et je suis persuadé qu'ils nous aideront.

-Un terrible danger plane sur cette ville, mais vous voulez rester ici, vous êtes pas croyable !

Il prit ensuite Anna et Hugo à part pour leur dire de venir avec lui.

-Bien sûr que nous venons avec toi, affirma Hugo. Nous retrouverons peut-être ma mère.

-On ne vas quand même pas laisser notre ami y aller seul, dit Anna. De toute manière, on doit retrouver ma belle-mère.

-Merci les amis, on peut toujours sur vous.

Tandis que les villageois quittaient tous les uns après les autres la place, le trio resta pour préparer l'expédition de demain. Hugo proposa de ne pas y aller en voiture, certes cela rallongera le voyage, mais ils éviteront de tomber sur d'éventuelle aléas. Il demanda même à Clément de prendre son fusil. Il préconisa également d'emporter des vivres.

Cependant, tout le monde n'avait pas quitté la place, il restait également deux autres personne, dont une qui est venue directement à eux. C'était Hugues, un adolescent que Clément connaissait peu. Il demanda s'il était possible de les accompagner. En effet, les parents de ce dernier travaillaient à Commercy et ne sont pas rentrés, comme de nombreux autres villageois. Ils acceptèrent de le prendre et se donnèrent rendez-vous demain à l'aube. Caché derrière une maison, un homme d'une vingtaine d'année avait tout écouté de leur conversation et comptait lui aussi les rejoindre.

En rentrant chez lui, Clément prépara son sac. Il prit soin de ne pas oublier son fusil. Il savait que cette arme pouvait lui être utile dans le futur. Il n'oublia pas également son couteau-suisse favori, celui que lui avait offert sa femme. Il avait encore mal à la tête, il prit un médicament. Quelques minutes après, il allait se coucher. Demain, il se lèvera tôt.

Le lendemain matin, il était six heures lorsque Clément se réveilla. Pendant la nuit, il réfléchissait sur ces événements. il s'était réveillé la nuit après avoir fait un cauchemar. Le décor était le même que la veille. Mais cette fois, il distingua l'ombre. C'était un jeune enfant qui courait dans une forêt, comme fuyant quelque chose. Ce garçon, il le connaissait. Il pensait que c'était lui ou son fils. Mais après plus rien. Il se réveilla et son réveil afficha comme la veille 4 h 50. Étrange pensa t-il. Il se recouchait.

Lorsqu'il se réveilla, le soleil venait à peine de se lever. Il se dépêcha de s'habiller, il mangea une chocolatine. Bien qu'étant meusien, il était adepte de la chocolatine. Ensuite, il prit son sac et partit pour l'église où ils s'étaient donnés rendez-vous.

Il était le premier du quatuor à être arrivé. Mais une autre personne semblait vouloir être de la partie. Clément l'avait déjà vu hier, même s’il avait gardé ses distances. Avec un fort accent congolais, il dit :

-Bonjour, je m'appelle Moussa. Je viens me joindre à vous. J'arrive ici, J'ai nul part où aller. Je veux vous aider à retrouver votre famille.

-Euh, oui, pourquoi pas. Je ne suis pas contre de l'aide. Surtout que je ne sais pas la situation à Commercy. Il faut avoir si les autres sont d'accord.

-Merci beaucoup.

Hugo et Anna arrivèrent quelques instants après. Ils étaient surpris de voir qu'un inconnu voulait les aider. Hugues était le dernier à arriver. Clément demanda si tout le monde était d'accord pour que l'inconnu les accompagnes. Tous acquiescèrent. Il se présenta :

-Je m'appelle Moussa. Je viens du Congo. J'ai quitter ma famille pour une meilleur vie ici. Je suis content de pouvoir vous aider .

-Bon c'est le moment d'y aller. On ne va pas suivre les routes, c'est trop risqué, informa Hugo.

Le reste du groupe acquiesçaient. Ils partaient en direction de Commercy.

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