Des Accords

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Toujours m’ont été refusées, les déclinaisons et les belles heures de la grammaire. J’étais mauvais élève et piètre camarade. Qu’avais-je à faire de découvrir l’antiquité quant au présent je gâchais tout mon temps.

Que me soient édictées les règles, les colles et les retenues, voilà déjà qui ne me laisserait pas nu. Un peu de savoir vivre, une once de jugeote, du plomb dans la cervelle, on manque de tout quand on n’a pas d’atout. Alors de la littérature, du latin, pensez-vous !

Un vieux manuel, des heures au coin du livre à dessiner dans des marges râpées des figures mal aimées… J’ai développé l’art de la caricature en épouillant les mots. Sans couper les cheveux en quatre, pour leur conter fleurette, j’étais bien maladroit. Toujours en effeuillant leurs lettres je tombais à genoux sur « Pas du tout ».

Non je ne sais rien et ne veux rien savoir de l’Etymologie, cette fille un peu snob qui pour me parler met des gants sur ses mains d’albâtre. Les mots je m’en méfie car je les connais trop. Mes mots sont gros, lourds, tordus, poilus. Ce sont des mots de guerre et de tranchée.

Ce sont, dans ma caboche de dur à cuire, des mots qui se cognent et se heurtent. Ils ne peuvent pas sortir, ils manquent d’intimité dans l’étroitesse de mes pensées. Ils sont souvent absents quand on a besoin d’eux…

Dehors les mots me sont lancés, au jugé, et ça fait mal. Lapidaire, mes maux ne sont pas polis. Ils sont tout en insultes, en ricanements, en grenailles, en mitrailles. Moi, les mots, je les désarticule, je les pète, je les fracasse. Car je casse tout voyez-vous. Je les épèle de travers, je les répète bêtement. En un mot, je les lance le plus vite possible pour les tenir loin de moi.

Si par malheur on me demande de les poser sur le papier, d’une écriture maladroite, je les achève. Je les entortille, je les blasphème ces anathèmes. Je les enterre. J’en ai mal au poignet d’appuyer sur la feuille, sur le stylo, barré, rayé, tous raturés les mots rouges, les mots noirs, les mots bizarres, les mots tordus.

Alors le latin, non vraiment, très peu pour moi.

Ce n’est pas pour lui, d’accord aussi.

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