L'étoile filante

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    Elle sortit de chez elle en fermant doucement la porte, faisant le moins de bruit possible. Elle se retourna en soupirant, ses épaules se relâchèrent et quand elle leva les yeux vers la Lune brillante en cette nuit d’été, elle sut qu’elle avait fait le bon choix. Ou du moins, elle essayait de s’en persuader.

    Elle s’éloigna lentement de chez elle, faisant ses adieux à cette famille imparfaite et pourtant aimante, et essaya d’imaginer leurs réactions le lendemain. Des larmes lui montèrent aux yeux à cette pensée. Elle ne voulait pas leur faire de mal, leur briser le cœur, détruire leur vie, elle ne voulait pas les quitter. Elle leur avait laissé une lettre, pour leur expliquer. Mais en ce mois de juillet, c’était la seule option qui lui restait.

   Parce qu’elle allait mal, que son sourire était faux, que ses yeux se vidaient de leur éclat, que ses nuits s’écourtaient, que ses cernes se creusaient, que son corps maigrissait, que ses membres souffraient.   Parce qu’elle avait les bras en sang, les jambes en sang, les hanches en sang, le visage en sang, le cœur en sang. L’âme en sang.    Parce qu’elle avait beau vouloir être heureuse, la tristesse revenait toujours plus forte, plus violente, plus horrible à chaque fois. Parce qu’elle avait tout essayé pour la tuer, cette tristesse. Les cris, les clopes, les drogues, le sexe, les larmes. Les lames.

 

  Alors elle était là, dans la rue quand le monde dormait, et fredonnait une chanson qui l’aidait à tenir les jours où rien n’allait. Ses derbies claquaient sur le sol bétonné, ses cheveux bruns volaient, et ses hanches se balançaient en rythme avec la musique. Elle ne croisa personne ce soir-là, et personne ne la croisa. Seuls les lampadaires sur son chemin se souviendraient de ce moment de liberté.

   Et quand elle arriva à sa destination, elle se tut. Le calme emplit ses oreilles, et elle s’approcha de la rambarde qui surplombait le fleuve. Ses yeux se perdirent dans le ciel tandis qu’elle enjamba la barrière qui la séparait de son but. Lorsque son pied se posa sur le bord du pont, elle inspira, et se remit à chanter.  Elle fixait les étoiles et le ciel sombre, quand elle la vit. Sa voix se brisa et ses yeux s’écarquillèrent quand l’étoile filante disparut aussi vite qu’elle était apparue, lui laissant à peine le temps de faire un vœu. Et son corps trembla. Pourtant, elle ne recula pas, non.

 

  Elle leva son pied droit, le balançant au-dessus du vide, et les larmes dévalèrent ses joues. Et quand elle lâcha la rambarde et ferma les yeux, elle sut qu’elle avait fait le bon choix. Quand son corps vola dans les airs quelques secondes, elle sut qu’elle avait fait le bon choix. Quand son corps percuta l’eau avec une violence inouïe,  elle sut qu’elle avait fait le bon choix. Quand son âme s’éteignit lentement, elle sut qu’elle avait fait le bon choix.

Et son vœu fut exaucé.

 

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