Toute descente en soi

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« Toute descente en soi - tout regard vers l’intérieur - est en même temps ascension - assomption -regard vers la véritable réalité extérieure.

Le dépouillement de soi-même est la source de tout abaissement, aussi bien que la base de toute ascension véritable. Le premier pas est un regard vers l’intérieur, une contemplation exclusive de notre propre moi. Mais celui qui s’en tient là reste à mi-chemin. Le second pas doit être un regard efficace vers l’extérieur, une observation active, autonome, persévérante, du monde extérieur ».

Novalis.

Cette jeune femme, à mi-chemin de l’exister, encore reliée à son innocence adolescente alors que, déjà, elle s’interroge sur la borne de sa vie, ne laisse de nous interroger. Et pourquoi le fait-elle ? Eh bien parce que son attitude générale est celle du « Penseur » de Rodin. Elle en a la lourdeur de pierre, l’inclinaison inquiète de la tête, la lassitude d’être qu’évoque le bras soutenant le menton. Comme si une cruelle destinée s’annonçait aussi bien depuis un passé révolu mais encore d’un futur projeté à la troublante perspective. Sans doute sa représentation est-elle plus ouverte, plus lumineuse que la sculpture initialement nommée « Le Poète ». Cependant l’intention demeure la même, celle de rendre visible une préoccupation coalescente à la condition humaine, laquelle est toujours une situation intermédiaire entre deux temps : celui de l’origine, celui de la chute. Oublier cela, cette constante tension entre deux pôles, revient tout simplement à oublier l’homme, sa position de ciron dans le grand univers, le fait qu’il s’inscrit à la face des choses en tant qu’éminemment mortel. De ce constant tiraillement entre deux aimantations opposées naît un incoercible sentiment d’incomplétude. Toujours quelque chose manque au puzzle de l’exister que l’on demande au plaisir, à la rencontre, à l’activité, à l’amour de combler. Seulement tous ces essais, fussent-ils heureux, porteurs de plénitude, ne comblent pas à eux seuls la question de l’absence, de la parcellisation dans laquelle s’inscrit notre cheminement. Eternelle dialectique du manque et du désir dont l’empreinte ride les visages, torture les âmes, dont le mouvement de flux et de reflux laisse toujours l’être entre deux eaux comme si jamais ne pouvait s’instaurer le nécessaire équilibre, être donnée cette harmonie dont chacun est en quête.

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