Paquets-cadeaux

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On aurait pu trouver.

On aurait pu prouver que Montanet avait rappelé Ouadan depuis un portable bidon.

On aurait pu montrer, si on nous avait écouté, que Swann et Montanet se connaissaient et entretenaient toujours une relation... proche.

Si on avait retrouvé José vivant, on aurait peut-être pu en tirer quelque chose. Du genre, un témoignage, une identification du suspect... Mais ce qui restait dans la cave de son immeuble ne parlerait plus jamais.

Félange et moi n'avons jamais pu savoir où se trouvait la planque de Swann. On ne nous avait pas laissé aller plus loin. Je m'étais faite agressée par un fou furieux, un psychopathe armé, un dangereux chasseur d'hommes. On lui avait collé sur le dos d'autres disparations, comme il en arrivait régulièrement. Des joggeurs s'enfoncent dans les berges et ne reparaissent plus : on avait là le coupable idéal.

Montanet...

À part cette vieille photo, que Lafarde avait qualifiée d' « élément non significatif », de « coïncidence », nous n'avions pas de preuve matérielle. Yanis mort, pas de déposition possible. C'était ma parole contre... Hé bien, contre celle de beaucoup de gens importants.

Au bout d'un moment, même Félange avait finit par douter. Il en avait marre. Il savait que nous ne faisions pas le poids, alors il avait décidé de laisser tomber. Juste, abandonner. Ça ne sert à rien de dépenser autant d'énergie dans une cause perdue, m'avait-il dit. Quelque part, je le comprenais.

Mais je ne pouvais pas faire comme si rien ne s'était passé. Alors j'ai monté un dossier. Solide. Un dossier qui laissait aucun doute : il fallait persévérer, il fallait que la Police enquête, aille plus loin, entende Montanet, perquisitionne son domicile, la mairie, trouve la planque de Swann... Il aurait fallu faire tout ça.

Mais on n'a pas pu...

J'ai fait des paquets. Ils sont là, sur ma table. J'ai préparé des mails, aussi. Je n'ai qu'à... appuyer sur un bouton.

Un remaniement est en cours, Montanet a été proposé à l'Intérieur. J'ai lu ça dans un journal. Rien d'officiel, bien sûr, mais le sulfureux "Monsieur Sécurité" est très demandé, en ce moment.

Que faire... Alerter les journaux. Envoyer des copies du dossier, des preuves, qu'ils investiguent. Moi, on ne me laissera pas faire.

Sur ma table-basse, j'ai aligné les colis. J'ai déployé mon ordinateur portable pour envoyer les mails. Je vais maintenant me rendre à la poste. Mon coeur s'emballe. C'est là où naît la colère. Je pourrais  récupérer mon arme de service. Aller à la mairie, présenter mon badge et passer les contrôles. Je pourrais me rendre dans le bureau de Montanet, ou dans une quelconque salle de réunion où je pourrais le trouver. Puis, les venger. Froidement, salement, répandre sur les murs son sale sang de pourriture, de meurtrier par procuration. Mais pour le moment, il faut garder la tête froide.

Il le faut.

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