Monsieur Sécurité

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Quelques jours plus tard, je suis de retour au commissariat. De retour dans ma ville. J'ai encore du mal à le dire... "Ma ville".

Swann est toujours dans la nature, et José n'a pas refait surface.

Il est neuf heures du matin. Sur mon bureau s'entassent quelques dizaines de coupures de presse. Félange est en train d'analyser les appels de Ouadan. À voir sa tête, je devine qu'il n'a encore rien trouvé de bien probant. Des types arrêtés ou morts aujourd'hui, quelques gros bonnets mais surtout des petites frappes... Il sait quoi chercher : de l'inhabituel.

J'entreprends d'éplucher les articles. Inaugurations, discours... Réaménagement du centre-ville, voirie, commémorations...

Une petite étincelle jaillit dans mon cerveau encore embourbé.

« Je crois que j'ai quelque chose. »

Décembre 2013. L'adjoint à la sécurité fait le point sur les chiffres de l'année. Faits constatés en baisse, notamment sur le centre-ville. Il y vante le bilan de sa politique, le bienfait de l'installation de caméras, l'action essentielle et brillante des forces de police...

Je hausse un sourcil.

L'article mentionne évidemment son nom. Montanet. Élu maire de la ville aux dernières élections de 2014.

« Félange... Qu'est-ce que tu peux me dire de notre maire ?

  • Montanet ?

Il réfléchit un instant avant de reprendre :

  • C'est notre Monsieur Sécurité à nous. Surveillance vidéo, armement de la police municipale, une montagne de décrets pour leur donner du boulot et justifier leurs effectifs, un quasi doublement du nombre de patrouilles... »

"Monsieur Sécurité". Je regardai Félange avec insistance, attendant une réaction qui vint quelques secondes plus tard.

« Non... Non, Lande.

Mais si, Félange.

  • Dans ta liste d'appels, cherche un téléphone de la mairie. Ou le portable de Montanet. N'importe quoi qui relie Ouadan à ton "Monsieur Sécurité". »

Nous passons quelques minutes encore à fouiner quand Lafarde entre dans notre bureau. D'une bienveillance suspecte, il nous demande où nous en sommes.

« Ça avance. Yanis nous a donné énormément d'éléments. Mais... ça devient politique.

Le chef nous toise avec perplexité. Son visage se ferme brusquement, son ton devient acide :

  • Fermez-là, Félange. Ça vous a peut-être échappé, Lande, mais pendant votre hospitalisation, on a dû envoyer trois camions dans les quartiers sud. Votre collègue ne vous l'a pas dit ?

Mon collègue, justement, fait mine de se défiler.

  • Aujourd'hui, en toute logique, j'ai reçu un appel du ministère. Où l'on se demande, tout comme moi, ce que signifie ce bordel. Tout aussi logiquement, je leur ai dit ce qu'il en était, et que l'enquête était presque bouclée. Mais peut-être me suis-je un peu avancé. Qu'en pensez-vous ?

Nous restons muets.

  • Voilà le deal. Vous avez quarante-huit heures pour me livrer vos conclusions et me trouver un coupable. Passé ce délai, soit vous êtes mutés dans un endroit... disons, calme - et c'est la meilleure option que vous avez -, soit vous sautez tous les deux. Est-ce que c'est compris ? »

Je crois qu'on ne peut être plus clair. Nous acquiesçons. À cet instant, je ne pense qu'à une seule chose.

Qu'est-ce qui relie Swann à Montanet ?

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