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Une minute de lecture

Je ne suis plus.

C'est la seule chose qui me reste en tête, désormais.

Le Parti m'a pris mon nom, ma famille, mon passé, mon métier, ils me prennent mon présent et me prendront aussi mon futur et ma vie.

Tout ce qu'il me reste, c'est cette

foutue

prison

Quatre murs, de la pierre, et une étroite fenêtre barrée de fer.

En face, une horloge au mur, protégée par une vitre en Plexiglas. Une couverture trop épaisse pour s'en faire une corde, j'ai déjà essayé.

De toute façon, je ne pourrais l'accrocher à rien, je n'ai même pas de lampe dans ma cellule.

Juste une ampoule, le sol glacé, du papier et deux crayons.

Voilà. Je n'ai rien d'autre.

Je ne suis personne.

Personne faite d'une cellule, de feuilles et de charbon. Personne conçue à partir de souvenirs et d'un présent sans avenir.

Les aiguilles m'indiquent qu'il me reste encore dix heures pour écrire tout ce que je sais... donc il me reste ma mémoire, ce présent et dix heures de futur.

C'est peu.

Ils ont raison : si je veux être quelqu'un, il faut d'abord que je raconte ce qui est arrivé à elle.

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