LXIX

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Alors, voilà.

Déjà, l’escadrille d’emmerdes tournoyait toujours au-dessus de la base. De temps en temps, l’une partait et une autre arrivait.

Ensuite, la grosse enveloppe était adressée au Capitaine Lineik et venait de Milan. Quand je suis entré dans le bureau avec Kris, Lin tenait un certain nombre de pages de papier, couvertes d’une écriture manuscrite. A notre époque de mails dictés ou vidéo, une lettre écrite sur du papier à l’encre était tout simplement totalement archaïque ou un luxe complet. Qui prendrait encore le temps d’écrire et de gaspiller du papier en faisant des ratures…

Apparemment, un parrain de la Mafia Lombarde, ami d’un Légionnaire français, né Islandais.

Bref. Lin a tendu les feuilles à Kris, qui a commencé à lire. J’ai regardé mon capitaine. Elle était affectée par ce qu’il y avait dans la lettre. Ça se voyait à peine, mais depuis que je partage parfois son lit, j’ai appris à la lire.

Les mains de Kris se sont mises à trembler au fur et à mesure de sa lecture.

- C’est… Bon sang, comment imaginer que… C’est tellement…

Le pauvre Kris n’arrivait pas à finir ses phrases.

- Essaye d’organiser tes pensées, Kris.

- Je… j’ai besoin d’un verre. Un truc qui tape.

Elle a ouvert un placard, a sorti une bouteille d'aquavit finlandais, a servi quatre verres et on a accompagné Kris.

- Bon. En février 2119, Erik et moi étions en vacances dans le nord de l’Italie. Après Venise, Vérone, le lac de Garde, nous sommes arrivés à Milan où nous avons, un soir, sauvé un homme d’une agression. Cet homme, c’était Matteo, mais nous ne savions pas encore qui il était vraiment. Sur ses conseils, nous étions, trois jours plus tard, sur la place du Duomo, à regarder une procession à San Ambrosio, le patron de la ville. Et là, une vieille dame, à qui nous avions demandé qui était cet homme dans la procession en grande discussion avec le chef de la police, cet homme qui était le vieil homme qui nous avait remerciés de l’avoir sauvé par un bon dîner, nous a dit que cet homme, donc, était Don Matteo Rizzi. J’ai tout de suite compris.

Il s’est interrompu, a secoué la tête.

- Bien sûr, quand je l’ai dit à Erik, il a commencé par faire la gueule puis il a vu un type qui se précipitait sur Matteo, un bras levé. Il m’a dit « protection » et s’est jeté en avant, entre Matteo et l’agresseur. Il a pris un pieu dans l’épaule. Bon, pour la petite histoire, c’était du wengé, qui fait beaucoup d’échardes, d’où la cicatrice en forme d’étoile tordue sur son épaule droite. Le trajet à l’hôpital, l’attente… s’il n’y avait pas eu Mauricio, le fils de Matteo, je crois que j’aurais fait une connerie.

Il a tendu son verre à Lin, qui l’a rempli.

- Par gratitude, les Rizzi m’ont hébergé, ont soigné Erik puis l’ont hébergé également. Le premier soir, j’ai appris qu’il y avait une guerre de territoire à Milan, entre la Mafia Lombarde qui contrôlait le trafic des drogues considérées douces ou récréatives, et la mafia russe qui dealait des drogues dures, avec une recrudescence d’overdoses. Or Matteo tenait à la réputation de propreté de la Mafia Lombarde, sur laquelle son père et lui avaient tant travaillé. Une sorte d’honneur des brigands, pas de dommages collatéraux, pas de bains de sang, pas de terreur.

Il s’est frotté le front, a agité une main en l’air, un geste vague.

- Bref. L’homme qui avait attaqué Matteo était shooté au PCP, l’angel dust. Ça décuple les forces, fait oublier la douleur. Un berserk chimique, en quelque sorte. C’est comme ça que le pieu a pu traverser le blouson en cuir épais d’Erik et pénétrer aussi profondément dans son épaule.

Il a frissonné, un grand frisson qui l’a secoué de la tête aux pieds.

- Erik et moi avions mis les pieds dans une affaire de guerre des gangs, avec d’un côté une Mafia italienne propre et de l’autre un groupe – on ne peut pas vraiment les appeler mafia – sans foi ni loi prêt à tout pour s’emparer du territoire de Milan. Grâce à Erik, Matteo avait échappé à deux attentats, car l’agression n’était pas un hasard. La femme de Matteo, un hacker renommé, a lancé un programme qui fonctionne comme un chalut, ça parcourt le web pour attraper des infos particulières. Dans ce cas-là, des photos ou des vidéos d’Erik, pour les détruire. Il est tellement reconnaissable, il fallait éviter qu’on sache que ce type-là en particulier était la raison pour laquelle la tentative de prise de pouvoir à Milan avait échoué. C’était pour le protéger d’une possible vengeance.

Il a voulu boire, a posé son verre vide sur le coin du bureau.

- De retour au sein de la Légion, on était protégés. On a quitté la Légion le 31 décembre 2119. Six mois après, on était enlevés à Sotchi par des Tchétchènes. Ce furent deux jours… éprouvants pour nous deux.

J’ai vu, du coin de l’œil, Lin réagir légèrement à ça. Kris s’est arrêté, m’a regardé. Je n’avais pas oublié la crise d’Erk liée à son PTSD.

- Lin et les R&R nous ont récupérés, Matteo nous a prêté sa maison au bord du lac de Côme pour nous remettre de nos émotions et de nos blessures.

Encore une fois, Lin a réagi, un léger haussement de sourcil.

- Dans cette lettre, qui arrive un an après Sotchi, Matteo nous dit qu’il a découvert pourquoi nous avons été enlevés à Sotchi. Nous n’étions pas deux soldats français au mauvais endroit au mauvais moment, comme je l’avais cru. Matteo s’excuse du temps que ça a pris, mais comme tous nos kidnappeurs ont été tués lors du raid pour nous délivrer, ça a pris du temps pour remonter la piste. Les Tchétchènes remplissaient le seul contrat qui avait échappé au programme de Domenica, la femme de Matteo, parce qu’il avait été accepté – et donc effacé du Darknet – avant que son programme passe. Matteo finit sa lettre en disant que nous avons été vengés.

Il a secoué le paquet de feuilles qu’il tenait en main.

- Je ne veux pas qu’on parle de ça à Erik. Il a fallu beaucoup de temps pour qu’il surmonte le choc. Il a… il s’est perdu, en Tchétchénie, et il a fallu du temps pour qu’il se retrouve, pour qu’il soit de nouveau lui-même. L’Archer a été témoin de ses cauchemars et de la crise d’angoisse qui en découle, je voudrais éviter d’en déclencher d’autres. Et connaissant Matteo, sa vengeance a dû être à la mesure de la terreur que fait régner la mafia russe, donc je refuse qu’Erik se sente coupable parce que des enfoirés sont morts salement. Je veux votre parole.

On l’a rassuré, on lui a donné. Je me demandais pourquoi Lin, qui avait dû conduire l’expédition de récupération de frères, réagissait au récit de Kris, alors qu’elle connaissait l’histoire. J’ai commencé à me dire que Kris ne nous avait pas tout raconté, avant qu’on trouve Kitty. Je me suis demandé pourquoi et puis, en fait, peut-être qu’il s’était passé des choses dont les frères avaient honte, ou des choses trop horribles pour être racontées…

J’ai failli me vexer pour ça, puis, je me suis dit que ça ne me regardait pas. Si Kris, un jour, voulait en parler, il le ferait. En attendant, il fallait qu’on retourne aider le Viking et Mac à interroger les autres recrues.

Quand on est sortis, Erk et l’Italienne échangeaient leurs recrues. Les Coréens avaient été emmenés chacun dans une chambre, Song avec les filles, puisque le départ de Cassandra libérait un pieu, et Kim dans celle que Quenotte partageait avec Alma, Phone et, hélas pour lui, ce crétin de Bic et son compagnon. Tous les deux étaient assez cons, dans leur genre, mais à part les remarques idiotes de Bic, ils étaient plutôt discrets.

Il restait les deux pachtounes et le soir tombait. Erk avait l’air fatigué, mais ce n’était pas surprenant, puisqu’il dépensait son énergie à soigner nos blessés et qu’il avait, de ce fait, une endurance proche de zéro.

Pour ce soir-là, on les a emmenés au mess avec nous, et nous, les caporaux encore d’active, donc Mac et moi-même, les avons encadrés, assis avec le reste de notre peloton.

L’un d’eux a ricané quand Erk s’est endormi, au dessert, sur l’épaule de son frère, et que Kris a passé un bras autour de sa taille, pour l’empêcher de tomber.

Ce qui est amusant, c’est que c’est un des ados qui, passant par là, a remonté les bretelles du crétin en pachto, lui expliquant que si le géant était fatigué, c’était à cause… et Tito lui a pris le bras pour le faire taire.

En effet, pas de raison d’expliquer à un – pour l’instant – externe à la Compagnie que nous avions un Guérisseur d’une grande puissance avec nous.

- Fazal, nous n’avons pas à justifier la fatigue d’Erk. A personne. Il a une bonne raison d’être fatigué mais n’a pas à le justifier. C’est gentil de vouloir le défendre, mais c’est inutile. Parce que, tu sais, le premier qui se moquera d’Erk prendra mon pied au cul.

Il s’est tourné vers les Afghans.

- Et comme je suis petit, ça se pourrait que je rate et que je tape les couilles.

Les mecs, gênés, ont regardé ailleurs, une main descendant, par réflexe, protéger la cible de Tito. C’est marrant, cette obsession de se protéger les précieuses… Bon, c’est vrai que ça fait vachement mal quand on les cogne, mais, quand même… Enfin, l’important, c’est que la menace à peine déguisée de Tito a fait son effet et que les deux crétins ont cessé de rigoler bêtement.

Après le dîner, Kris, Mac et moi avons interrogé les deux Pachtounes. Histoires tellement banales que Kris a haussé les sourcils. Mais elles étaient malheureusement crédibles, et proches de celles de Rafa.

Le lendemain, les nouveaux ont commencé les choses sérieuses et ce fut une visite médicale. Erk a eu interdiction d’approcher l’infirmerie tant qu’ils y étaient.

Les Coréens, Kim et Song, étaient en forme, malgré une malnutrition évidente et quelques vaccins ratés. Doc a donc fait les injections nécessaires puis a envoyé Fara au mess, avec des instructions pour Cook, et au Gros, pour une commande de compléments alimentaires.

On a eu des nouvelles de P’tite Tête, à cette occasion. Il allait bien, on lui avait installé des implants cochléaires tous neufs, et il allait bientôt commencer son nouveau job à l’Intendance.

Quand le Gros nous a transmis ça à midi, avant qu’Erk s’endorme, on a applaudi tellement on était contents pour lui. Le géant avait l’air soulagé.

Les Pachtounes, devant Doc, ont commencé par faire les cons, à l’infirmerie, alors Nounou en a attrapé un pour le cou, l’a secoué un peu, et l’a rassis de force sur la chaise. Sans dire un mot. Furax, il s’est relevé et c’est Doc qui l’a forcé à s’asseoir.

Elle a pincé le muscle trapèze, très fort. Pour échapper à la douleur, il a obéi. Elle a eu un sourire sardonique et lui a injecté la dernière fournée de vaccins.

L’autre a obéi sans faire de simagrées.

Quand Nounou m’a rapporté ça, j’ai tout de suite pensé qu’on allait avoir des emmerdes avec ces deux-là. Je ne me trompais pas, hélas.

L’après-midi, on a eu la bonne surprise de voir Yaka sortir en courant de l’infirmerie et aller lécher le visage du Viking qui dormait sur son matelas après sa tournée de Soins. Elle l’a léché, poussé et a fini par le réveiller.

Elle se tortillait, couinant, sa queue battant à tout rompre. Le cerveau embrumé d’Erk a fini par comprendre. Il s’est levé et l’a suivie dans la chambre de JD.

Notre compagnon de patrouille avait ouvert les yeux. Les couinements de Yaka nous avaient attirés et JD nous a vus entrer dans sa petite chambre, de grands sourires sur nos visages. La chienne nous avait précédé quand elle avait vu que le géant la suivait.

JD a levé la main et l’a tendue vers Erk. Quand le géant l’a prise, il l’a remercié d’une voix rauque.

On était tous vachement contents que notre dernier camarade blessé soit sorti d’affaires. C’était le dernier à avoir été encore inconscient et on était tous très, très contents qu’il soit enfin réveillé.

A partir de ce jour-là, tout s’est accéléré. Les Soins que le Viking continuait à faire portaient leurs fruits et nos blessés graves marchaient tous, maintenant, même si ce pauvre JD, ou même Alma, avaient encore du mal à aller bien loin.

On a eu deux jours calmes, comme ça.

Lin avait décidé que les Coréens resteraient, à moins de faire une grosse connerie. Pour les Pachtounes, elle était moins sûre, et nous aussi.

Et malheureusement, le temps nous a donné raison.

Le troisième jour, juste après le déjeuner, comme il faisait beau, on est sortis dans la cour pour boire notre café. Se frottant l’épaule, Quenotte est venu voir Kris et Erk, avec qui je discutais. Erk a tout de suite voulu faire un Soin, mais Quenotte l’a arrêté.

- Non, Erk, ce n’est pas ça. Enfin, pas que.

- Je peux te Soigner quand même, alors ?

- Uniquement si tu n’es pas trop fatigué.

- Ah. Tu t’y mets, toi aussi…

Kris rigolait doucement. Quenotte a souri.

- Que veux-tu, Erk, on tient à toi… Mais assez. Ce n’est pas pour ça que je venais vous voir.

Son visage s’est assombri. Il a fini par nous entraîner à part. Après s’être assuré qu’il n’y avait personne qui faisait attention à nous, il a ouvert sa main. Sur sa paume, il y avait deux innocentes petites piles AA.

- Quel est le problème, Quenotte ? a demandé Kris.

- Si je ne me trompe pas, a répondu le Viking, rien chez nous ne fonctionne sur pile. Pas même les talkies.

- Absolument, Erk. On peut demander à Jo, mais je suis sûr d’une chose : il n’y a pas de piles AA au magasin.

- Ce qui veut bien dire, a fait Kris d’un ton traînant, qu’aucun de nos gadgets électriques ou électroniques, même perso, ne fonctionne sur piles non-rechargeables.

- Sur piles tout court, Kris, a répondu Quenotte.

- Dommage qu’on n’ait pas de kits du parfait petit détective, pour voir les empreintes, j’ai dit. Bon, vu que tu as serré les piles dans tes mains, les tiennes doivent être partout…

- Oh, je n’y ai pas pensé.

- Pas grave, on n’a rien, de toute façon, qui nous aurait permis de les relever. Où as-tu trouvé ça ?

- C’est là que c’est intéressant. J’étais en train de vider mon assiette dans la poubelle quand j’ai eu une crispation de l’épaule et j’ai lâché ma fourchette dedans. En allant la chercher, j’ai touché des trucs durs. Ça aurait pu être des os de poulet, mais on a mangé de l’agneau, à midi. Donc j’ai attrapé les trucs. Et voilà.

- Et j’imagine que tu ne viens pas nous voir pour une histoire de recyclage mal fait, a dit Kris. Bon. Il nous faut Jo.

Jo a confirmé que tous les appareils, pro ou perso, dans la base, avaient une batterie intégrée et se rechargeaient sur secteur directement ou via induction. Les talkies avaient une base sur laquelle ils étaient posés quand on ne s’en servait pas. La tablette de Doc, comme toutes les tablettes et nos téléphones, avait son propre chargeur.

- Donc, a-t-il dit, quelqu’un a un appareil à piles et a jeté ses piles mortes dans la poubelle de la cuisine. Mais pourquoi la cuisine ?

- Parce qu’on est tous bien éduqués, et qu’on recycle tout et que donc, dans la poubelle de la cuisine, il n’y a, normalement, que ce qui ne va ni au recyclage, ni au compost, donc rien qui ne soit trié. Ce qui est emmerdant, c’est que cette poubelle, comme les déchets médicaux, est brûlée dans la deuxième chaudière et que les piles auraient pu exploser.

- Erik, toujours à penser à notre santé… a dit Kris. Mon cher frère, ce qui m’inquiète plus, moi, c’est : où étaient ces putains de piles avant ?

- Pourquoi est-ce inquiétant ? a demandé le géant.

- Parce que… celui qui a jeté les piles s’est caché. Un type honnête, disons, serait venu nous demander où se trouvait le recyclage des piles. Et il aurait demandé au Gros de lui en commander de nouvelles. Les jeter dans la seule poubelle qu’on ne fouille pas et qui est facile d’accès, c’était pour cacher ces piles.

- Compris, p’tit frère. Et si c’était un ancien, on aurait déjà vu passer ces piles, rien qu’avec les risques d’explosions ou les odeurs au moment de les brûler. Maintenant, quel appareil voudrais-tu garder caché ?

- Tout truc qui risquerait de nous porter préjudice, a dit Jo.

Quenotte et moi étions d’accord.

- Une radio, une balise, un… truc EMP, j’ai dit.

- Une balise, pas utile, a dit Kris, tout le monde sait où on est. Mais une radio…

- Donc, a fait Erk, comme c’est pas un ancien, c’est forcément un nouveau. Rafa est encore alité, par précaution, restent les Coréens et les deux Pachtounes.

- Sérieusement, les Coréens, je n’y crois pas, j’ai dit. Ils ne sont pas du coin, donc à moins d’une entourloupe à la Kitty, ils n’ont aucune raison de nous vouloir du mal.

- On n’est pas à l’abri d’une entourloupe à la Kitty, comme tu dis, donc restons prudents.

- Mais, Erk, dis-moi qui pourrais nous faire ça, sérieux ? j’ai rétorqué. On n’est pas assez connus. Je sais bien qu’on a éliminé les FER, mais ils étaient, quoi, une cinquantaine, à peu près.

- Une soixantaine, le Viking a répondu d’une voix atone.

Je me suis tourné vers lui, mon élan coupé par son absence de ton. Merde… J’avais fini par oublier.

- Je me souviens de peu de choses, mais, bizarrement, j’ai compté les hommes que j’ai… eu en face de moi, ce jour-là. Il y en avait moins de trente. En comptant ceux que nous avons tués dans la forteresse, et ceux qui nous ont poursuivi et que nous avons tués sur le chemin, ça fait soixante.

- Excuse-moi, Erk, je suis vraiment désolé…

Il m’a souri, mais c’était un sourire contraint. Il s’est levé, il est parti vers la barbacane et est sorti de la base. J’étais vachement emmerdé, et j’ai voulu le suivre. Kris m’a retenu.

- Laisse, l’Archer, il a besoin de calme pour mettre ça de côté de nouveau.

- Je suis…

- Je sais.

- Mais il ne peut pas rester seul, c’est dangereux…

- Non, ça ira. Je pense qu’il va aller au bûcher.

- Oh. Prier ?

- C’est possible. En attendant, il faut parler à Lin.

On a expliqué à Lin l’histoire des piles, alors elle a décidé de se balader au milieu de nous tous, et de discuter à mi-voix des piles avec Kris et Le Gros. Kris a envoyé Yaka chercher le géant.

On était toujours à finir notre café, la patrouille de Mac et Stig au repos forcé comme la nôtre, et les nouveaux vaguement mélangés.

Lin a haussé le ton en passant près des Coréens et des Pachtounes, faisant sauter les piles dans ses mains.

- Si je trouve celui qui a fait ça, je vais lui faire oublier le nom de sa mère, je te le jure, Kris !

- C’est peut-être un peu extrême, non, Lin ?

- Ça non, putain ! Celui qui a mis la Compagnie en danger va le payer très cher. J’ai bien envie de demander à Tito sa recette de goulash aux testicules ! Ou on pourrait aussi faire des couilles de bélier marinés, mais avec de l’homme au menu !

Kris a frissonné très fort, tellement Lin était en colère.

- Et puis, je lui ferai aussi oublier le nom de son père, pendant que j’y suis !

Bien sûr, tout ça, c’était du flan. C’était pour faire peur au coupable. Pourquoi ? Parce que Lin, avec son odorat surdéveloppé, pouvait sentir la peur. Et qu’en passant près d’un des Pachtounes, celui dont les yeux étaient les plus clairs, elle a senti l’odeur piquante de la trouille.

Elle s’est arrêtée près de lui, comme par hasard, puis :

- Toi, suis-moi.

Il a sursauté, demandé pourquoi.

- A ton avis ? a demandé Lin avec un mauvais sourire.

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