Rachat

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 L’enquête était remontée jusqu’à lui. Sur son ordinateur, Elias Ansern préparait son dernier coup. Il avait passé les trois dernières semaines à essayer de désactiver à distance les humanoïdes. Sans succès apparent. Les agents de la sécurité gouvernementale pouvaient maintenant débarquer d’une minute à l’autre. Il n’aurait alors plus l’opportunité de se racheter. Ils seraient sans pitié pour lui.

 Depuis la veille, il avait changé d’approche. Vouloir les désactiver via une commande était une mauvaise piste, insoluble. Ce qu’il pouvait faire, en revanche, c’était leur dicter une conduite qui les isolerait. Le problème, c’est que leur présence parmi les humains devait à tout prix restait secrète. Or en plusieurs semaines, la plupart des prototypes avaient sans doute déjà sociabilisé, et s’étaient intégré à des réseaux familiaux ou professionnels. Comment organiser leur disparition sans éveiller les soupçons ? Il venait de trouver la réponse.

 Dans la rue, une voiture se gara. Cela n’échappa pas à Ansern, qui jetait régulièrement des coups d’œil par la fenêtre. Il n’aurait pas le temps de lancer la commande à l’adresse de chacun des prototypes. Pris de cours, il dut trouver une alternative. S’il ne pouvait tout faire lui-même, alors quelqu’un d’autre devrait s'en charger. L’idée d’une bouteille à la mer lui parvint. Version plus moderne. Il tapota quelques lignes de code pour se brancher sur le réseau de la ville d’Hyperia. Il copia puis colla la commande pour pousser les prototypes à se réunir à un même endroit, au même moment. Les profanes ne comprendraient rien à ce qu’ils verraient. Un petit génie de l’informatique, par contre, oui. Pourvu que ça en atteigne un.

 Devoir appuyer sur « entrée » lui rappela un bien mauvais souvenir. Il s’assura, cette fois, de ne commettre aucune erreur. Bien qu’il ne fût pas totalement sûr de lui, il tapa sur la touche qui allait envoyer, le temps de quelques secondes, la recette miracle du sauvetage de l’humanité sur tous les panneaux d’affichage de la ville et des autoroutes alentour.

 Elias entendit le bruit caractéristique de l’ascenseur qui arrive à destination. Rapidement, il éteignit son ordinateur via une macro qui, ce faisant, effacerait tout ce qu’il avait cherché, non sans l’envoyer au préalable à quelqu’un. La seule personne au monde en qui il avait confiance, et qu’il ne reverrait plus jamais.

 Alors qu’on sonnait à la porte, il ouvrit le tiroir et prit le pistolet qui s’y trouvait. Il eut une dernière pensée pour ces hommes et ces femmes qui avaient péri inutilement de sa main, au Monténégro. Et pria pour que ses bébés ne fassent de mal à personne.

 Faute de réponse, Sandra finit par sortir ses clés. Pourvu qu’il ne soit pas déjà parti… Alors qu’elle les insérait dans la serrure, un coup de feu retentit. Sa gorge se serra. Sur son téléphone, une notification. Avant d’entrer pour découvrir le cauchemar, elle ouvrit un mail contenant un lien vers une sauvegarde. Il lui avait tout laissé avant d’en finir. Tout, sauf la possibilité de s’en sortir à deux…

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