XXI – Survivants

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Après avoir détruit les preuves de leur organisation, les membres de l’œil rouge se sont dispersés en plusieurs groupes. La plupart ont pu être arrêté grâce à l’œuvre de ce traitre de Syl qui a finalement pu être utile. Mais quelques-uns ont quand même réussit à s’échapper dans d’autres régions.

Le royaume d’Anskrull a lui-même condamné cette guilde de voleurs, ayant déjà eu affaire à eux par le passé. Aussi ils nous livreront tout membre qu’ils suspecteront se trouvant sur leurs terres.

A contrario, comme vous l’aviez deviné, le royaume Reptilien ne livrera personne. Mais ils ne vous empêcheront pas d’envoyer quelques troupes pour chasser nos ennemis, à condition que nous respections leurs terres.

Les Elfes quant à eux, fidèles à leurs principes, n’en ont rien à faire de nos dissensions internes et ne nous aideront en aucun cas.

Et enfin, les nains prendront ça comme une offense et une déclaration de guerre si nous osons n’envoyer ne serait-ce qu’un seul de nos hommes.

Rapport envoyé à Arathor Bellelame

Le soleil se levait à l’horizon, projetant sa faible lueur sur le campement. L’air légèrement humide déposait de petites gouttes de rosées sur les rares plantes trainant par là. Un homme s’avança alors lentement vers l’une d’elles et se mit à récolter les petites gouttes dans un récipient bien trop grand pour elles.

Une fois l’entreprise terminée, il se mit à regarder le fruit de son labeur, mais poussa un soupir de résignation.

Il se contempla autour de lui les plaines rougeoyantes, s’illuminant au grès des rayons de soleil. Cette terre rouge et sèche, cela lui rappelait des souvenirs, une époque ou ces terres l’avaient accueilli. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas mis les pieds dans les Landes Ocres.

Elles se trouvent à l’ouest des montagnes du nord, au bord de la mer du Marasme. Mais du côté relativement calme de cette étendue d’eau.

A ce qu’il pouvait en juger, rien n’avait changé : l’eau était toujours aussi rare et elle devait être récoltée rapidement avant qu’elle ne soit souillée par la poussière rouge et malsaine des lieux. Ils devaient en permanence porter un foulard ou un morceau de tissus devant leur bouche, sinon la soif les tiraillerait encore plus et leur gorge les irriterait. Les particules de terres des Landes avaient pour habitude de s’insinuer partout, absorbant toute trace d’eau et desséchant par l’intérieur leurs victimes. Autant dire que peu de personnes n’osait se balader en ces lieux, et c’est bien pour ça qu’il les avait choisies.

Edgard revint finalement à leur camp de fortune. Quelques tentes avaient étaient déployés, mais le reste des habitations sommaires étaient faites de morceaux de bois secs et de tissus, la plupart arrachés de vêtements encore neufs.

Il tapa du pied les braises du feu de camp, qui laissa s’échapper un petit filet de fumée. Il s’approcha alors de sa tente et y entra.

A l’intérieur était disposés ce qu’il restait de ses affaires : des sacs de nourritures et sa fille, dormant au milieu de vêtements à moitié sales. Ses cheveux roux cachaient la moitié son visage, apaisé. Il secoua la tête, puis déposa machinalement le récipient à côté d’elle. Puis il ressorti précipitamment : il lui fallait trouver du bois pour attiser le feu.

Une vielle voix l’interpella alors :

« Où courez-vous comme ça ?»

Il ne répondit pas et continua sa route.

« Toujours aussi éloquent celui-là… »

La vieille dame s’appelait Aubépine et était l’une des doyennes de la guilde. Autrefois c’était une brillante assassine, ses poisons étaient des plus redoutables. C’est d’ailleurs elle qui mit au point une bonne partie de ceux utilisés aujourd’hui par les gens de la guilde.

Mais tous ces meurtres et souffrances l’avaient épuisé, autant physiquement que mentalement. A présent, elle s’était évertuée à ne plus prendre la vie, mais à la donner. Ou, tout du moins, à l’empêcher de s’en aller : onguents et contrepoisons, tel était son métier maintenant.

Elle farfouilla dans ses affaires et grommela.

« Qu’y-a-t’il ? »

Celui qui venait de parler n’était qu’un jeune apprenti du nom d’Antoine. Encore bon qu’à jouer à lancer des pierres. D’ailleurs, c’est le groupe qui leur avait été assigné à elle et à Edgard : de jeunes recrues ainsi que des familles inoffensives, victimes de guerres ou de chasses aux sorcières.

Ils avaient ainsi à leur charge pas loin d’une douzaine de membres, mais d’aucuns ne saurait se défendre en cas de danger.

« Je n’ai plus de potiron. » S’exclama amèrement la vieille dame.

« Et, c’est si grave que ça ? »

Un homme s’était approché à son tour et se mit à tapoter la tête du jeune homme.

« C’est que tu n’as jamais goûté à sa soupe ! » Il fit alors un clin d’œil à Aubépine, qui fit semblant de ne pas l’avoir vu, se mettant à vaquer à ses occupations.

A ce moment, Edgard revint au pas de courses et les mains vides. D’une voix tremblotante et essouflée, il s’écria :

« Il faut partir, vite !

- Que se passe-t’il demanda l’un des hommes ?

- J’ai vu de la fumée là bas, il doit y avoir un camp, il faut vite s’éloigner.

- Pourquoi s’enfuir ? Si ça se trouve, ce sont aussi des rescapés comme nous ! »

La vielle femme s’était approchée, une gourde à la main. Elle la tendit à Edgard et répondit :

« Nous sommes dans un territoire Orc ici. Dieu seul sait ce qu’ils réservent aux humains…

- Mais on peut se battre ! S’exclama une jeune femme.

- Oui, on a appris à se battre, on saura se défendre. »

Edgard ricana.

« Vous battre ? Vous n’arriveriez même pas à blesser une seule de ces créatures tous ensemble, alors contre un camp entier… »

Sa fille s’était approchée avec curiosité, se demandant quel était ce raffut. Elle sirotait sereinement l’eau contenue dans le récipient, lorsque son père tappa dedans, faisant tomber le contenant sur la terre desséchée.

« Qu’est-ce que tu fais encore là toi ? Va vite préparer nos affaires, nous partons sur le champ ! »

La jeune fille s’empressa de retourner à leurs tentes et disparue à l’intérieur.

« Ca ne sert à rien de s’énerver contre elle, siffla Aubépine. Elle n’y est pour rien.

- Oh toi la vieille, je ne t’ai rien demandé. Vas plutôt préparer ta soupe et fou moi la paix !»

Elle s’avança vers lui et le regarda fixement, sans sourciller :

« Si tu ne veux pas te retrouver agonisant un matin, tâche de surveiller ton langage. »

Il la regardait toujours droit dans les yeux mais n’osa répondre à ces paroles. Il avait vu suffisamment de gens mourir par ses poisons pour ne pas prendre à la légère ses menaces.

« Je préfère ça. » Elle retourna vers sa tente.

Tout le monde avait entreprit de ranger ses affaires, et le camp fut démonté en à peine une demi-heure.

La fumée venait de l'est, ils avaient donc entrepris d'aller à l'ouest. Ils marchaient depuis une bonne heure lorsque Edgard grogna : « Ca ne va pas du tout, il faut accélerer le mouvement !

- Ce ne sont pas des soldats, ajouta Aubépine, ils sont à bout de force.
- Eh bien qu'ils accélèrent ou je laisse tomber les trainards !

- Tu comptes les laisser mourir ? Ce ne sont que des femmes et des enfants.

- Si ce n'est pas moi qui les tue, ce sera eux !

Edgard pointa son doigt en direction de l'Est. La fumée s'était rapprochée d'eux, et on commençait à apercevoir une masse sombre au loin.

Aubépine dut admettre à contrecoeur qu'il avait raison. S'ils continuaient à ce rythme ils se feraient tous prendre d'ici quelques heures. Cependant ils ne pouvaient rien y faire : les orcs ou peu importe ce que c'était se rapprochaient de manière critique, et aucun endroit où se cacher ne pointait le bout de son nez. Tout n'était que désert plat et poussière. Poussiére ?

Aubépine s'arrêta net.

- Que fais-tu la vieille ? Grogna Edgard.

Elle s'était mise à fouiller dans un grand sac qu'elle portait jusque-là.

- Nous ne pourrons pas leur échapper. A la vitesse où ils vont, ils nour auront probablement rattrapé et tué d'ici deux heures.

- C'est pour ça qu'il faut accélérer ! Tu te remet en marche ou je te laisse là ?

Aubépine le regarda droit dans les yeux.

- Tu me fais confiance ?

- C'est quoi ce bordel ?

- Tu me fais confiance oui ou non ?

Edgard dût prendre sur lui pour ne pas exploser. Mais il la connaissait bien, la vieille, et il connaissait par cœur sa réputation. Elle n'avait jamais failli une mission, surtout lorsqu'il s'agissait d'assassina. Mais à présent elle avait changée. Elle s'était jurée de ne jamais plus tuer, mais surtout de protéger tous les membres de l'Oeil Rouge pris sous son aile. Réussira-t-elle cette mission impossible ?

- Oui, répondit-il finalement.
- Alors fais exactement ce que je te dis !

Elle demanda à Edgard de rassembler tout le monde en cercle. Lorsque ce fut fait, Edgard les fit s'assoir pendant qu'elle transféra des substances d'une potion à une autre. Au bout de quelques minutes une potion rougeâtre apparue dans l'un des flacons. Elle ordonna à tout le monde d'asperger leurs vêtements de l'eau qui leur restait et de ne surtout pas respirer ce qui allait suivre.

Aubépine déversa alors le contenua de la fiole tout autour d'eux. Le liquide tomba sur le sol dans un petit bruit de vapeur, puis le sol l'absorba en un rien de temps. Mais rien ne se passa.

- Raté. Et on fait quoi maintenant ? Grogna Edgard.

- Tais-toi et regarde ! Répondit-elle.

A ce moment, le sol autour d'eux se mit à bouillir, et les particules de poussières commencèrent à tournoyer. Au bout de quelques minutes une véritable tornade s'était formée autour d'eux, le groupe pris au plein milieu de l'oeil du cyclone.

Lorsque ce fut terminé, un épaix brouillard rouge les avait enveloppés. Les infimes particules de poussières volaient de-ci de-là, s'infiltraient dans les poumons et se collaient au bord des yeux.
Au loin, on entendait des grognements sourds, puis un cris de bête.

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