Chapitre 5

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Arrivée à la bibliothèque, un groupe de surveillants m’attendent de pieds fermes. Ils m’amènent dans une salle, étroite et sans fenêtre. Elle est composée de seulement une table et deux chaises, l’une en face de l’autre. J’imagine que cette salle est exclusivement réservée pour les interrogatoires par la pauvresse de sa décoration et du mobilier. Sur l'une des deux chaises est assis un homme d'une quarantaine d'année. Il a le visage bourru et expire férocement un soupir d'impatience. On m'invite, par un broyage d'épaules, à m’assoir en face de lui. Il prend la parole le premier.

« - N’essaye pas de nous mentir, nous avons vu la vidéo de surveillance du couloir dans lequel tu étais ».

Mon rythme cardiaque s'accélère. Je tente de reprendre le contrôle de ma respiration et des tremblements de mon corps. J'ai peur de ce qu'ils pourraient me faire et pour ne pas m'aider, mon regard tombe sur les matraques que ces surveillants portent à leurs hanches.

Que va t-il m'arriver ? Tout cette histoire pour satisfaire une envie folle et égoïste d'un gamin perturbé. Parce qu'il est clair qu'il est perturbé. Enfin, qui ne le serait pas en vivant ici.

Mon esprit se calme un peu et je m'intéresse de nouveau au parole que prononce la voix monocorde du quadragénaire.

" - Que te voulais –t –il ?

- Rien de spécial, juste me charrier.

- Vraiment ? Il riait de bon cœur pourtant. Vous vous étiez donner rendez-vous ? Pourquoi ?"

Il ne me croit absolument pas ! Allez Lucie, retiens toi de pleurer ! Ca va aller. Je n'ai qu'à leur dire ce qu'il comptait faire. Comme ça il ne s'occuperont pas de moi. Mais est-ce bien mérité pour ce jeune garçon qui ne cherche qu'à exprimer son tourment ? Même s'il n'a pas été d'une grande courtoisie à mon égard, cela ne mérite pas ma lâcheté.

Je répond d'une voix tramblante qui m'oblige à me répéter

"- Il se moquait tout simplement de moi !

- Vraiment ? Ecoute, tu viens d'arriver ici. Alors voilà ce que nous allons faire, si tu nous dis la vérité, je te promet qu'il n'y aura pas de conséquences, disons désastreuses. Mais si tu ne nous dis pas ce que vous trafiquiez ensemble, nous serons dans l’obligation de te le faire dire de force !

- Mais je vous dis la vérité !" Paniquais-je, un sanglot se frayant un passage dans ma gorge. "Je venais ici et il m’a interpellée ! Regarder vos vidéos puisque vous les avez !"

- Ne deviens pas insolente ! Cria-t-il. Tu viens souvent ici, pourquoi ? ».

L’envie de lui répondre franchement me pris soudain mais pour le moment il faut que je fasse profil bas. Au moins pour Victor. Hheureusement que je me suis entrainée pour ce mensonge.

« - J’aime lire et il n’y a qu’ici où je peux être à peu près tranquille ». Dis-je d’un ton mesuré et le regard légèrement sévère dû à la colère et la peur que je maintiens en moi.

« - Bien, dans ce cas, tu ne verras pas d’inconvénient à ce qu’une escorte te suive dans tes déplacements » dit-il peu convaincu.

Comme si j’avais le choix, pensais-je.

« -Non, répondis-je.

- Bien, l’affaire est close. Une escorte va te raccompagner à la salle commune. Tu comprends, bien évidemment, que ton temps à la bibliothèque est passé ». Dit-il en se préparant à partir, il ajouta :

« -J’oubliais, le docteur qui se charge de toi sera tenu au courant, bien évidement ».

La panique me reprend sur le chemin du retour. La possibilité de voir Victor m’est dorénavant impossible, je ne peux donc pas lui demander une confirmation des dires de Sébastien. De plus, le docteur Logan ne se gênera pas à me faire passer des examens supplémentaires pour ma soi-disant mauvaise conduite. Tout ça, à cause d’un gamin qui ne sait pas rester en place et qui est complétement lunatique. Mais tout cela n’est rien comparé à ses dernières paroles qui tournent dans ma tête. Le bloc opératoire.

Je reprends mon souffle, il ne faut pas que je laisse la place à la panique. Une chose est sûre, vrai ou pas, je dois prévenir la bande de ce que j’ai appris aujourd’hui.

Le fait que j’arrive à la salle commune escortée, inquiète le groupe. Arrivée à leur hauteur, je suis assaillie de questions ou de remarques désobligeantes. Je demande le silence, qui se fait peu à peu. Je leur raconte ma péripétie du matin et le doute sur la menace qui plane sur nous. Ils affichent une mine abasourdie, inquiète ou méfiante.

« - Comment être sûr que l’on peut se fier à ce qu'il dit? demanda Nat’

- Et il ne t’a rien dit d’autre ? demanda Lucas à son tour.

- Non, et je ne sais pas s’il faut le croire ou non, il a peut-être dit ça sous le coup de la colère.

- Je pense qu’il faut le croire ».

Tout le monde se retourna sur la personne qui a parlé. C’est Christopher.

« - Pourquoi ? Lui demanda Nat’ abasourdie.

- Parce qu’il est vrai qu’ils nous ont jamais demandé à rester en forme pour quoique ce soit jusqu’à maintenant. Cela fai deux semaines qu'ils ont commencé à me faire faire des exercices de cardio. C'est un peu étrange comme coïncidence. Et puis, je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais nos repas sont plus chargés que d’habitude comme si on allait être à la diète pendant un moment.

- Vous pouvez lui faire confiance niveau bouffe. Argumenta la rouquine

- Alors c’est vrai », annonça Nicolas comme une fatalité.

Le reste de la soirée se passe au calme, sous une atmosphère tendue. C’est avec le cœur battant que je retourne dans ma chambre pour dormir et que je me lève le lendemain, en ayant l’esprit encombré par mes mauvais rêves. Et le jour que l’on a tous redoutés, est arrivé, sans crier gare.

Le réveil eut juste le temps de sonner quelques secondes que déjà des infirmières me sortent du lit et m’habillent d’une tunique bleue. A peine réveillée, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je me débats comme je peux mais des mains à la poigne de fer me maintiennent sur le brancard afin que l’infirmière puisse me mettre les perfusions. Sur le moment, je dit que dès le matin, la douleur est la pire.

Je crois qu’ils m’ont administré un calmant car je n’arrive plus à bouger ni mes bras, ni mes jambes. Je me sens encore lourde lorsqu’on pénètre dans un ascenseur. A peine l’ascenseur ouvre ses portes, que des hurlements inhumains se font entendre. Ils me laissent ainsi seule dans une salle d’attente avec d’autres brancards. Je ne vois rien, ma vue à moitié cachée par le bonnet qu'ils m'ont mis sur la tête. Et je ne peux rien faire pour ne plus entendre ces cris. L’odeur et la terreur me soulève le cœur. Juste au moment de partir de la salle, je vois arriver, à son tour, Thomas. Pendant une fraction de seconde nos yeux se croisent et j’y lit la même terreur qui doit s’afficher sur mon visage. Je le vois faire un effort et me faire un sourire d’encouragement que je lui rends du mieux que je peux.

Me voilà installée dans une pièce remplie de machine, quelqu’un me met un masque à oxygène sur le visage et j’aperçois un autre brancard à côté du mien. Ce qui est dessus est recouvert d’une couverture, c’est petit, vraiment petit et ça à … des poils ! Je suis terrifiée. J’ai peur. J’essaye de me débattre, en vain. La dernière chose dont je me souvienne avant de m’endormir, c’est le visage sérieux et peu rassurant du docteur Logan.


Il fait noir, j’ai l’impression d’être sur une mer noire. Je n’y flotte pas, je la survole. Je ressens une soudaine douleur qui se transforme vite en une intense chaleur douce et rassurante. J’ouvre les yeux et vois une lumière blanche et lumineuse devant moi. Peu à peu, sa forme se clarifie, on dirait un chat. Instinctivement, je le prends dans mes bras et la lumière rentre en moi, en répandant sa chaleur dans tout mon corps.

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