Chapitre 03: Au domicile des Ella (2)

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Tandis qu’il descendait les marches d’escalier, David entendit sa fille hurler de colère dans sa chambre. Il comprenait à peu près ce par quoi elle passait actuellement. Changer d’environnement n’était pas chose facile, surtout pour une personne comme elle, une enfant en pleine croissance qui s’était vu dans l’obligation d’abandonner tout ce qu’elle avait connu jusqu’à présent. Cependant, en tant que membre de la famille Ella, elle n’avait pas le choix et David ne comptait absolument pas revenir sur ses propos. Aïcha devrait donc s’adapter à son nouvel environnement, et ce qu’elle le veuille ou non.

En arrivant au rez-de-chaussée, monsieur Ella tomba nez à nez avec une de ses employés qui lui demanda si tout allait bien, employant le terme « tonton » lorsqu’elle s’adressa à lui.

- Tout va bien, Angélica. C’est juste Aïcha qui a du mal à accepter certaines réalités, répondit-il.

- Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour aider ?

- Non, c’est bon. Tu peux retourner à ton poste. Elle finira par se calmer d’elle-même.

Après ce bref échange, Angélica fit ce qu’on lui demanda tandis que David retournait auprès de sa femme. Sur le trajet le menant en face de la maison où il avait laissé Meriem, l’homme tomba ensuite sur Junior devant la porte d’entrée, celui-ci venant de commencer le transport des valises de sa femme et de son enfant.

- Où est-ce que je les mets ? questionna le jeune homme.

- Tu peux les laisser dans le couloir à l’étage. On les rangera plus tard.

- D’accord.

Junior s’exécuta permettant ainsi à son patron d’aller enfin retrouver sa bien-aimée. Il ne la trouva cependant pas devant leur maison, ce qui le poussa à hurler son nom afin de savoir où elle se situait.

- Devant la piscine, répondit-elle alors.

Sans perdre la moindre seconde, David alla la rejoindre. Cette dernière lui demanda alors comment s’était déroulée la conversation avec leur fille.

- Comme on pouvait s’y attendre d’une conversation avec une enfant. Je lui ai expliqué les raisons pour lesquelles je vous ai fait venir ici, mais elle n’a rien voulu comprendre, dit-il.

- Je t’avais dit que ton enfant était difficile.

À ce moment, monsieur Ella ne pouvait pas s’empêcher de penser à la manière dont son épouse traitait toute cette histoire avec Aïcha. Quand cette dernière faisait des bêtises ou avait un mauvais comportement, elle employait toujours le terme « ton enfant ». Elle faisait bien en sorte de retirer sa part de responsabilité dans l’affaire.

- Quoi qu’il en soit, j’ai parlé avec elle. On n’a plus qu’à attendre et voir comment elle s’adapte.

- On verra en effet.

Le couple changea rapidement de sujet de conversation, notamment quand Meriem dit à son mari qu’elle avait essayé de monter dans la voiture pendant sa courte absence, mais qu’elle n’y était pas parvenue. David ne put alors pas s’empêcher d’esquisser un léger sourire, pensant que sa femme devait vraiment être très impatiente à l’idée de se retrouver derrière le volant de sa voiture.

- Je vais chercher la clé, lui dit-il alors.

L’homme retourna ensuite dans la maison dans laquelle cette dernière se trouvait.

-----*-----

David et Meriem étaient désormais devant la voiture. L’homme, qui tenait la clé de celle dans la main, la donna à sa femme qui s’empressa d’ouvrir la portière du véhicule. Cette dernière était visiblement très excitée. Comment ne pas l’être ? Son mari lui avait littéralement offert un magnifique cadeau. Était-ce une façon pour lui de lui souhaiter la bienvenue au Gabon ? Peut-être ou peut-être pas. Quoi qu’il en soit, elle était très contente et était également très impatiente de rouler avec à travers les rues de Libreville.

Le couple Ella monta donc dans la voiture, ce qui permit à Meriem d’avoir sa première expérience derrière ce volant. Celle-ci se mit alors le caresser comme s’il s’agissait de la première fois qu’elle touchait ce genre de chose. David, qui l’observait avec un léger sourire, lui demanda alors comment elle le trouvait, faisant bien évidemment référence au véhicule.

- J’ai envie de faire un tour avec dehors, répondit-elle.

- J’ai peur que cela ne soit pas possible. Tu n’as pas encore procédé au changement de ton permis de conduire.

Madame Ella ne put accepter cela comme réponse de la part de son mari. Elle se mit alors à insister et, après plusieurs dizaines de secondes, ce dernier finit par céder. Il lui dit cependant qu’ils feraient uniquement le tour du quartier, ce pour quoi elle fut immédiatement d’accord.

- Souleyman ! Ouvre le portail s’il te plaît, s’exclama l’homme en direction de son autre employé qui se situait près de l’entrée de leur maison.

- OK, patron !

L’homme en tenue de sécurité de gardiennage s’exécuta tandis que Meriem mettait le contact et démarrait le véhicule.

- N’oublie pas, juste dans le quartier. Je vais te guider, dit-il ensuite à son épouse.

- OK.

Le portail désormais grandement ouvert, monsieur et madame Ella partirent tous deux pour un tour de leur quartier.

-----*-----

Tandis que son patron était absent, Junior exécutait la tâche qui était la sienne à savoir transporter les bagages d’Aïcha et de sa mère de la voiture au couloir du premier étage de la maison. Alors qu’il venait de déposer une autre de leurs valises, le jeune homme entendit des pleurs en provenance d’une des chambres. Il sut immédiatement qu’il s’agissait de celle de l’enfant Ella, les bruits ressemblant à ceux émis par une jeune fille.

Junior se demanda aussitôt pourquoi elle pleurait et voulut même aller voir ce qui n’allait pas avec elle. Cependant, il se retint de le faire pour deux principales raisons. La première était à cause du comportement d’Aïcha. En effet, depuis son arrivée sur le territoire gabonais, l’adolescente s’était montrée plus hostile envers son pays et ses habitants y compris lui. Elle n’avait fait que les dénigrer, ce qui n’était vraiment pas un bon commencement. Ensuite, la seconde raison qui l’empêchait d’aller la voir était tout simplement le fait que cela risquerait de paraître inapproprié aux yeux de son patron. Il ne la connaissait pas et ne pouvait donc pas se permettre d’agir d’une certaine façon vis-à-vis d’elle. Le jeune homme la laissa donc pleurer dans son coin et poursuivit ce qu’il faisait.

Au bout de quelques minutes, et ce alors qu’elle était toujours en train de pleurer sur son lit, le téléphone portable d’Aïcha se mit à vibrer. Lorsqu’elle vérifia de quoi il s’agissait, elle se rendit compte qu’elle venait de recevoir un message de la part de sa meilleure amie Amanda.

« Qu’est-ce qu’il a encore fait ? Désolée pour le retard, je dormais », était-il écrit.

L’adolescente essuya ses larmes avant de répondre à son message en lui disant que Ridley était un con qui était incapable de la soutenir alors qu’elle traversait un moment difficile. Elle ajouta à ses dires les mêmes images qu’elle lui avait envoyées avant de poursuivre avec un autre message.

« Je lui ai envoyé ces images et il a osé me dire que je n’avais pas le droit d’insulter les habitants de ce foutu pays alors que ça ne faisait que quelques heures que j’y étais. J’ai tous les droits de le faire. Ces gens sont sales et leur pays l’est aussi. »

« Mais c’est un pays de merde dans lequel tu es. Regarde leurs routes putain. Ridy est vraiment un idiot. J’arrive pas à croire qu’il t’a même pas soutenu alors que tu ne fais que dire la vérité. »

« De ouf ! Le pire c’est qu’il continue toujours de me corriger quand je parle alors que je lui ai déjà dit que je détestais ça. Il le fait exprès. »

« Il exagère. Je me demande ce que tu lui trouves pour toujours rester avec lui. »

« En tout cas, il m’énerve. Je l’ai même bloqué sur les réseaux comme ça il apprendra à plus me faire chier. »

Amanda lui dit qu’elle avait bien fait et qu’elle aurait sûrement fait la même chose si elle avait été à sa place.

Après quelques dizaines de secondes, Aïcha demanda à sa meilleure amie si elle était disponible pour un appel, ce à quoi elle répondit qu’elle l’était. L’adolescente le passa donc et, immédiatement après avoir décroché, Amanda constata que quelque chose n’allait pas chez son amie. En effet, cette dernière n’arrêtait pas de sniffer, ce qui était la conséquence de ses pleurs.

- Qu’est-ce que t’as ? questionna-t-elle alors.

- Mes parents me font chier, répondit Aïcha.

Elle poursuivit en racontant à sa meilleure amie la conversation qu’elle avait eue avec son père. Et sans surprise, l’adolescente se rangea du côté de la jeune Ella. Mandy lui proposa alors une possible solution, ce qui surprit quelque peu la fille de David lorsqu’elle l’entendit.

- Non, je ne peux pas faire ça. Mon père risque de me tuer s’il le découvre.

- Pas si tu le fais petit à petit.

- Je sais pas. S’il l’apprend, je serai vraiment dans la merde.

- Aïcha, t’as envie de rester dans ce pays de merde ou bien tu veux revenir ici en France et rester avec Ridley.

L’adolescent hésita un bref instant avant de lui fournir une réponse en lui disant qu’elle allait le faire.

- Là, j’te reconnais.

Les deux filles discutèrent ensuite de la façon dont elles allaient procéder afin de permettre à Aïcha de retourner en France.

-----*-----

Une dizaine de minutes plus tard, le bruit des klaxons se fit entendre devant le domicile des Ella. Il s’agissait de David et Meriem qui revenaient de leur petite balade dans le quartier. Après avoir vérifié leur identité, Souleyman ouvrit le portail, leur permettant ainsi de rentrer dans la concession. Tandis que la nouvelle voiture de Meriem se dirigeait vers son lieu de stationnement, monsieur Ella lui demanda comment elle trouva sa tenue de route.

- C’est correct. Je n’ai rien à dire la concernant. J’aime vraiment beaucoup la conduire, répondit-elle.

- Content que ça te plaise. Dire que je n’étais pas vraiment sur quand j’ai choisi ce modèle, mais maintenant je suis soulagé.

- Il y avait quoi d’autre comme modèle ?

David lui répondit en lui donnant la liste de toutes les marques de voitures qui étaient présentes au moment de son achat, ce à quoi Meriem déclara qu’il avait fait un bon choix. L’homme suspecta cependant qu’elle aurait voulu avoir un autre modèle de véhicule.

- Si tu veux, on peut aller l’échanger pour quelque chose qui te conviendrait mieux, proposa-t-il alors.

- Non, ça va. Cette voiture me va très bien. En plus, je n’ai pas envie de faire dépenser inutilement.

- Madame Ella, rien n’est inutile lorsque cela vous concerne. Vous n’avez qu’à dire un mot et votre voiture sera remplacée au courant de la semaine.

- Non, tu n’as pas besoin de faire ça. Cette voiture me plaît.

L’homme lui demanda alors si elle était sûre de sa décision, ce à quoi elle répondit qu’elle l’était.

- OK, je prends note. Junior et toi irez donc cette semaine au ministère des Transports afin de procéder au changement de ton permis de conduire et pour transférer la voiture à ton nom…

David devint soudainement silencieux, ce qui préoccupa sa femme qui ne put alors pas s’empêcher de lui demander si tout allait bien.

- Oui, tout va bien. Je viens juste d’avoir une idée à propos de notre enfant.

- Ah bon ! Et de quoi s’agit-il ?

- Pourquoi Aicha et toi ne profiteriez-vous pas du reste de la semaine pour découvrir Libreville avec Junior ? Cela lui permettra de s’adapter un peu plus à cet endroit.

Meriem lui dit que c’était une bonne idée, mais qu’avec le comportement de sa fille, cela allait s’avérer très difficile.

- Je pense que tu n’as pas idée d’à quel point elle est têtue, poursuivit-elle.

- Tu es là pour la contrôler. En plus, je dirais à Junior de garder un œil sur elle durant vos sorties.

- Hum !

Au vu de sa réponse, il était clair que Meriem n’était pas très enchantée de jouer les babysitters pour son enfant.

- Allez, madame Ella. Faites-le pour votre charmant époux. Si vous le faites pour moi…

L’homme lui murmura ensuite quelques mots au creux de l’oreille, ce qui ne manqua pas de la faire réagir.

- David ! s’exclama-t-elle.

Le visage de Meriem devint soudainement un peu plus rouge. Quel que soit ce que son mari venait de lui dire, cela avait eu un grand effet sur elle.

- S’il te plaît, mon amour.

C’était au tour de David de se montrer insistant avec elle et, comme la fois précédente, cette dernière finit également par accepter sa proposition.

- Je vous en suis très reconnaissant, madame Ella.

- Tu as intérêt à l’être et surtout à respecter ce que tu as dit.

- Je n’ai qu’une seule parole.

Le couple passa encore quelque temps dans le véhicule, discutant de diverses choses, avant de finalement descendre et de se rendre dans leur maison.

A suivre!!!

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