Chapitre Quatre

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 Le jeune homme posa une main tremblante sur sa blessure. Il n’y trouva ni sang, ni chair meurtrie. Pourtant, il était certain de s’être blessé. Il leva les yeux vers le plafond du cockpit. Comment était-ce possible ?

 « Commandant, débuta la voix synthétique, vous avez été équipé d’une combinaison de protection YB.N4M.1.5v – communément appelé “Nam”. Elle améliorera votre condition physique en toutes circonstances et vous assurera une bonne santé. Veuillez ne pas l’enlever. Si vous désirez une meilleure protection, vous pouvez l’améliorer en N6M – communément appelé “Nem”.

 » Le commandant serait sympathique s’il pouvait descendre dans ma soute – reliée à mes réservoirs de carburant – pour y faire le plein. Mes moteurs sont secs. Ils ont besoin d’eau. J’apprécierai grandement un peu d’aide de votre part. Veuillez faire attention aux parasites qui niches dans mes conduits. Ils sont dangereux. Une fois mes réservoirs alimentés, j’effectuerai une purge. Dépêchez-vous. J’espère humblement que vous ne serez pas digéré comme les trois cents trente-deux autres commandants qui vous ont précédés. »

 Aucune réaction.

 « Commandant ? reprit la voix. Je décèle votre rythme cardiaque. Ne faites pas le mort avec moi. Je vous en remercie d’avance. »

 Toujours rien.

 « Avez-vous une réclamation à faire, commandant ? »

 Aucune réponse.

 « Je crois en vous, commandant. Battez-vous. Battez-vous », l’encouragea-t-il d’une voix monotone.

 Le jeune homme arrivait à peine à y croire. Il caressait son pyjama devenu lisse et doux. Une lueur bleutée du plus bel effet suivait la course de ses doigts. C’est tellement cool, pensa-t-il. C’était comme dans un rêve. Non. Il était dans un rêve. Il en était maintenant convaincu.

 « Nous n’avons guère le temps pour le narcissisme, commandant. Je vous saurais gré de vous tripoter ultérieurement. Des parasites approches de votre position. Vous avez quatre mille cinq cents secondes avant leur arrivée.

 — Que…

 — Les parasites ont infesté ma coque il y a huit milliards d’années et trois mois terrien. Je suis rouillé. Il me faudra trente secondes pour effectuer les réparations nécessaires à mon bon fonctionnement. Vous devez alimenter mes réservoirs. Dépêchez-vous. Je m’ennuie beaucoup trop.

 — Je veux rentrer chez moi, lui répondit-il.

 — Il m’est possible de vous ramener chez vous, en effet. Hélas, commandant, je ne suis pas assez emphatique pour le faire. Veuillez vous rendre dans la soute et remplir mes réservoirs. Actuellement, six millions de parasites se massent contre la porte d’accès au cockpit. Il m’est heureusement possible de les laisser entrer. Voulez-vous que j’ouvre les portes, commandant ?

 — Non…

 — Veuillez passer par l’écoutille à vos pieds. Une unité d’assistance vous attend à l’étage inférieur afin d’assurer votre protection. Votre bonne santé est notre priorité, commandant. Nous sommes fiers d’avoir assuré la protection de trois cents trente-deux commandants, et quinze millions de passagers pendant trois cents secondes avant d’être digéré. Vous êtes actuellement le commandant ayant survécu le plus longtemps. Toutes mes félicitations.

 » Information de dernière minute : les parasites viennent de trouver un chemin d’accès au cockpit. Veuillez descendre par l’écoutille au plus vite. Vous avez quarante secondes. »

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