Chapitre Deux

3 minutes de lecture

 Le jeune homme ne comprenait pas où il se trouvait. Tout était noir. Son couloir ? Il l’espérait de tout cœur. Il leva une main pour chercher un mur, l’autre plaquée sur son ventre de peur qu’un couteau ne le transperce. Un pas en avant. Un deuxième. Il ne parvenait pas à se repérer. Où est le mur ? se questionna-t-il, fébrile. Un troisième, et toujours rien. Il s’arrêta. Il devrait être là ! Il étira ses bras de part et autre et tourna sur lui-même pour le toucher. Mais seul l’air glissa entre ses doigts.

 L’angoisse l’agrippa, troubla sa respiration et noua son estomac ; une couche de sueur froide et une chaleur frissonnante le recouvrit d’horreur. Ce n’est pas mon couloir, comprit-il.

 « Où suis-je ? »

 Il ne désirait plus bouger. L’idée de s’accroupir et de se recroqueviller lui traversa l’esprit. Mais, c’est sa chair frémissante qu’il saisit et pinça pour en éprouver de la douleur. Il voulait rêver. Que tout cela soit faux. Il n’était pas certain d’avoir ressentit quoi que ce soit. Il se pinça plus fort. Encore. Et encore. Ses mains tremblaient. Il ravala ses larmes. Des impulsions de souffrance battaient sous sa chair meurtrie.

 « Pitié… Pas moi. »

 Puis, il se souvint qui il était : un chevalier inébranlable. Il se raccrocha à cette idée, redressa l’échine et bomba le torse, mais pas trop : il craignait encore les créatures, les tueurs et les démons cachés dans les ombres. Non. Il se sentait plus fort. Je tue tout ce qui m’approche. Je suis plus dangereux qu’eux, se répétait-il en boucle. Déjà, le fier guerrier laissait sa place à la bête.

 Alors qu’il progressait lentement, les dents serrées, les poils hérissés, les muscles prêts à bondir, à agresser toute forme de vie ; il pensait à divers évènements : un groupe de tueurs, la manière de les gérer, ou s’il aurait la force de commettre un meurtre. Au fond de lui, il savait qu’il hésiterait à tordre un cou. Il savait aussi que la peur allait faire naître en lui une explosion de violence terrible. Il se craignait plus que les ombres menaçantes. Chaque pas. Chaque geste. Chaque son. Sa crainte de lui-même ne faisait que croître et grandir ce monstre en lui.

 Puis, sa main toucha quelque chose de dur, de froid et de mobile, comme un grand serpent pendu au plafond. Sa texture chassa tout de suite l’image de l’animal de son esprit. Il pensa, plutôt, à un tuyau : il en sentit l’aspect métallique.

 Il continua à avancer en se retournant fréquemment de crainte d’être attaqué traîtreusement. Après quelques interminables secondes, ou, peut-être, minutes, il sentit la solidité d’un mur et la fraîcheur de barreaux dressés comme une échelle. Il n’aimait pas l’idée de grimper. Mais, avait-il le choix ?

 Une lumière se créa alors dans son esprit.

 « Pourquoi ne suis-je pas retourné dans ma chambre ? »

 Il fallait refaire tout le chemin en arrière. Il se maudissait pour sa bêtise. Cependant, en revenant sur ses pas, il s’aperçut que les tuyaux c’étaient étrangement démultipliés ; le passage devenu plus étroit lui laissait à peine de quoi bouger. Il se pensa perdu pour de bon.

 La peur prit le dessus ; la paranoïa devenue ingérable, l’animal en lui surgit tout en grognement et en colère : il se surprit à courir sans réfléchir, à chercher quelque chose à frapper, à meurtrir, à tuer. Mais. Il déboucha sur la grande surface d’un magasin alimentaire.

 La stupeur le fit s’arrêter, confus, sa lucidité revenue. L’endroit était pauvrement éclairé ; baigné par la pénombre. Il se retourna pour remarquer que l’ouverture d’où il venait était une déchirure dans le mur d’acier. Et, que sur sa droite se trouvait un grand raque avec un écriteau : « Carburant. »

 Il fit un tour sur lui-même.

 « Je rêve… »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire La Noiraude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0