Chapitre 34

5 minutes de lecture

Ayant prévenu ma mère de la venue de Lizéa, elle l’avait invité à venir dîner avec nous. Après avoir salué Lianna et Jordan, je donnais mon adresse à Liz qui nous y conduisit en voiture. Je lui montrais un endroit où se garer facilement. En entrant dans la maison, une bonne odeur de jambon grillé et de chèvre chaud me parvint aux narines.


— Maman ? l’interpellais-je en ne la voyant pas.

— Je suis en haut, chérie, j’arrive.

– Bienvenue chez moi. Tu peux t’asseoir sur le canapé en attendant ma mère, me tournais-je vers Lizéa.

— C’est… petit.

— C’est sûr, comparé au palais. Tu veux quelque chose à boire ?

— Un verre d’eau ira très bien, pour le moment.


Tandis que j’allais récupérer l’eau qui était au frais dans le frigo, elle fit le tour du salon et des photos de famille. Je me servis aussi un verre et ma mère descendit au moment où je lui donnais le sien.


— Bonjour, Madame. Je suis Nia Aubelin, la mère de cette mistinguette.

— Je suis enchantée de faire votre connaissance, Madame Aubelin.

— Asseyez-vous, je vous prie. Souhaitez-vous manger quelque chose avant le dîner ?

— Ça ira, merci.


Ma mère s’installa avec nous avant d’étudier Lizéa de la tête au pied. Ce qu’elle faisait toujours avec tous ceux que j’invitais à la maison, aussi rare soit-il.


— Alors comme ça, vous êtes une amie de ma fille ?

— En quelque sorte oui.

— Sans vouloir vous offenser, vous me paressez un peu trop âgée pour être amie avec ma fille.

— J’ai trente-cinq ans, en effet. Pour être honnête avec vous, Madame Aubelin, je suis la tante de l’Impératrice et j’aime beaucoup Élia. Ce n’est que la deuxième fois qu’on se rencontre, mais ce que j’ai vu au mariage de mon neveu m’a beaucoup plus. Ça faisait plusieurs années que je n’avais pas vu ma nièce aussi heureuse et c’est grâce à votre fille.

— Alors vous savez que l’Impératrice a aidé ma fille dans sa relation amoureuse avec Véra ?

— Élia ? m’interrogea Lizéa, perdue.

— Mais oui, Véra, celle qui travaille pour l’Impératrice, comme moi.

— Oh ! Elle. Et bien non, je ne savais pas.


Discrètement, il m’adressa un clin d’œil et accepta de jouer le jeu. Elle avait compris que je n’avais pas dit à ma mère que j’étais amoureuse de l’Impératrice elle-même, mais que j’avais différencié Véra Stinley de son titre d’Impératrice.


— Que pouvez-vous me dire de cette Véra ? Vous la connaissez bien ?

— Elle travaille pour ma nièce depuis son accès son trône. C’est une jeune femme de vingt-trois ans, très intelligente. Sa relation avec sa mère est compliquée, mais grâce à Élia, Véra tente petit à petit de reparler avec sa mère. Véra fait partie d’une des plus grandes familles de Glenharm. Si Élia et elle, devaient se marier un jour, vous n’auriez aucun souci à vous faire sur leurs finances.

— Tu ne me l’avais pas dit ça.

— Il y a tellement de choses à dire sur elle, maman ! Je n’en ai juste pas eu le temps. Et puis, c’est vrai, elle est riche, mais ce n’est pas ce qui compte.

— Qu’est-ce qui compte, dans ce cas ?

— Elle, avant tout. La voir sourire, travailler auprès d’elle. Je l’aime vraiment, maman. Ça a été compliqué au début, j’en ai souffert, c’est vrai, mais je l’aime plus que tout.

— Je suis contente de te l’entendre dire, ma grande. Je suis contente que tu aies trouvé quelqu’un qui te convienne et qui t’accepte tel que tu es.

Souriante, je vins m’asseoir sur les genoux de ma mère et lui entourais le cou de mes bras.

— Tu sais qu’un jour, je vais y retourner. Au palais, je veux dire, là où Véra travaille.

— Je sais, chérie. J’ai toujours su que tu ferais ta vie en dehors de ce village, où tu n’as jamais eu ta place. Comme tu n’as que dix-sept ans, je n’ai pas envie de te laisser partir, tu es encore mon bébé, mais je sais que ta vie est là-bas maintenant. Mais surtout que tu y es bien et heureuse.

— J’y ai trouvé ma place oui. Auprès de ces deux femmes.

— Je ne sais pas si c’est possible, mais comme ma fille travaille pour l’Impératrice, j’aimerais bien la rencontrer.


Je m’étouffais alors avec ma salive et partis me rasseoir en rougissant.


— Ça devrait être possible, lui répondit Lizéa. Cependant, je pense qu’il serait mieux que vous rencontriez la petite amie d’Élia avant l’impérative.


Lizéa était ma sauveuse. Si ma mère rencontrait l’Impératrice avant Véra, ça aurait été beaucoup plus compliquer de lui dire la vérité sur notre relation. Lui dire que ces deux femmes étaient une seule et même personne.


— Je veux bien. À condition que je la rencontre avant que tu ne retournes au palais.

— J’accepte ta condition. Je lui en parlerais.

— Merci ma grande. Je vais commencer à préparer le dîner, vous pouvez aller vous promener autour de la maison en attendant.

— Je te suis, Élia.

— Vous ferez attention à ma fille ?

— Comme si elle était ma nièce, je vous le promets.


Rapidement, je récupérais mon sac et invitais Lizéa à me rejoindre à l’extérieur. Sans réel but, on marchait sur le chemin proche de la maison. Celui qui a été l’objet de nombreux souvenirs.


— Ta mère semble très protectrice, commença Lizéa.

— C’est le cas. Elle fait très attention à toutes mes fréquentations à cause de mon passé. Et encore, tu n’as pas rencontré ma sœur.

— Véra m’a expliqué. J’espère pouvoir la rencontrer un jour.

— Iléna c’est… c’est compliqué à expliquer à quel point nous sommes proches.

— Expliquer une relation est toujours compliqué.

— Aussi, merci de n’avoir rien dit à ma mère à propos de Véra.

— J’ai cru comprendre que tu ne lui avais pas tout dit.

— Ce n’est pas simple de dire qu’on est l’amante de l’Impératrice.

— C’est comme ça que tu te vois ? L’amante de l’Impératrice ?

— Oui, parce qu’on cache notre relation à tous.

— Pourtant tu là avoué haut et fort au mariage de Marcus.

— J’étais blessée et… je sais que je l’ai blessé aussi.

— Ce que tu as dit à ta mère à propos de ton amour pour ma nièce, tu étais sérieuse ?

— Oui. En étant ici, j’ai compris qu’elle me manquait vraiment. Autant que ma sœur en fait. Mais je dois accepter qu’elle reste avant tout l’Impératrice. Il y aura toujours ce titre qui se mettra entre nous et je ne pourrais rien faire pour lutter contre.


On discuta pendant encore une vingtaine de minutes avant de rentrer chez moi. Elle dîna avec nous avant de rentrer. Elle avait d’autres défilés à faire et ne voulais pas veiller trop tard. Après m’être salué, je la regardais s’éloigner au volant de sa voiture, ma mère juste derrière moi.


— Je suis contente d’avoir pu discuter avec elle. J’ai pu en apprendre plus sur qui tu étais au palais.

— Je n’ai rencontré Lizéa qu’une fois, au mariage de Marcus, mais je ne sais pas comment t’expliquer…

— Tu es attirée par elle ? Comme tu l’es avec Iléna ?

— En quelque sorte. L’Impératrice et Marcus m’ont dit que je pouvais lui faire confiance et lui parler de tout. Finalement, ils avaient raison.

— Il commence à faire frais, rentre dans la maison.

— Je vais aller me coucher aussi, je suis un peu fatigué.

— Bonne nuit ma puce.


Après avoir embrassé ma mère, je pris une rapide douche et me couchais avant d’appeler Véra. Je lui racontais ma journée, sans lui dire que sa tante avait été présente. Je craignais qu’elle soit jalouse, qu’elle débarque aussitôt, mais surtout que ma mère m’écoute et fasse le lien.

Annotations

Vous aimez lire Le studio d'Anaïs ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0