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« Une foule dévergondée ».

Voilà ce que me dictaient mes premières pensées à la vue de ces individus aux chevelures peroxydés et au look singulier qui buvaient, fumaient, hurlaient et dansaient dans chaque recoin de ce club branché.

Là, sous mes yeux ébahis, des centaines de jeunes écervelés se déhanchaient avec énergie sur l’impressionnante piste de danse où, épris de liberté, ils se laissaient aller à la cadence d’une musique électronique dont les variations savamment dosées branlaient avec entrain leurs corps de jeunes adultes surexcités.

Sans aucune retenue, sans même la moindre pudeur, sous l’étonnement de mon regard fasciné, je les voyais se frotter les uns aux autres, avec un plaisir partagé et largement savouré. Aussi, et sans que je ne comprenne réellement pourquoi, je fus pris par un sentiment d’écœurement à la vue de cette chorégraphie simpliste, bête et salace.

Je me fâchais d‘un tel libertinage. Comment pouvait-on oser à se laisser-aller à un tel excès de luxure sous le regard de son voisin ? Comment était-ce possible ? Avais-je la berlue ? À croire que non, puisqu’en rien l’on ne pouvait se méprendre sur ces créatures de la nuit, tant ceux-là n’avaient aucune dignité à se désinhiber sous l’œil de chacun dans ce lieu de dépravation.

« Alors c’est ça une discothèque ? », pensais-je avec désarroi. « Un énorme chaudron dans lequel l‘on fait chauffer un tas de viande suintante, volontairement épicée par endroit d’une herbe aux effets frénétiques et obscènes ! » Voilà, l’image que j’embrassais de cette discothèque. Oui, voilà l’image que j’embrassais, dégoûté, de l’ALPHA et de ses occupants sans chastetés ni cervelles. « Quel scandale ! Quelle infamie d’être là, entouré de tous ces satyres et autres salopes dans cet endroit de débauche ! »

Je n’avais qu‘une hâte, celle de quitter illico presto l’ALPHA et ses protagonistes aux allures stupides, car en rien j’en avais ma place.

Seulement, le choix de demeurer ou de déguerpir se heurter à ce que je m‘étais promis en parvenant dans les lieux de l‘ALPHA, et malgré mon désir de fuir, je ne pouvais en aucun cas détaler. Je ne pouvais en rien rester là sans rien faire, droit comme un piquet, les bras croisés à espérer voir venir ma Jiznée m‘apostropher. Il me fallait bouger, réagir urgemment et espérer l’apercevoir dans la cohue de cette discothèque sans éthique et sans valeur.

Alors, bien que aguerri par mes tourments d‘autrefois, l‘idée même de me confondre dans l’impressionnante masse de mes congénères, affamés de sensation forte, ne m’enchantait guère.

Cependant, armé d’une âme conquérante et téméraire, je me vis, dans un élan de bravoure honorifique, fendre la foule sautillante de ce chaudron bouillonnant.

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