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Il devait être environ huit heures du soir, j’avais dormi toute la journée. Torpeur évanouie, j’eus la nausée. Le réveil fut brutal. Une odeur suspicieuse avait envahi toute la chambre. En effet, l’air se trouvait être fort corrompu. C’était infect, répugnant, voire même écœurant. De l’air. Oui, un grand bol d’air, c’est ce dont j’avais besoin. Prestement, le torse nu, je sortis du lit pour ouvrir en grand la porte fenêtre de notre chambre qui donnait sur un balcon où j’allai me poser, les deux mains appuyées sur le garde-corps. Là, je pris une grande bouffée de cet air qui me soulagea de mon envie de vomir. A l’horizon, le soleil avait déjà disparu laissant place à de noirs nuages d’un ciel orageux exécuteurs des hautes œuvres. Légèrement hagard, je retournai dans la chambre. L’insoutenable puanteur de la pièce me donnait l’étrange impression d’évoluer dans une épaisse fumée. Je me souviens alors avoir alerté ma mère par ces quelques paroles: « Maman, réveille-toi vite, il faut quitter la chambre ! ». Mais rien, aucune réponse de sa part. Je m’approchai d’elle, la pris, la remuai, lui caressai le front, son cou, sa nuque, puis un sein, rien. Morte, le visage blafard, elle puait. SILENCE.

Là, près de son corps nu posé sur le beau drap blanc, je vis du sang. Son bras gauche, comme lourd et abandonné qui tombait vers le plancher, éveilla ma curiosité. Sans perdre un instant, avec beaucoup de délicatesse, je lui saisis. Une nappe de sang stagnant sur le plancher me fit comprendre l’étendue du drame. Son membre, froid et légèrement raidi, était marqué d’une profonde entaille dont le dessin allait de son poignet jusqu’à la moitié de son avant-bras. C’était horrible, jamais de ma vie d’enfant gâté, je n’avais été confronté à une telle situation.

Sur la table de chevet une lame de rasoir était posée. Du sang d’un rouge terni colorait des deux cotés l’objet tranchant. Très vite, presque instinctivement, je mis la main dessus et la fit danser entre mes doigts. Je la regardai scrupuleusement en la soupesant pendant un court instant, puis la mis dans l‘une des poches de mon jeans. « Absurde!», pensais-je médusé, « Est-ce avec ce minuscule objet de toilette que ma mère s‘est donné la mort ? »Je ne pouvais me résoudre à croire à cet indicible acte qui l’aurait amenée à en finir avec la vie. Et pourtant.

Dehors, aux regards des vivants, la tempête entama son travail de sape. Le vent se mit à souffler un peu plus hâtivement, pour se déchainer, sans ambages, quasiment violemment. Dès lors, la pluie tomba en trombe. Mais là où tout suivait son court, dans cette chambre plus rien n’avait de sens. Comment était-ce possible ? Je ne cessais de me questionner sur ce terrible drame qui obscurcissait mes pensées, mais en vain. Je ne saisissais pas ce qui c’était passé, et j’allais encore moins comprendre ce qu’il allait advenir. Pourtant, pendant un court moment, à ma grande surprise je pris un air condescendent face à la mort. Il est vrai que l’indulgence n’était en rien une de mes qualités.

Tant est que la mort de ma mère fut une triste et très regrettable nouvelle, celle-ci n’allait pas être le seul coup de théâtre de la soirée, car une autre surprise m’attendait, une intervention divine qui allait s’incarner dans le corps d’une nymphe, celui-là même de la très troublante et mystérieuse Jiznée.

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