chapitre 29

8 minutes de lecture

Une vingtaine de minutes plus tard. A l’extérieur du bâtiment, plusieurs voitures d’agents du CAS sont garées devant. Les captives vont être escortées jusqu’au commissariat de police le plus proche. Les malfrats vont être interrogés avant d’être envoyés dans un établissement pénitencier secret, où personne ne saura ce qu’ils sont devenus. Des individus disparaissent tous les jours et dans ce cas, personne ne pleurera sur leurs sorts. Peterson est assis sur le capot d’une voiture, sa fille serrée contre lui. Elle sanglote en silence, tremblant de tout son corps, tandis que son père l’embrasse et lui murmure des mots rassurants. Des scientifiques transportent le corps sans vie de Karl vers une camionnette. Le bras droit du directeur lui jette à peine un regard.

Peterson voit son supérieur qui se dirige vers lui. Il se penche vers sa fille et lui dit.

- Va m’attendre à la voiture, on rentre tout de suite. Ta mère t’attend, elle t’a préparé ton plat préféré. Je n’en ai que pour quelques minutes.

La jeune fille acquiesce de la tête avant de se diriger vers la voiture. Peterson la regarde partir en poussant un soupir d’aise, rassuré que tout se soit bien terminé. Il est fier d’elle, il s’agit bien de sa digne fille. Elle a de la force à revendre, mais elle est également très jeune. Il va lui falloir beaucoup d’amour, de temps et de séances chez un psychiatre pour se remettre d’une telle épreuve. Peterson se promet d’être là pour elle, il ne l’abandonnera plus jamais.

Il sait d’avance que son supérieur va lui passer un savon pour le bourbier dans lequel il s’est retrouvé mêlé. Cross lui avait dit d’agir discrètement, mais Peterson est trop heureux d’avoir retrouvé sa fille saine et sauve. Il est prêt à encaisser toutes les sanctions. C’est donc avec surprise qu’il le voit applaudir.

- Bon travail ! s’exclame Cross.

- Je dois vous présenter des excuses pour avoir utiliser nos moyens d’investigations.

- Croyez-vous vraiment que je l’ignorais ? lui demande Cross, sur un ton amusé.

Peterson regarde avec étonnement son supérieur. Cross ne peut s’empêcher d’avoir un petit sourire au coin, en voyant la surprise sur le visage de son agent.

- Je sais tout ce qui se passe dans mon agence. Je n’allais pas abandonner mon bras droit. La famille c’est la valeur la plus importante au monde. Il ne faut jamais l’oublier !

- Je ne vous remercierai jamais assez, Monsieur dit Peterson, sur un ton de profond respect.

Cross hoche machinalement la tête, peu touché par les remerciements sincères de son agent. Il retrouve son air sérieux, avant de poser la question, qui lui brûle les lèvres :

- Dites-moi plutôt comment cet homme a été immolé ?

- Je n’ai pratiquement rien eu à faire. La personne qui les a vraiment aidées, c’était l’une des personnes que l’on recherche. Je l’ai vu utiliser son pouvoir. J’ai essayé de l’arrêter mais il a pris la voie des airs. Je ne savais pas qu’ils pouvaient faire une telle chose.

- Et oui ! Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur eux dit cross, en souriant d’un air prédateur.

- Il ne semblait pas maléfique, c’est lui qui les a sauvées, pas moi !

- Ainsi donc l’un d’eux a voulu jouer au héros. Intéressant, ce ne sont pas juste des êtres diaboliques. Je suppose que vous n’avez pas vu son visage ?

- Il était masqué. Je regrette !

Cross fait la moue, mais il s’y attendait. La traque n’aurait pas été aussi jouissive sinon. Un de ses adversaires a prouvé qu’il existe une partie humaine en lui. Ce ne sont pas que des monstres dénués d’intelligence. Ils montent d’autant plus dans son estime. La chasse n’en sera que plus passionnante.

- Je m’en doutais. Ça aurait été trop facile. Rentrez chez vous, je finis ici. Mais je veux votre rapport à la première heure demain.

Peterson acquiesce de la tête avant de se diriger rapidement vers sa voiture afin de retrouver sa fille. Cela ne fait que quelques minutes qu’il l’a quitté, mais il a l’impression que cela fait des heures. L’agent a besoin de rester près d’elle, de sentir son odeur, pour s’assurer qu’il ne rêve pas et que ce cauchemar est bien terminé. Il se dit que finalement son supérieur n’est pas si cruel que ça. Il y’a tout de même du bon en lui.

Sur le toit de l’immeuble en face. Shawn est perché sur le bord, son masque à la main et observe la façon dont le CAS procède pour le nettoyage des lieux. Il aimerait tant sauter de son abri, attraper le responsable et l’obliger à lui révéler tous ses secrets. Il donnerait tout pour que cette maudite agence disparaisse à tout jamais. Il a suffisamment de souci à gérer. A chaque fois, ils se trouvent sur son chemin et semblent en savoir long sur lui et sur ses demi-frères. Ils donnent l’impression qu’il représente le mal à l’état pur et finalement ils ont peut-être raison. Shawn a beaucoup de mal à savoir s’il existe toujours du bon en lui. Un humain « normal » n’aurait pas pu assister à l’immolation d’un homme, sans ressentir la moindre émotion. Il y’a tout de même quelque chose qui ne tourne pas rond chez lui et cela lui fait peur.

Mais le bon coté dans tout ça, c’est que toute cette histoire est de l’histoire ancienne. Aucune fille n’a été blessée durant l’affrontement. Il n’est peut-être pas le super héros qu’il aurait voulu devenir, mais il a pu aider des personnes innocentes. Et c’est tout ce qui compte à ses yeux.

Il est pressé de revoir Morgan et qu’elle soit à nouveau pétillante et pleine de vie. Elle ne saura jamais tous les risques qu’il a pris pour la sauver, mais peu importe. Il préfère que la situation en soit ainsi. Personne ne doit découvrir son rôle dans cette histoire. Il sort de ses rêveries en entendant des applaudissements venant de derrière lui. Shawn fait volte face, la main tendue, prêt à envoyer une boule de feu sur l’individu qui serait assez stupide pour s’en prendre à lui. Mais il se ravise en reconnaissant Max. Le jeune rebelle avance vers lui, ne semblant pas inquiet à l’idée que son demi-frère puisse s’en prendre à lui.

- Toi ! Mais qu’est ce que tu fous là ? demande Shawn, surpris.

- C’est Cheyenne qui m’appelé. Elle avait peur que tu fasses des bêtises, je devais donc veiller sur toi.

Shawn acquiesce de la tête en entendant cette explication. Il aurait dû se douter que son amie préviendrait quelqu’un. Elle se faisait du souci pour lui, il ne peut pas vraiment lui en vouloir. L’étudiant aurait dû s’y attendre et ne pas être surpris de voir un de ses demis -frères, mais il aurait préféré que ce soit Hayden. Il ne sent toujours pas à l’aise en présence de Max et ne trouve pas les mots pour lui parler. Il y’a toujours un climat glacial entre eux et il ne sait pas comment briser la glace.

- Tu as tout vu ?

- Je n’en ai pas raté une miette. Tu as été brillant, pour une fois. J’aurai dû filmer et mettre la vidéo sur youtube, ça aurait été marrant ! s’exclame Max, sur un ton moqueur.

- Content que ça te fasse rire !

Shawn est épuisé par sa soirée mouvementée. Il ne sent pas d’humeur à supporter l’humour caustique de Max. Le jeune noir sent la colère s’emparer de lui et empourprer ses joues. Il a très envie de cogner son demi-frère. Cela lui ferait du bien, mais il se retient, ne voulant pas de problèmes avec lui. Il le regarde avec mépris et pointe un doigt menaçant dans sa direction, avant de dire, d’une voix chargée de colère :

- J’ai failli mourir plus d’une fois et toi tu es resté là, à te la couler douce ! Oui, c’est clair, c’est vraiment marrant !

- Eh, tu n’as pas besoin d’un chaperon. Tu es assez grand pour te fourrer dans un merdier ! Rien ne m’oblige à nettoyer à chaque fois, derrière toi. Je l’ai déjà fait. Une fois mais pas deux.

- De quoi tu parles ?

Max pousse un long soupir, il ne voulait pas parler de cet épisode. Mais il est trop tard pour revenir en arrière. Il se mord la lèvre inferieur, avant de finir par dire :

- Quand tu as mis le feu au gymnase, j’ai dû m’occuper des agresseurs de Sarah. Ils auraient tout balancé à la police et ils avaient vu ton visage. Je les ai supprimés pour qu’ils restent muets à jamais.

Il faut quelques secondes à l’étudiant pour digérer cette nouvelle information. Il ne comprend pas pourquoi Max ne lui en a jamais parlé avant et surtout pourquoi il l’a aidé. Il a toujours le sang de plusieurs personnes sur les mains. Il continuera à en faire des cauchemars mais au moins la liste a diminué.

- J’ai toujours cru que je les avais tous tué !

- Et ben non ! alors tu te sens mieux ? Tu te sens moins comme un monstre maintenant !

Shawn le regarde en secouant tristement la tête, atterré par l’attitude de son demi-frère. Il se promet de ne jamais devenir comme lui. Il aimerait lui crier dessus, mais il est juste las.

- Va te faire foutre !

Il se dirige vers l’autre coté du toit afin de s’envoler, mais Max l’arrête du bras lorsqu’il passe à sa hauteur. Shawn se dégage violemment et lui jette un regard noir, avant de vociférer d’une voix chargée de menaces :

- N’avise plus de poser la main sur moi !

- Ecoute! Je sais ce que tu ressens. Tu crois que tu as bien agi. Tu as combattu des méchants et ton pouvoir n’a pas été une malédiction. Mais nous avons un autre but. Nous avons des pouvoirs et ce n’est pas pour rien.

- Ah oui ! alors peut être que tu peux me dire pourquoi nous avons ces pouvoirs.

- Pour la guerre contre les anges.

- Désolé, j’ai raté ce cours au catéchisme dit Shawn sur un ton sarcastique.

- Tu peux continuer à jouer au super héros, mais un jour ta véritable nature prendra le dessus. On ne peut pas toujours aller contre sa destinée.

- Nous verrons bien. Une chose est sûre, je suis le seul maitre de mon avenir.

Max se contente d’hausser mollement les épaules, visiblement peu touché par les paroles de son demi-frère. Pour lui, ce n’est que du vent. Shawn finira bien par se rendre compte qu’il se trompe et que son destin est tout autre. Il espère juste qu’il ne l’apprendra pas dans la souffrance.

- Bien ! Sur ces belles paroles, je te laisse ! je vais me pieuter. Te suivre toute la soirée n’a pas été de tout repos.

Ne possédant pas le pouvoir de lévitation de son demi-frère, Max se dirige vers l’escalier de secours. Shawn le regarde partir, réfléchissant à ce que son camarade vient de lui dire.

Le jeune noir regarde le ciel sombre avant de pousser un long soupir. Il se cherche encore, afin de savoir ce qu’il veut vraiment dans la vie. Il se demande quelle est sa vraie nature. Est ce qu’il est vraiment destiné à se servir de ses pouvoirs dans le but de perpétrer un carnage au nom de quelque chose qu’il a encore du mal à croire ? Il essaye de se rappeler comment été son existence avant que tout cela ne lui tombe dessus. Cette vie est très loin pour lui. Jamais, il ne pourra avoir une vie normale. Il soupire avant de sauter de son perchoir et de voler entre les buildings de Chicago.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Tewfik Alimoussa ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0