15 avril

2 minutes de lecture

Je sors de la douche : sur la commode la diode verte au coin de mon téléphone clignote. Un message ! Ce minuscule rond, d'un vert pas même beau, hésitant entre la pomme et l'émeraude fanée, constitue pourtant le plus grand disque d'espoir du XXIe siècle. Sous cet atermoiement électrique, entre obscurité et lueur, se dissimule les peurs et les joies de tous.


Avant de me saisir de l'iPhone de Pandore (je n'ai pas d'iPhone, mais un équivalent au nom imprononçable, aussi simplifié-je pour la bonne compréhension de tous), je passe en revue toutes les émotions auxquelles je serai susceptible d'être confronté selon le message reçu. Préparation mentale intense : il fait bon être sur ses gardes. Tout peut se cacher.


- La chute de tension (électrique) :

        Message du 36008, à 10h15 :
" Cher client, nous vous informons que pour des opérations de maintenance le réseau sea coupé le 18/04 de 16h à 17h30. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée."


- La nostalgie :

        Message de "Maman", à 10h15 :
" Pierre, à quelle heure arrives-tu à la maison ? J'ai préparé une tarte au thon et j'ai besoin de savoir pour quand la réchauffer."


- La lassitude :

        Message de "Jules", à 10h15 :
" Je peux passer chez toi récupérer mon sac tout à l'heure ?"


- La faiblesse :

Message de "Louis C." à 10h15 :
" Smaguy viens à l'appart ce soir ! On se la colle avec Jéro et ensuite on décale au Grand Rivage ! Go, ça va être full gun ! "


- L'amusement :

Message de "Esther", à 10h15 :
" Smaguychoupinou d'amour, mon petit lapin, j'organise une chasse aux oeufs à la coloc lundi soir, tu veux venir ? Je vais essayer de pas tout manger d'ici là hihi :) Kissouuuuuu "


- La souffrance :

Message de "Caroline", à 10h15 :
" Que fais-tu pour les vacances d'été ? J'ai une petite folie à te proposer."


Finalement, rien de tout cela. Le message était de Constance et disait "T'es à Paris ce soir ?". Un déchaînement de sobriété, une flaque toute neutre posée là dans l'océan mouvant des sentiments à venir. Je me sens déçu. On espère toujours l'impensable, l'extraordinaire, qui si rarement survient... Cette lumière verte, on se prend à croire que c'est celle du phare après la longue traversée, quand toujours elle accouche d'un néant. La morosité durera toujours, ou au moins vaincra à la fin : elle est à la fois en haut et en bas de la falaise. Qu'il est difficile de rester sur la pente...


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