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« Maman, je suis fatigué !

- Attend encore un peu, s’il te plaît. De l’autre côté de la forêt nous pourrons prendre un attelage et continuer plus vite. Il faut encore marcher, nous y serons bientôt.

- Mais ça fait longtemps que nous sommes partis ! Et c’est le milieu de la nuit !

- Ne t’en fais pas. Avant l’aube, nous aurons quitté cet endroit.

- Et pourquoi Père n’est-il pas là ? Il pourrait nous aider.

- Je t’ai déjà dit que je t’expliquerai. Nous ne pouvons pas… Enfin, laissons cela. »

L’enfant remarqua l’air triste de sa mère et ne posa plus de questions. Il bâilla. Pendant longtemps encore, ils marchèrent d’un pas vif, la jeune mère tenant son fils par la main. La lune suivait leur chemin de ses rayons, les appels des créatures nocturnes résonnaient parfois entre les arbres.

Soudain, deux silhouettes se trouvèrent devant eux. Les fugitifs s’arrêtèrent, effrayés. L’éclat d’un poignard luisit un instant dans le clair de lune. L’une d’elles prit la parole d’un ton sarcastique :

« Que font une femme et un enfant en pleine nuit dans cette forêt ?

- Ils ne savent pas encore ce qui pourrait leur arriver. commenta l’autre.

- Mais peut-être, reprit le premier, avez-vous de quoi payer votre passage. »

À ce moment, un troisième personnage arriva derrière eux.

« Si vous les aviez reconnus, commença-t-il en s’adressant aux deux hommes, vous ne les menaceriez pas. »

Les fugitifs se retournèrent vivement vers le nouvel arrivant. Celui-ci reprit :

« Si vous blessez ces deux voyageurs, on sera tous les trois exécutés. Sentence immédiate. On retourne avec eux au camp. »

Il s’adressa à la jeune femme avec une déférence moqueuse :

« Madame, si vous pouviez nous faire l’honneur avec votre fils d’être nos hôtes pour la nuit, nous vous raccompagnerions dès demain à votre demeure.

- Le roi a déjà annoncé une prime pour notre capture, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.

- En effet. Maintenant, suivez-moi. »

Ils partirent, les brigands escortant les deux fugitifs. Après de nombreuses minutes de marche au cœur de la nuit oppressante, ils arrivèrent à une maison de bois.

« Le logis est modeste, déclara le chef de brigands, mais ce n’est que provisoire. Après vous, je vous prie. »

Il fit entrer la jeune femme et son fils pour les conduire à une pièce presque vide.

« Je vous prierais de demeurer ici, Vos Altesses. » ironisa-t-il avant de les y enfermer.

Dès qu’ils furent seuls, la jeune femme se laissa tomber sur une chaise et cacha son visage dans ses mains. Inquiet, son fils s’approcha d’elle et lui saisit la manche.

« Maman ? Que va-t-il nous arriver ? »

Elle le regarda et répondit d’une voix altérée :

« Ils vont nous ramener au château.

- Alors tout va aller mieux, n’est-ce pas ? Puisque Père sera là.

- Non, Nikita, dit-elle doucement, il ne faut surtout pas retourner là-bas.

- Pourquoi ?

- Si nous sommes partis ainsi, c’est parce que nous étions en danger. »

L’enfant ouvrit de grands yeux surpris.

« C’est vrai ? Mais il n'y avait pas de problème, si ?

- Tu ne peux pas vraiment comprendre. »

Les larmes aux yeux elle caressa les cheveux de son fils. Elle lisait l’inquiétude sur son visage innocent, mais hésitait à lui révéler la raison de leur départ.

« Explique-moi, demanda-t-il, s’il te plaît ! »

Elle soupira tristement.

« Même si c’est une histoire d’adultes… insista l’enfant.

- Si je te le dis, cela va te blesser.

- Mais de toute façon un jour, tu me le diras. Pourquoi pas maintenant ? S’il te plaît… »

Indécise, l’esprit déchiré par la réalité impitoyable, elle chercha longuement ses mots ; en vain. Même si elle ne voulait pas qu’il y ait de secret entre elle et son fils, elle souhaitait le protéger avant tout. Mais elle avait également conscience que le temps pressait terriblement, ils n’avaient aucune échappatoire et elle craignait ce qu’on pourrait lui dire une fois de retour au palais. Finalement, elle commença malgré elle :

« Si nous sommes partis, c’est parce que ton père… »

Elle s’arrêta. Comment expliquer cela à un enfant de six ans ? Elle prit une inspiration et reprit :

« Ton père et moi avons eu un… différend.

- Mais ce n’était pas ça, le danger, n’est-ce pas ? »

Il parut soudain réaliser quelque chose.

« Est-ce que… il hésita, … il s’est passé la même chose que ce que ma tante m’avait raconté ?

- Que t’a-t-elle encore dit ?

- Elle m’a dit que lorsqu’un membre de la famille royale avait un ennemi, il le faisait assassiner ! Même s’il s’agissait de quelqu’un du même sang ! Est-ce que c’est ça ?! »

Le garçon avait les yeux pleins de larmes, à présent. Sa mère baissa le regard. Elle sentait son cœur se serrer à lui faire mal mais n’avait pas d’autre choix que d’admettre la vérité.

« Oui. murmura-t-elle. On a ordonné mon assassinat. Ce pourquoi j’ai décidé de partir. Et je me suis rendue compte que tu n’étais pas à l’abri du danger, toi non plus ; je devais te mettre en sécurité. Je suis désolée, Nikita. »

L’enfant eut des difficultés à réaliser. Ses yeux s’agrandirent sous l’effet de l’horreur et du choc. Désemparée, sa mère le prit dans ses bras et il éclata en sanglots.

De longues heures passèrent. Le jeune garçon finit par se calmer progressivement et s’endormir, échappant pour quelques instants à la blessure causée par cette terrible révélation. Au dehors, le soleil commença à se lever.

Il se réveilla quand la porte s’ouvrit. Le chef des brigands le fit sortir et les mena au dehors. Des chevaux les attendaient attelés à une calèche.

« Montez-y, je vous prie. » dit l’homme d’un ton chargé de sarcasme.

L’enfant rassembla toute sa détermination pour répondre :

« Et si nous refusons ?

- Vous ne manquez pas de volonté, Votre Altesse. rit l’homme.

- Je sais ce qui est bon pour ma mère et moi. osa-t-il encore répliquer.

- Tant mieux. Si notre prince héritier est aussi décidé dès son plus jeune âge, l’avenir du royaume est sûr. Enfin, trêve de bavardage, il est temps d’y aller. »

Mais à cet instant, une brève lumière environna le garçon. Sans un seul mot, il lança une incantation. L’homme s’effondra.

« Nikita ! s’exclama sa mère. Qu’as-tu fait ?

- Je ne sais pas exactement. Mais si c’est la vie de cet homme qui t’importe, saches que son esprit est simplement endormi. »

À ce moment, les deux autres hommes sortirent. Avant même qu’ils n’aient le temps d’agir, il leur arriva la même chose qu’à leur chef. L’enfant leva le regard vers sa mère et déclara :

« Il faut partir maintenant. »

Ils montèrent dans la calèche et la jeune femme lança les chevaux au galop. Leur fuite reprenait.

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