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Le soleil entrait à flots par la fenêtre. Ses rayons parvenaient jusqu’à l’automate au centre de la pièce, faisant scintiller ses engrenages qui diffractaient la lumière à travers la pièce. Haut d’environ un mètre soixante-dix, l’androïde se tenait droit, la tête légèrement inclinée. Son corps de rouages était partiellement couvert d’un revêtement cuivré, son visage aux yeux clos arborait une expression neutre. Autour de lui régnait un harmonieux désordre. Des plans roulés et une grande pièce de tissu étaient déposés sur la banquette à droite de la porte, et un peu plus loin sur le bureau s’empilaient des centaines de documents. Les tiroirs du meuble, presque tous entrouverts, laissaient voir divers éléments : des échantillons de matériaux, quelques dossiers, et des mécanismes partiellement assemblés. Dans la partie gauche de la pièce étaient répartis de multiples outils autour d’une grande boîte, plus ou moins ordonnés par fonction. Au fond, près de la fenêtre fermée, une épée au fourreau blanc s’appuyait contre le mur.

Le mécanicien travaillait depuis le début de la matinée. Il venait de terminer la structure principale et commençait à réfléchir aux réglages secondaires. Il alla chercher une petite clef sur son bureau et l’inséra dans la nuque de l’automate, puis tourna d’un quart vers la droite. Il garda l’objet en main et revint se placer face à l’androïde. Celui-ci ouvrit les yeux et releva lentement la tête. Son regard gris parcourut la pièce avant de revenir à son créateur. Quelques rouages cliquetèrent alors qu’il prenait la parole.

« Bonjour, je suis un assistant infirmier. Que puis-je pour votre service ? »

Le jeune homme esquissa un sourire satisfait. Ses efforts payaient visiblement.

« De quelles compétences disposes-tu ? » demanda-t-il.

La machine répondit après un temps :

« Je peux soigner diverses plaies bénignes, m’occuper de fractures, et je suis en train d’apprendre les opérations et les soins sur le long terme.

- Parfait. Je n’ai pour l’heure pas besoin de tes soins, tu peux te désactiver. »

L’infirmier pencha la tête et ferma les yeux. Son concepteur se rendit à son bureau et y déposa la clef. Il était content d’avoir réussi à créer un nouveau modèle capable de s’arrêter seul. Après avoir pris quelques notes sur un papier il revint vers le centre de la pièce. Il remarqua que son épée scintillait. Une silhouette indigo en jaillit et le rejoignit.

« Bonjour, Vey ! la salua-t-il.

- Bonjour, Maître. Comment allez-vous ?

- Bien, d’autant que je suis assez satisfait de mon travail.

- Vous progressez de jour en jour, et vous serez bientôt plus doué que votre mère.

- C’est grâce à elle que j’en suis parvenu à ce point. Elle m’a laissé beaucoup de notes et de schémas qui m’ont permis de commencer mes projets.

- Et celui-ci vous tient particulièrement à cœur.

- En effet, c’est ma façon d’aider Sei. J’espère le terminer rapidement pour le lui envoyer. Mais il me reste encore beaucoup de finitions. D’abord le revêtement, puis les tests de motricité, et d’autres détails mineurs. Par exemple, il faut que je corrige le dispositif qui lui permet de parler, il fait encore trop de bruit et lui donne une voix métallique ; je dois également améliorer son temps de réponse. Et il y a aussi son visage : son expression est trop figée et pourrait mettre les gens mal à l’aise. Cependant je n’ai pas d’idées pour ce dernier point, aurais-tu un conseil ?

- Vous pourriez l’articuler davantage et le recouvrir d’un matériau imitant la peau.

- Bonne idée. Merci, Vey ! »

Quelqu’un toqua à la porte.

« Entre ! » dit le mécanicien.

Une jeune femme le rejoignit dans l’atelier.

« Bonjour, Vey, commença-t-elle, ça fait longtemps que je ne t’avais pas vue.

- Bonjour, Sakura, répondit l’esprit, comment allez-vous aujourd’hui ?

- Très bien, merci. »

Elle regarda l’androïde et reprit :

« Je suis impressionnée, Akihito, tu as remarquablement progressé ! Et dire que tu l’as assemblé pièce par pièce depuis le début…

- Vey m’a un peu aidé, parfois, sourit son frère, mais ce n’est qu’une question de patience. À ce propos, nous étions en train de nous demander comment améliorer les automates, en particulier leur visage. Aurais-tu des suggestions ?

- Tu pourrais leur modeler un revêtement en cire.

- C’est vrai que certains masques sont très réussis, mais la plupart me rappellent trop les anciennes poupées. Je les ai toujours trouvées inquiétantes.

- Du caoutchouc, alors ?

- Ça peut être une idée. Il faudra que je demande à Roman où je peux m’en fournir. Ah, ça me rappelle que j’ai un rendez-vous avec Monsieur Iostéphanos avant midi !

- Le médecin impérial ?

- Oui, il a accepté de m’aider pour mon projet.

- As-tu l’intention de demander successivement à tous les corps de métier pour tes différents modèles ? s’amusa Sakura.

- Peut-être, répondit-il dans le même jeu, tout dépend de ce que je crée.

- Comptes-tu fabriquer des machines qui feront exactement le même travail que les humains ?

- Non, je pense que les automates ne devraient jamais remplacer les hommes. Par contre, ils peuvent les assister.

- Ce sont là de sages paroles. » approuva Vey.

Sakura acquiesça.

« Bon, conclut Akihito, je vais devoir vous laisser.

- Je parie que tu es déjà en retard ! le taquina sa sœur.

- Presque. »

Il attrapa un sac près de la porte et quitta la pièce.

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