13 janvier 1949. New York. Coulisses.

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Je gagne rapidement ma loge, rassérénée par l'accueil toujours plus chaleureux de mon public. Je vais devenir une lumière, enfin ! Je pose une main sur la poignée de ma porte entrouverte quand une voix s'élève derrière moi.

- Je suis venu te voir, ce soir.

Je me retourne lentement et fais face à Ashton. Les cheveux ébouriffés, les bras balants, les yeux troubles, il s'adosse tant bien que mal à l'encadrement de l'entrée de service. Soudain tendue, j'essaie de rester calme pour ne créer aucun incident. Mais c'est sans compter sur le caractère sanguin et l'état d'ébriété avancée de celui qui me regarde.

- Je suis venu te voir danser, dit-il lentement. Pourquoi m'as-tu fait ça, Graciela ? Je suis marié. Que vont dire tous ceux qui apprendront que j'ai eu un enfant avec une cubaine ? Pourquoi ?

Il sanglote presque. Je l'observe un instant et peine à reconnaître l'homme qui m'a fait tant rêver sur la vie que nous allions mener ensemble. Son sourire ravageur a laissé place à un rictus alimenté par la boisson. Toujours aux aguets, je tente de le raisonner pour mieux le faire partir.

- Je ne t'ai rien demandé. Et mon fils ne manque de rien. Je m'en occupe seule et tout va bien. Je ne t'impose rien. S'il-te-plaît, rentre chez toi. Ton épouse doit s'inquiéter.

Il ricane.

- Mon épouse... Elle demandera le divorce quand elle apprendra l'existence de cet enfant. Elle ne comprendra pas. Et son père ruinera ma carrière. Tout est terminé pour moi. Je vais tout perdre.

- Ashton, tu n'es pas obligé de le lui annoncer. Rejoins-la. Reprend ta vie comme si tu ne m'avais pas revue. S'il-te-plaît.

Une porte claque non loin de nous. Il s'avance alors vers moi, agrippe ma mâchoire et me plaque de tout son poids contre le mur.

- Pars avec moi, Graciela, souffle-t-il tout près de mon visage. On emmène le petit avec nous et tu quittes ce cabaret pourri. Il n'y a que des tocards, je les ai vus, tu sais. Tu ne seras jamais une star ici. Quand tu n'auras plus de succès avec ton corps, ton patron te virera ou te poussera à te donner à d'autres. Viens, on s'en va.

Il resserre alors ses mains autour de mon cou. Un cri. Mila. Elle arrive devant ma loge. Non, ne crie pas ! Non ! Ashton ne semble même pas prendre conscience de sa présence. Il garde son emprise sur moi et je peine à résister à autant de force. Je commence à étouffer. Mila me regarde, terrifiée par cet homme qu'elle ne connaît pas. Je pose alors les mains sur celles de mon ancien petit ami tout en le suppliant de me laisser tranquille et de retrouver sa vie. Mais des pas se font rapidement entendre. Le dragon...

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