Vous ne me croirez pas !

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Quand t’es seul, sans témoin, si ce n’est ton chien, et que tu vis une expérience incroyable, j’estime que la meilleure chose à faire est de la fermer. Ne raconter ça à personne où je pense que ta vie risque de devenir un enfer. Personne ne te croira. J’ai vécu ce type d’expérience et j’en ai fait l’histoire qui suit, vous verrez, je suis persuadé que j’ai raison : vous ne me croirez pas !

Ça se passe en 2011. Je suis dans un endroit isolé. Au mayen, en montagne. Je passe un week-end en solitaire. Besoin de me ressourcer. C’est juillet et presque minuit. Il n’y a pas de lune, que des étoiles. Va faire beau demain. Mais là il fait très noir dehors et je dois encore sortir le chien. Pas le choix. Je passe une veste. J'accroche la laisse au collier d'Eliot. C'est une de ces laisses qui ressemble à une grosse poignée avec un enrouleur à corde à l'intérieur. Ça permet au chien d'avoir une liberté de 6-8 mètres environ. Le chien est content et le fait savoir en jappant. Il est tout excité. On sort. Je marche sur une route de montagne en terre. C’est une voie pour randonneurs. Et pour le tracteur de la laiterie. Pour qu'il puisse aller chercher le lait en haut. A l'alpage. Ou y'a les bêtes. Mais à cette heure-là personne randonne. Et le laitier dort. Suis seul au monde avec Eliot en laisse. J'aime bien. J'ai mon portable application lampe de poche. N’éclaire pas très loin. Mon champ de vision est restreint. Autour la forêt, ma lumière fait des ombres dedans. Inquiétantes. Je me rassure et me dis que c’est comme quand c’est jour sauf que c’est nuit. Un peu trop nuit tout de même. J’allume un clope laborieusement. Portable d’un côté, Eliot de l’autre. Je la fume comme je peux. Mon chien est plutôt tranquille. Je lui fais confiance. Sens surdéveloppés. S’il flippe pas, j'ai pas de raison de flipper. Il me tire, renifle, pisse, tire, renifle encore, pisse encore. Laisse ses marques. Je le suis où il veut. Clopin clopant. C'est sa promenade après tout. Petite clairière. Je termine ma clope. Met le mégot dans la poche de ma veste au lieu de le jeter. Ecolo des montagnes. Cette poche à une fermeture éclair que je ferme. J'en suis sûr. Et cette certitude aura une importance pour la suite. Eliot continue son marquage. Puis soudain il se fige. Il aboie quatre coups. Demi-tour sur lui-même. Il regarde partout et puis se tétanise. Il tremble en mode vibreur. Il gémit, Il aurait la queue entre les pattes, s’il avait une longue queue. Puis il panique. Se tourne se retourne, pleur. Je comprends : Il flippe. Du coup je flippe aussi. Il se passe un truc pas normal. Comme un con je demande au chien ce qu’il lui arrive. Me répond pas. Je vise dans tous les sens avec ma lampe. C’est quoi il est où le danger ? Loup ? Ours ? Tueur ? Chien errant ? Vampire ? Vache enragée ? Je ne vois rien. Eliot s’enfuit. Vite. Ventre à terre. Instinct de survie. Laisse à rallonge. Corde qui défile. Au bout le choque. Pas le réflexe de lâcher. Le chien retenu par le cou, a les pattes arrière qui passent devant. Demi saut-périlleux arrière. Tombe sur le dos. Gémit. Mon bras et mon épaule ramassent. J’en perds mon portable. Nuit noir. Eliot se débat comme un fou. Je ne le vois plus mais je le sens aux mouvements saccadés de la laisse. Peine à la retenir. Puis plus rien. La corde s’enroule à nouveau dans l'autre sens. Vite. Trop vite pour être normal. Le collier revient. Vide. Eliot s’est enfuit dans la nuit. Noir. Je suis aveugle. Me baisse, je cherche mon portable. En panique. Cœur battant. J’entends rien, je vois rien. Mais il se passe quelque chose. Sûr. L’instinct d’un chien se trompe rarement. Portable. Le ramasse. Fonctionne encore. Mais plus la lampe. Pas normal. Je dois entrer le code. Doigts qui tremblent. Mes yeux se sont habitués un peu. Je devine la route en terre. Caillouteuse donc dangereuse, plus de lumière, mais tant pis, je prends le risque. Je décide de dégager vite f…

Ondes puissantes et silencieuses, comme une énergie. D’en haut. Je suis pris dedans. Je me sens comme un bout de ferraille attiré par la force d’un aimant très fort. Sensation bizarre. Inexplicable. Je ne peux presque plus bouger. Comme plongée dans de la mélasse mais sans l’effet collant. Je suis aspiré sans être aspiré. Soulevé sans être porté. Mes pieds décollent du sol. Je veux hurler de peur mais je ne peux pas. Je suis conscient mais je ne m’appartiens plus. Je ne suis plus aux commandes de moi-même. Pas de douleur. L’élévation est souple et douce. Lente et régulière, sans à-coups. Je monte droit comme un i. Au garde à vous. Paralysé maintenant. Mais aucun de mes muscles n’est tendu. Tellement spécial. Je respire normalement. Je m’envole à la vertical, putain ! J’ai le vertige. Je suis déjà haut. Dix mètres peut-être. Je veux regarder au-dessus pour voir où je vais mais ne peux pas. Peux plus rien faire. Je ne décide de plus rien. Prisonnier. Si je chute de cette hauteur, je m’en sors pas entier. Minimum les deux jambes pétées, j’estime. Ma première peur est celle de tomber. Avant celle de ne pas comprendre ce qu’il m’arrive. Quinze mètres. Les peurs disparaissent, d’un coup. Comprenez bien : ce n’est pas que j’ai pas décidé de ne plus avoir peur, c’est que je ne peux plus avoir peur. Comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton « peur » de mon cerveau pour le passer sur « OFF ». Très très loin dans mon esprit, en tout arrière-plan, presque invisible, je sais qu’avec ce qu’il m’arrive, je devrais être en panique totale. Mais ce que je ressens, où plutôt ce qu’ils ont décidé de me faire ressentir c’est un bien-être au-delà du bien-être. Un bonheur infini. Un soulagement, une libération. Je comprends tout mais rien. Plus de question, plus d’angoisse, plus de stress. Puissant. Béatitude entière. Sérénité parfaite. Impossible de lutter contre ça. Trente mètres au-dessus du sol, peut-être. Ça n’a plus d’importance. Je suis bien. Heureux. Détail : je bande. Flash blanc très puissant. L'onde silencieuse qui m’a porté jusque-là change de fréquence. Je la sens dans tout mon corps. J’ai franchi quelque-chose. Je ne suis plus dehors. Je suis quelque-part, je le sais mais je ne sais pas où. Je ne vois rien. Je ne suis pas tout seul, je le sais aussi. J’entends des sons. Des voix dans une langue inconnue. Pas humaine. C’est une belle langue, apaisante, reposante, hypnotique. En réalité je ne les entends pas, mon cerveau les entend. Pas mes oreilles. La télépathie c’est une sensation étrange. Tous parlent en même temps et je comprends tout. Mais je ne comprends rien. Ils me disent de ne pas m’inquiéter, que tout se passera bien, qu’ils ne me veulent pas de mal… Je ne comprends pas les mots mais je comprends le sens de leurs messages. Je ressens les mots comme des sensations. Je souris bêtement, j’en suis sûre. Je ne me suis jamais senti aussi détendu. Je crois que je suis nu maintenant. Pas froid, pas chaud. Pas peur. Je sais que rien de tout cela n'est normal. Impossible. Pourtant ça m'arrive et je trouve ça bien. Tout va bien en fait. M'en fous. Je flotte sur rien, mais je flotte. Perte totale de la notion du temps. Des trucs s'enfoncent dans mon corps. Un peu partout. Dans mon œil droit, par exemple. Je le sens. Comme une aiguille mais très souple. Aucune douleur. Tout juste de légères sensations agréables. Injections, ponctions, prélèvements, il me semble. Un "tube" un peu mou mais solide entre dans ma bouche. Passe ma gorge et "rampe" dans mon œsophage. J’ai aussi un machin planté dans mon nombril, sensation d'un tuyau fin qui me pénètre. Me dérange pas. Je me dis pour je ne sais quelle raison que ce sont des tuyaux « organiques » et les voix me font comprendre que je n’ai pas tout à fait tort. J’ajoute : « Comme dans le film Alien » même s’il y a peu de rapport. Là les voix ne me disent rien, elles ne doivent pas connaître. Je vois, ou plutôt mon « esprit » comprend (je ne sais pas comment dire autrement), qu’ils gonflent mon ventre comme un ballon, j’ignore ce qu’ils injectent dedans. Ça n’a l’air ni liquide ni gazeux. Une sorte de mousse. Mon ventre reste un moment tendu puis se dégonfle lentement. « Ils » pourraient le faire exploser s’ils le voulaient mais je sais qu’ils ne le feront pas. Pour une raison que j’ignore, certainement à cause des voix dans ma tête, j’ai une totale confiance en eux. J’ai la certitude qu’ils ne me veulent pas de mal mais je ne sais pas d’où vient cette certitude. J’en suis sûr, c’est tout. Ils poursuivent leur investigation. Je vous épargne ce qu'il se passe dans mon cul. Je suis « branché » sur des « tuyaux » de tous les côtés. Impression d’avoir des « serpents » plus ou moins gros qui farfouillent partout dans mes entrailles. Ils "aspirent" des trucs mais c'est cool. Pas de problème. Un peu béat, planant, je pense : « Éh mais c'est à moi ce qu'il y a là-dedans les gars ! Faut demander avant de se servir. » Blague. Je pars d'un fou rire mais intérieur. Un fou rire du cerveau en quelques sortes. Croyez-le ou pas, je suis certain qu'ils ont compris et se sont marrés avec moi. Trop sympa l'équipe. Je me suis fait des potes on dirait. On trafique mon pied droit. Quelque chose se passe sur mon mollet gauche. Là, je dois le dire : on me fait éjaculer. Mon orgasme est une extase infinie. Les voix dans ma tête, toujours. Elles me rassurent. Je suis très calme. Non. Plus que calme, un truc jamais ressenti, au-delà du calme. Le calme dans le calme. Ils m’ont shooté ou quoi ? Tous les trucs dans mon corps se retirent en même temps. Très lisses, ils glissent en douceur. Je sens à peine. Et soudain, silence complet, total. Plus un bruit dans ma tête. C’est le silence le plus « assourdissant » que je n’ai jamais entendu, si vous voyez ce que je veux dire. Le silence absolu. Fantastique. Je télépathe « Hého, y a encore quelqu’un ? » mais je n’ai pas de réponse. Je ne suis pas inquiet. Puis c’est là qu’a commencé ce que j’appellerai plus tard les « ondes vibratoires très hautes fréquences ». Elles passent par mes deux tempes pour envelopper mon cerveau. Paraît que le cerveau n’a pas de nerf, il n’est donc pas sensible, mais là c’est comme si je sentais toutes ses circonvolution en détail. Comme si je prenais conscience de sa dimension précise et de sa présence physique. Pour décrire les ondes je dirai qu’elles sont aussi agréables que celles produites quand on frappe un bol tibétain, sauf qu’il n’y a pas le son et que la fréquence est plus haute. C’est difficile de décrire quelque chose d’inconnu qui n’a pas de comparaison, je dirai… terrestre. Je me fais un super tripe avec la vibration de mon cerveau. Je comprends exactement ce qu’ils sont en train de faire, je ne peux pas leur reprocher un manque de transparence. Ils sont en train de sauvegarder l’ensemble de mes données, tout le contenu de mon esprit : pensées, connaissances, souvenirs, peurs, images, sons… tout ! Phantasmes aussi. De nouveau je me marre tout seul de ce rire intérieur si particulier : « Éh, les amis, le classé X c’est dans le dossier marqué « recettes de cuisine », j’ai mis là pour brouiller les pistes et parce que je suis nul en cuisine ! ». Blague. Mais je suis le seul à rire cette fois. Je pense que l’opération demande le silence. Ou alors « classé X » n’existe pas dans leur langage. Je sais que ce qu’ils font est un « enregistrement » de mes données, pas un formatage du disque dur, si je puis dire. Ils n’effacent rien. Je garde tout mais ils auront une copie. « J’ai pas des droits là-dessus, moi ? » Re-blague. Ça dure un moment, trop court selon moi, vu le plaisir que je ressens, puis les ondes s’arrêtent progressivement en même temps que le volume des « voix » remonte. « Content de vous retrouver, les gars ! » Je vous jure que la réponse que je reçois ou ressens, je sais pas comment dire, est un truc qui ressemble à : « Quel déconneur celui-ci, trop sympa ! » Ensuite il y a quatre éclairs un peu bleutés, comme des flashes. J’ai les yeux fermés mais je les vois à travers mes paupières. Ils font des photos au ou quoi ? Puis pendant un moment plus rien ne se passe. Je lévite tranquille pendant que les voix semble réciter une sorte de liste, une check-list plus précisément, comme si elles vérifiaient qu’elles n’ont rien oublié. Ça a l’air d’être ok. L’onde vibratoire qui m’entoure et semble me tenir en lévitation change de fréquence, devient plus grave, si je puis dire. J’entends encore les voix qui me parlent mais comme si elles s’éloignaient. Certain qu’elles me disent merci et au-revoir. « Merci à vous, c’était génial, vraiment, quel pied ! » et je le pensais pour de vrai. Puis plus rien. Noir. Silence.

L’air frais de la nuit sur mon corps. Retour au point de départ comme si je n’étais jamais parti. Je suis habillé. Je ne me suis jamais senti aussi en forme, comme « neuf ». Mais je suis groggy, avec l’impression d’être dans un rêve. J’ai quelque chose dans chaque main. Je les lève près de mes yeux pour voir dans le noir. La laisse avec le collier vide à droite, mon portable éteint à gauche. Je me souviens de tout. Ce n’est pas un mauvais souvenir. C’est juste un souvenir impossible. Surnaturel. Je me sens bien à tous les niveaux, physique et mental mais, paradoxalement, je m’évanouis sur le chemin.

Il fait encore nuit quand je rentre. Laborieusement, je dois le dire. Je me sens physiquement "pâteux". Eliot est devant la maison. Il va bien. Il m’attend. L’air un peu penaud comme pour dire : Désolé, mon gars, je t’ai lâché, mais là j’ai eu trop la frousse. Il remue sa queue courte quand j’arrive. Pas rancunier, je lui caresse la tête. On rentre. A l'horloge à aiguilles de la cuisine il n'est pas loin de quatre heures et quart. Je tombe habillé sur mon lit et dort douze heures d’affilées.

Je me souviens de tout cela et de bien d’autres choses encore. Après m’être réveillé de ce long sommeil, il était environ seize heures, je me suis mis nu devant la glace de l’armoire de ma chambre et j’ai examiné mon corps en détail. Eliot avait un gros besoin de pisser et il me l’a bien fait comprendre, mais il attendrait encore ce lâcheur, ça lui apprendra. J’ai constaté qu’il me manquait un ongle au petit orteil du pied droit et une petite surface de mon mollet gauche était parfaitement rasée. Prélèvements d’échantillons, j’ai pensé. Je n’ai rien trouvé d’autre. Mon œil droit n’avait aucune marque, ni mon nombril. Pas mal au cul. Je pétais le feu et j’avais un faim de loup. J’ai sorti le pauvre Eliot avant de manger. Et là j’ai fait un constat qui a validé ce que je pensais, à savoir que tout cela a bien été réel : je n’avais plus aucune envie de fumer. Je ne ressentais aucun manque. Depuis ce jour-là je n’ai plus jamais allumé une clope et pourtant j’étais un gros fumeur. Un paquet par jour minimum pendant vingt-trois ans. J’ai souvent essayé d’arrêter, mais je n’ai jamais réussi. Impossible. Petit détail : quand je suis rentré et que j’ai voulu jeter le mégot de ma dernière clope que j’avais mis dans la poche à fermeture éclair de ma veste la nuit précédente, il avait disparu. A priori ils l’ont gardé en souvenir.

Eliot est parti en direction opposée de la dernière promenade. Ce n'était pas dans ses habitudes. A son regard j’ai compris que si j’avais voulu retourner avec lui à l’endroit de mon… élévation, on va dire ça comme ça, il n’aurait pas voulu et se serait débattu comme un fou. Un peu plus tard, je suis retourné seul à l'endroit où c'est arrivé. Il faisait jour. Je n’avais aucune peur. Je dirai même que ça ne m’aurait pas dérangé de recommencer l’expérience. Sur les lieux il n'y avait rien. Tout était normal. Aucune trace. J’ai trouvé un mégot. Mais ce n’était pas le mien. Pas la bonne marque.

Je sais que j’ai vécu cette expérience. J’en ai la certitude et même des preuves. J’aurai pu me dire que je m’étais simplement évanoui en sortant Eliot et que j’avais rêvé. J’aurai pu me trouver des arguments pour me convaincre : mal des montagnes, épilepsie subite, fatigue, malaise vagal… j’en sais rien. Mais seulement voilà, quand on s’évanouit on n’a pas un ongle qui disparaît (j’ai regardé dans ma chaussure, il n’y était pas) et on ne se rase pas un bout de mollet. Et puis j’ai arrêté de fumer et mon dernier mégot a disparu. Encore une chose, depuis mon enfance je fais des allergies. La seule présence de cacahuètes dans une pièce pouvait être dangereuse pour moi. Je souffrais aussi beaucoup de la présence de pollen dans l’air certaines périodes de l’année. Tout cela a disparu cette nuit de 2011. Depuis cet événement, je n’ai plus jamais été allergique, ni malade, même pas un petit rhume. Beaucoup plus tard, lors d’une consultation, mon médecin m’a dit que ça tenait du miracle et qu’il n’avait jamais vu ça. Je lui ai répondu que je m’étais mis au sport…

Après être entré de la promenade avec Eliot, le lendemain de mon aventure, j’ai mangé comme un ogre et ensuite je me suis posé sur mon fauteuil ou j’avais l’habitude de lire. Mais là j’ai plutôt réfléchi, longtemps. J’avoue que j’étais très excité et que j’avais envie de partager cette expérience extraordinaire avec le monde entier. C’était ma première idée et, avec le recul, je me dis que j’ai eu de la chance qu’il n’y ait pas de réseau au mayen, ni d’accès internet (on capte un peu si on se met à un endroit bien précis sur la terrasse devant le chalet, mais ce n’est pas très stable. En tous cas pas suffisamment pour faire une telle annonce au monde entier…) J’ai imaginé le scénario et j’en ai mesuré les conséquences comme si je les voyais de l’extérieur. Admettons que je contact un journaliste ou les autorités pour raconter mon histoire. Ou que j’en parle à ma femme, mes amis et mes proches. Qui pouvait croire un truc pareil ? Quels moyens est-ce que j’avais de les convaincre ? J’ai arrêté de fumer ? Je n’ai plus d’allergies ? Il me manque un ongle (il a repoussé) et des poils ? Un mégot a disparu ? J’ai retrouvé une nouvelle santé (j’avoue qu’à mon retour du chalet ma femme a plutôt été contente de ma prouesse sexuelle de retrouvailles. « Wouaw, mon amour, elle m’a dit, ça t’a fait du bien ce petit séjour en montagne, tu devrais faire ça plus souvent ! ») ? Tout cela peut sembler bizarre ou miraculeux comme me l’a dit mon médecin, mais pas assez pour que quelqu’un croit en mon histoire. La preuve ? Je viens de tout vous raconter de manière factuelle. Je n’ai pas parlé d’extra-terrestres, de miracle, de complot scientifique, d’ésotérisme, de dieu tout puissant ou que sais-je encore. Je ne cherche pas à devenir le gourou d’une secte qui voudrait faire de vous des élus qui vivront la même expérience que moi. Je ne veux pas non plus dire où ça s’est passé, pour éviter que cet endroit idyllique ne se transforme en lieu de pèlerinage pour ufologues en quête d’enlèvements ou d'allumés en recherche de miracles, entre autres. Je ne cherche pas à vous convaincre de quoi que ce soit. Vous faites ce que vous voulez avec mon histoire. J’ai juste évoqué les faits comme ils se sont déroulés avec quelques détails (ils y en a d’autres mais je souhaite en garder quelques-uns de « secrets » au cas où quelqu’un un jour me di qu’il a vécu la même expérience que moi. Si c’est le cas il saura me parler de ces détails manquants et je saurai si ce qu’il dit est vrai…). Je vous ai dit ce qu’il y a besoin de savoir pour se faire une bonne idée de l’expérience. Alors je vous pose une question : Me croyez-vous ? Non, n’est-ce pas ? Cette histoire n’est tout simplement pas croyable, ni crédible. Et si vous me croyez, qu’est-ce que ça change ? J’aurai un peu le sentiment de me sentir moins seul avec ça et je vous en remercierai. Et après ? Et bien après il faut quand-même continuer à vivre avec. Poursuivre son chemin en acceptant que ça se soit passé. Ne pas en parler, ne pas se poser de questions, prendre cela comme un fait pour éviter qu’on vous prenne pour un cinglé ou pour ne pas risquer de le devenir.

Il y encore une chose qui m'a retenu de parler de cette histoire. Une chose qu'il est possible que vous ayez pensé. Vous vous êtes peut-être dit : "Ce gars nous ressort la vieille histoire de l'enlèvement par des extra-terrestres. Genre X-files, la vérité est ailleurs ou la quatrième dimension et il veut nous la faire croire..." J'ai conscience que mon histoire est terriblement "cliché", c'est du déjà-vu, du réchauffé. Ce n'est pas très original. Mais qu'est-ce que je peux bien y faire ? Et puis il n'y a pas de fumée sans feu. Si l'on a déjà tant de fois entendu ce genre d'histoires ce n'est peut-être pas pour rien. Il est possible que d'autres avant moi l'ont déjà vécu et donc, déjà raconté... J'ai fait des recherches sur internet. Il y a d'innombrables témoignages comme le mien. Devant la masse inextricable d'informations j'ai arrêté. Qu'est-ce que ça pouvait m'amener de plus ? Une certitude ? Pas besoin. Je l'ai déjà. Ça me suffit. J'estime qu'essayer de vous convaincre serait une perte de temps et d'énergie qui n'aurait que peu de chances d'aboutir et qui me gâcherait ma nouvelle vie. A vous de faire votre choix. Pour être très sincère avec vous et j'espère que vous ne m'en voudrez pas, ça m'est égal.

Ce que j'ai vécu peut à la limite ça faire une histoire sympa à publier sur un site d’écriture en ligne. Comme ici. En espérant qu'elle vous plaira. Ça peut aussi vous rassurer si un jour ça vous arrive. Pas de panique, c’est cool. Laissez-vous faire. De toute façon vous n’aurez pas le choix. J’ai aussi l’espoir que cette histoire sera lue et diffusée par suffisamment de personnes pour qu’elle tombe sur quelqu’un qui a vécu la même chose que moi.

Si c’est votre cas, je vous pose une question : Tout au long de « l’expérience » il y a un « son » bref qui revient très régulièrement mais à une fréquence assez espacée. Toujours le même. Ce « son » est très comparable à un son « humain » que tout le monde a déjà entendu. Vous comprendrez tout de suite de quoi je parle si vous avez vécu « l’expérience ».

Quel est ce son ?

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