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L’aube étendait ses rayons d’or sur tout le pays. Le village principal lui était apparu peu auparavant dans le lointain, et il s’en rapprochait à présent. Il était heureux d’être enfin de retour, de retrouver la vie qui lui correspondait. Non pas qu’il n’ait pas apprécié son voyage, mais il se sentait bien mieux chez lui, à défendre son royaume et ses habitants. Quand il ne fut plus qu’à une centaine de mètre de la grande porte, le roi et sa suite sortirent à sa rencontre. Mais à cet instant retentit un bref appel :

« Euan ! Tu me dois un duel. »

Il arrêta sa monture et la fit volter. Une jeune fille se trouvait sur le chemin, environnée de la lumière matinale, le défiant du regard. Il remarqua que son bras était guéri ; elle portait désormais l’écharpe autour du cou. Il retint un soupir, puis mit pied à terre.

« Comme tu veux, Aissia. »

Il regarda en arrière, vers les villageois. Ceux-ci s’étaient groupés près de la porte, interloqués et n’osant plus le rejoindre.

« Va retrouver le roi, Asdrubal. » demanda-t-il.

Son étalon le fixa d’un air presque interrogatif, puis secoua la tête et se dirigea au petit trot vers le monarque. Les deux voyageurs, maintenant seuls face à face, dégainèrent leurs lames. En plus de sa dague, Aissia avait récupéré l’épée d’Egidio. Euan salua et la laissa engager. Il s’aperçut tout de suite que son style était dangereux, vif et particulièrement retors. Il possédait toujours l’avantage de la puissance, et parvenait à la canaliser. Elle employait des séries de frappes rapides, le contraignant à rester sur la défensive. Il espérait qu’ainsi elle fatiguerait avant lui. Cependant, la lueur inquiétante dans son regard laissait penser le contraire. Elle se battait avec la volonté de tuer. Il parvint finalement à la repousser, rompant l’équilibre des forces. Il utilisa un enchaînement de coups brefs, puis la projeta en arrière d’un revers de lame. Elle tomba et ses armes lui échappèrent. Il se détourna et commença à s’éloigner, pensant le duel terminé. Il ignorait que c’était là l’occasion qu’elle attendait. Elle sortit son arbalète et tira. Le carreau l’atteignit à l’épaule. Il réprima un cri et s’arrêta. Il arracha la munition et la lâcha.

Heureusement que ce n’est pas mortel. se dit-il.

Mais comme si elle lisait dans ses pensées, elle l’informa :

« Je l’ai enduit du venin du serpent que nous avions affronté. »

Elle se releva, un sourire sans joie sur les lèvres, et ajouta :

« Tu en as pour deux minutes tout au plus. Je regrette un peu d’avoir eu recours à une telle stratégie. Tu étais un combattant de valeur. »

Il ne lui accorda pas un regard et reprit sa marche. Il rejoignit Asdrubal, lui flatta l’encolure et sécha une larme qui lui avait échappé. Il ouvrit la sacoche de la selle et en sortit la fleur enchantée. Il se rendit auprès du roi, mit un genou à terre, et lui offrit l’artéfact tant espéré.

« Monseigneur, voici la rose de cobalt. »

Le vieil homme la prit d’une main tremblante. Il cherchait que dire, mais demeurait silencieux. Le chevalier se releva avec difficulté. Il fut pris d’un vertige. Il banda ses muscles et commença à marcher, se dirigeant vers Aissia. Il faiblissait à chaque pas, redoublant d’efforts au fil des secondes. Lorsqu’il parvint devant elle, il tira son épée. Elle eut un léger mouvement de recul. Plaçant la lame à l’horizontale sur ses paumes, il lui présenta son arme. Il tenta de parler mais un étourdissement le saisit. Il tomba à genoux. Il trouva la force d’élever son épée et de relever la tête. Elle lut au fond de ses yeux une intensité presque suppliante. Il prit la parole :

« Tu m’as dit… que ta vie n’avait plus de sens… s’il te plaît, protège ce royaume. »

Elle hésita. Il se sentait partir. Ils échangèrent un regard. Puis elle se décida. Elle prit la garde de l’arme bleue. Il esquissa un sourire. Et il s’effondra.

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