Confinement / Vendredi 13 mars

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Jusqu'à hier, tous nos professeurs semblaient persuadés que l'université ne fermerait pas. Ou alors, on nous berçait d'illusions. Hier, après l'annonce de la fermeture pour quinze jours de tous les établissements scolaires, des étudiants faisaient la fête dans la rue, poussaient la chansonnette, défilaient en voitures dans la cacophonie des klaxons.

Ce matin, j'espérais bien me rendre en cours une dernière fois, histoire de me préparer aux prochaines semaines, de récolter quelques informations sur la poursuite de la formation à distance. Pourtant, mon satané réveil n'a pas sonné. Ou alors, je ne l'ai simplement pas entendu.

J'ai passé une partie de la nuit à pleurer sur mon sort. Sally avait complètement oublié que je lui avais proposé de monter me voir ce week-end. L'idée de devoir attendre un mois pour la revoir me met hors de moi. Au rythme où vont les choses, je crains que nos projets pour Pâques ne soient eux aussi mis à mal...

Comme d'habitude, j'ai envoyé un léger appel à l'aide à mon accolyte, Tontine. Ce que j'aime chez elle, c'est qu'elle ne pose jamais de question. Elle me laisse déverser ma rage en lançant des musiques qui me poussent immédiatement à entonner le refrain.

The rythm of the night, Corona. Je me mets à imaginer une armée de zombies infectés par le covid qui s'enjaillent joyeusement sur de l'électro kitch des années 90.

On retrouve des amies au bar. On profite de nos derniers cocktails en sauvant le monde de redoutables épidémies sur le plateau d'un jeu de société. La joie au ventre, on rit de la mouise qui nous attend prestement ; on se réjouit d'avoir dévaliser les rayons de la bibliothèque municipale un peu plus tôt dans la journée. Enfin, on va pouvoir rendre nos bouquins en retard sans pénalités !

Il est passé trois heures quand je rentre chez moi. Tout le monde dort déjà. Deux appels en absence de Sally, qui me souhaite une bonne nuit avec tout son amour. Je n'arrive même pas vraiment à lui en vouloir, pour le lapin. Si je me mets à lui en vouloir, les semaines à venir n'en seront que plus longues. J'ai besoin de sa présence, mais elle a davantage encore besoin de tout mon soutien.

Je m'endors sans rêves. Je me remémore avec ironie une conversation qui remonte à mes années de collège. Mon amie Lucie me demandait ce que je voudrais faire plus tard. Et je répondais du tac au tac :

« — Je serai résistante !

— Et s'il n'y a pas de guerre ?

— Bah, je résisterai quand même.»

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