004 Le village des gobelins

9 minutes de lecture

Je sortis de la forteresse, cela faisait maintenant une semaine que j’étais bloqué dans le jeu, en sachant que les journées étaient de 6 heures et les nuits de 5 heures, soit 2 jours IG* équivalaient à 22 heures, donc même pas une journée IRL. Dans la réalité, ça ne faisait qu’à peine plus de 3 jours que j’avais disparu, ou que j’étais dans le coma ? Ou que sais-je d’autre…

J’avais pu, entre 2 assauts de raid, monter des pièges rudimentaires et montrer au gobelin explosif comment en créer et les placer par eux même.

La compétence apprentissage me permit de faire apprendre mes connaissances, mais en aucun cas mes compétences hélas…

Je l’avais appris à mes dépens en essayant tant bien que mal de faire porter 2 armes aux gobelins armés, ce qui se solda par des échecs.

Seuls les Gobelins de type basique avaient la possibilité, il semblerait, de se diriger vers une voix de larcin/assassinat sans doute parce qu’il n’entrait dans aucune catégorie spécialisée que ce soit en magie ou en guerrier.

J’avais découvert cela, quand j’en ai surpris un, considéré sur la forteresse comme de la chair à canon, en train d’imiter ma technique de camouflage qui était une compétence.

Je lui ai, alors, montré comment porter 2 armes, il se trouvait qu’il pouvait porter 2 coutelas gobelins, soit la compétence [Ambidextre].

Si je les forme bien, en montant de niveau, je pensai qu’ils pourraient devenir des atouts.

Lors des raids, j’avais essayé, au maximum, de me mettre en retrait laissant mes comparses se faire massacrer puis réapparaître en même temps que la carte se reloadait*, mon but pour le moment était de trouver une solution pour résister à la force écrasante d’un raid.

Même si les gobelins ici étaient en mode raid, donc plus puissant que le même type de monstre en dehors de cette map*, le raid était programmé pour être gagné par les joueurs, je souhaitais inverser la tendance et remporter le raid plus souvent que face à des équipes mal préparées, et loin du niveau requis…

Dans ce but, j’avais décidé de sortir du camp, une semaine, à explorer les différences entre le jeu que je connaissais et maintenant, avait déjà donné quelques pistes de réflexion.

Juste avant l’aube, je me dirigeai dans la plaine brumeuse du petit matin, camoufler sous une cape de couleur rouge oxyde. J’avançai d’un pas rapide, suivi de six silhouettes, elles étaient aussi recouvertes d’une cape de couleur marron sombre.

Je m’étais aperçu qu’en se dissimulant sous une cape on pouvait cacher nos noms et barres de vie et ainsi ne pas être reconnus par des aventuriers d’un premier coup d’œil, de plus la barre de vie de couleur rouge pouvait être voyante de loin, la camouflée permettait de rester discret sous le couvert du crépuscule.

Si un aventurier passait à notre portée de vision, il ne verrait que des pnj encapuchonnés marchant sur le chemin de terre boueux.

Il faudrait qu’il s’approche de nous pour voir ce que nous étions.

Nous arrivâmes au village des gobelins, du haut de la palissade de bois, le garde, recouvert d’une simple cagoule de cuir mal tanné, nous arrêta en nous tenant en joue avec un arc rudimentaire de mauvaise qualité, prêt à sonner l’alarme. Un des guerriers armés encapuchonnés se montra, le garde nous laissa passer la fragile rambarde de bois.

C’était un village fais de hutte de bois au toit de paille tressé, tout semblait vieux et délabré, le sol était de boue séchée, je ne pouvais dénombrer qu’une dizaine de huttes de petite taille, servant sans doute de logement et deux de taille moyenne, a deviné je dirais une salle de réunion et une salle commune pour les repas, etc.

Le Chef de guerre m’avait parlé du vieux Chamage, un titre réservé aux vieux gobelins, chamans et sages du village. Il devait pouvoir m’aider dans ma quête de connaissance pour améliorer la défense du fort, car pour le moment, en dehors des pièges rudimentaires… je ne pouvais rien faire de mieux.

J’enlevai ma cape, la réaction des trois gardes suspicieux ne se fit pas attendre, entre deux qui rougeoyaient à ma vue et le dernier qui bavaient presque, la mâchoire tombante…

« Respect les gueux ! Elle chef ! » cria l’un des gobelins armés, en sortant son épée courte, je lui fis signe de la main il se retint.

« Je viens voir le Chamage ! », annonçais-je d’une voix assez forte.

Un vieux gobelin sortit d’une des huttes en piteux état du village.

« Que me veux-tu, étrangère ? », demanda-t-il, le regard perspicace.

Tiens celui-là, il parlait normalement. Peut-être devrais-je commencer à m’exprimer normalement au lieu de passer pour plus stupide que je ne l’étais.

« J’aimerais m’entretenir avec toi ! »

Il me regarda surpris par ma phrase construite et se déplaça en me faisant signe d’entrer dans la hutte de taille moyenne proche du centre du village. Je fis un signe de main pour retenir les gobelins armés qui voulaient me suivre dans la hutte, je n’avais pas demandé à ce qu’ils me suivent, c’était le chef de guerre qui en avait donné l’ordre…

« J’aimerais te demander si le village possède des livres de connaissances Chamage.

— Nous en avons en effet quelques-uns, mais avant toute chose, qui es-tu ? » me demanda-t-il avec curiosité.

Je lui expliquai alors que j’étais une gobeline en voyage et tout ce qui s’était passé à la forteresse.

« Ainsi, donc tu peux commander au chef de guerre ? Alors tu es une généralissime ! »

[Message serveur : Nouveau titre obtenu : Généralissime gobelin !]

Sursautant par l’annonce, je regardai au-dessus de ma tête le Titre de Généralissime bien en vue…

« Généralissime, cela est un honneur de vous recevoir dans ma demeure, vous désirez mes livres de connaissance ? Je peux vous les donner, mais cela ne vous servira pas à grand-chose, nous ne savons les lire, le langage écrit est plus compliquée que notre écriture en forme de rune. », expliqua-t-il.

Le Chamage partit dans la pièce à côté.

J’avais oublié cela, les monstres avaient aussi leur propre système d’écriture basé sur des runes, de mémoire il y avait 24 runes simples et 12 complexes.

Pourtant j’avais réussi à apprendre le livre de combat contre les humains… peut-être ne pouvais-je pas communiquer oralement avec les aventuriers, mais pouvais utiliser les objets comme un aventurier ?

Pour apprendre des connaissances des livres, il n’était pas nécessaire de lire directement, il suffisait de charger la barre de connaissance, qui était plus ou moins longue à charger suivant la connaissance voulue. Le livre restait dans l’inventaire tandis que la barre chargeait toute seule.

Il me ramena une pile de livres, il y avait 6 de livres de combats contre les différentes races jouables et monstres, soit : Nain (et métis lié), Grognat (et métis lié), elfe (et métis lié), Elfeling (et métis lié), canidé ainsi qu’ursidé. Il y avait aussi 2 livres de création de potions : Mixe et préparation de base, petite potion de régénération, 1 livre d’alchimie : poudre de soufre explosive, 2 livres de forge : poignard de basse qualité, arc de chasse rudimentaire et 1 livre commun : Dépeçage et découpe de la viande.

Sur CT il existait cinq races de base : Nain, Elfeling, Grognat, elfe et humain, celle-ci pouvait soit être pure, soit être liée à une autre race, nommant en semi pour les petites races et demie pour les plus grandes. Le choix des métissages était aussi limité aux cinq races de base ainsi qu’aux sous-races suivantes : Canidé, félin, reptile, cuniculus (lapin), Bos taurus (bœuf), orc et sirène.

Lors de la création de l’avatar, le joueur devait impérativement prendre une des cinq races de base pour pouvoir la métisser, offrant un énorme potentiel de personnalisation, il était presque impossible de trouver deux joueurs ayant un avatar identique.

Chacune des races et sous-races avait leurs avantages et inconvénients, c’était donc aux joueurs de décider dans quelle direction il voulait faire évoluer son avatar.

« Puis-je vous les prendre ? demandais-je au Chamage.

— Faites, ils ne me sont d’aucune utilité. », s’inclina-t-il.

Je mis tous les livres dans mon inventaire et m’aperçus du regard surpris du vieux Chamage.

« Êtes-vous mage ? Où sont passées les livres ? », interrogea-t-il

Ha oui… comment expliquer l’inventaire…

« Une besace magique que j’ai obtenue lors de mes expéditions, un sac sans fond. », répondis-je le plus naturellement possible, le regard du vieux gobelin s’illumina.

« Est-ce que cela vous dérangerait de me conter vos aventures ? », me demanda-t-il les yeux suppliants.

Arf… voilà autre chose……

« Une autre fois, j’ai à faire pour le moment, mais je reviendrais te conter quelques-unes de mes aventures ! », lui certifiai-je.

Après tout, c’est l’ultime but du roleplay*, s’inventer une vie et la vivre de façon la plus réaliste possible, ça ne serait pas trop compliqué surtout que, si j’avais bien compris, les gobelins étaient piégés dans la tour, et donc, n’ont jamais visité les 5 continents.

Et ça me passera sans doute quelques soirées si je n’arrivai pas à sortir rapidement du jeu.

Je sortis de la hutte, le jour était pleinement levé tout comme le brouillard.

Même avec les capuches c’était sans doute risqué de retourner à la forteresse, mais en même temps… peut être aussi une occasion de gagner un peu d’expérience ?

Ayant mis nos capes, nous sommes repartis sur la route boueuse de la grande plaine du palier 4, cachées sous nos capuchons nous avons croisé quelques paysans humains partant aux champs, je retins les gobelins armés d’attaquer et nous avons poursuivi notre route.

À l’orée de la grande forêt de l’est, celle précédant la forteresse, nous avons rencontré des aventuriers, ils n’étaient que 3.

Il ne nous avait même pas remarqués, comme tout bon aventurier arrogant ! Les pnjs ne sont rien d’autre que du décor ou des sources d’xp* de quête ; on ne leur prête aucune attention.

Nous passâmes à côté d’eux, tout proche, à peine les avions-nous dépassés, je me retournai, mes lames levées et fis un double critique en attaque-surprise sur l’un d’eux, tandis que les gobelins armés attaquaient les 2 autres.

Leur surprise fut totale. J’imaginai les joueurs derrière leurs casques se demandant ce qu’il se passait juste avant que… le message pour être ressuscité au sanctuaire n’apparaisse devant leurs yeux.

Mon aptitude de fouille télékinétique récupéra automatiquement les drops laissés par les joueurs.

Un des gobelins armés avait gagné un niveau, je le remarquai à sa barre de vie qui avait augmenté, je me demandai un instant si la distribution des compétences et points d’attributs est gérée directement par l’IA ou si c’est des schémas préenregistrés ? Mais au final, qu’importe, c’était juste de la curiosité.

Nous arrivâmes à la forteresse, nous passâmes par le petit passage pour rejoindre le camp de base.

Le chef de guerre nous regarda surpris.

« Généralissime ? » Il se prosterna un genou au sol, imité par le reste des soldats à ces côtés.

Je leur fis signe de se relever.

« Vous, ramenez des soldats ? me demanda le Chef de Guerre, surpris en regardant mes trois gardes du corps.

— Comment ça ? répondis-je, étonnée par sa question.

— Soldats à moi au complet, mais soldats de plus ne fait pas de mal ! », affirma-t-il.

Je ne comprenais pas, les soldats qui étaient venus avec moi aux villages avaient été remplacés par le système sur la map de raid ?

Un bug ?

Je sortis de la tente et réfléchis un instant, il fallait que j’en aie le cœur net, car ça pourrait être un avantage tactique que de profiter de ce bug.

« Chef de guerre, je prends une troupe de 20 soldats pour quelques minutes ! », lui annonçai-je, profitant de ma nouvelle autorité pour ne pas lui laisser le choix.

Si mon calcul fut bon, le respawn, prenait 5 minutes, si les soldats n’étaient pas dans la map durant ce laps de temps ils doivent respawné automatiquement pour rééquilibrer. Normalement, un monstre n’est pas censé sortir d’une zone donnée, donc, normale que cela créait un bug.

Testons ça. Je sortis avec le régiment et les laissai en faction devant la forteresse. J’allai au point de respawn de la forteresse qui n’est autre que le camp de base, et en effet au bout des 5 minutes les 20 soldats manquants apparurent pour aller se mettre en position.

Je ressortis de la forteresse, le régiment était toujours là, je les fis rentrer dans le camp.

Allait-il disparaître quand le système s’apercevrait de leurs surnombres ?

J’attendis les 5 minutes, rien ne se passa.

En y réfléchissant, quand une invasion est lancée par un MJ, les maps impliquées se retrouvent en surnombre de monstres, donc je suppose que le système doit prendre ça comme une invasion.

Ça me donna une idée pour récupérer les connaissances dont j’avais besoin pour la défense de la forteresse gobeline.

[Message Serveur : Raid [Cent Dents, protection de Fort-le-temps] en cours]

« Mince ! »

Je sortis de la forteresse non pas que j’avais peur de me battre, mais montrer un généralissime aux aventuriers maintenant serait une grosse erreur tactique.

Je lançai l’apprentissage de l’un de mes livres de connaissance en attendant la fin du raid.

Quand je retournai à la forteresse, le nombre de soldats était redevenu normal. Comme je le pensais, les monstres créer par ce bug ne respawn pas, ils sont simplement éliminés de la carte.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Minoa ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0