La terrasse

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Juillet 2007

Comme chaque matin, Tatie me préparait un café. Ancienne patronne d'un bar de quartier, elle avait l'art, la manière, et la cafetière qui va avec. Je m'installais sur la terrasse, lunettes de soleil sur le nez, un minimum de tissu sur le corps, pour profiter de l'air frais des matinées ardéchoises.

J'admirais le ciel évoluant à chaque seconde. J'admirais le paysage, son jardin nous protégeait de la route en contre bas et de toute présence humaine. Au loin, le mont Lozère s'opposait au mont Sampzon (qui, je ne le savais pas encore, allait être l’hôte de mon mariage bien des années plus tard).

Tatie s'installait à mes cotés pour profiter de ce spectacle et échanger sur le programme de la journée.

Cette terrasse était l'endroit où nous nous retrouvions, chaque matin et chaque soir. Propice à la discussion, elle avait vu passer de nombreux amis, pour partager un verre ou pour refaire le monde. Propice à l'ivresse, elle connaissait de nombreux secrets sur chacun d'entre nous et jusqu'alors n'en avait jamais trahi.

Elle était le théâtre d'une partie de ma vie, et quand j'y repense, je sens encore la chaleur de ses dalles ocres sous mes pieds nus. J'y avais été heureuse, puis moins. J'y avais dessiné, écrit, regardé, chanté, dansé, dormi aussi. Et aujourd'hui encore, je m'y rends, le cœur léger en repensant à ces quinze années de ma vie qui venaient de défiler sous mes yeux. 

Ce jour là, nous partions dans la Vallée de l'Ibie, un endroit encore très peu connu des touristes. Nous étions seules et pouvions profiter de ces moments privilégiés, elle lisait à l'abri d'un arbre, je me baignais dans les eaux turquoises de l'Ibie. Vers 13h30, après un pique-nique, tomates du jardin, fromage et saucisson, nous avions décidé de passer l'après midi à Vals les bains. Une promenade dans cette ville que j'affectionne particulièrement, le geyser naturel avait même attendu notre arrivée et nous étions de nouveau sur la route.

Avant de rentrer à Ruoms, nous avions pour habitude d'aller manger une glace chez Aigon. Nous n'aurions échangé ces habitudes contre aucune autre. 

A la maison, nous retrouvions Parrain, avec Ojo et Lola, qui cuisinait, une bière sur le plan de travail, un cigarillo qui se consumait dans le cendrier. Il vivait en décalé, travaillait toutes les nuits durant l'été. Il attendait toujours que l'on parte pour se lever, ses moments de solitude lui étaient nécessaires. Pour autant, il profitait de chaque instant en notre compagnie, il était comme ça Parrain. 

Nous recommencions alors le même spectacle que le matin, le vin blanc remplaçait le café, le saucisson la brioche. Un fond musical venait compléter la scène, Renaud partageait souvent notre moment du soir...


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