Chapitre 19 - partie 1

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Elle alluma la télévision installée dans un coin et se cala profondément dans le canapé deux places chargé de coussins. La vieille horloge sonna huit coups. Encore trois heures, soupira-t-elle.

Cette fois-ci, elles étaient allées chez Faith. Elle devait nourrir son chat. Pas qu’il ne sache pas le faire lui-même. Il était tout à fait capable de se mettre debout sur ses deux pattes arrières pour marcher jusqu’au frigo et se servir allègrement. En faîte, c’était ce “allégrement” qui la gênait. Ce chat était un goinfre, et le vétérinaire avait dit qu’il était en surpoids. Donc, elle se retrouvait à devoir le surveiller.

Un générique apparu sur l’écran, et l’œil vide sur le documentaire d’histoire vida son mug de thé. Elle laissa la chaleur caractéristique de la boisson se diffuser lentement dans son corps. Elle envisagea d’aller se resservir, mais renonça face au poids de Chifer, son nekotama qui n’avait pas trouvé mieux que de poser sa tête sur ses genoux, pour mieux s’affaler de bonheur. Difficile de pousser une telle masse. Tant pis, elle se contenta de caresser les poils de la crinière de l’animal qui se mit à ronronner.

Faith se mit à ressentir une lassitude qui lui était inconnue depuis de longues années. Peut-être finalement qu’elle n’avait pu la fougue d’autrefois pour ce métier, peut-être que la routine c’était installer. Sans défi, sans difficulté juste l’ennui. Pourtant ces derniers jours avaient été agités.


La télé d’une voix morose retraçait les événements du passé “… alors que les trois villes sont dévastées d’un coup. Cet évènement, suivis du fameux discours de Pariam augmente la rage des combats.

Toutes les armes sont bonnes mécaniques, industrielles, magique, bombardements. La bataille de Draginlats oppose toute la population de la ville à l’armée humaine salvatus est l’une des plus emblématiques de cette période. Cette ville au nom de Dragin ne doit surtout pas être prise par l’Imperatum.

Les civils se cachent dans les caves, mais participent aussi au combat. La population doit être ravitaillée par avion. Toute la ville est détruite, mais les draginins gagnent la bataille.

Finalement un an après de féroces combats, les forces s’épuisent, les ressources viennent à manquer, le moral de la population et des soldats est au plus bas.

Aussi les combats deviennent de plus en plus rares. Une vague de maladies et de famine fait des dizaines milliers de morts. La population se révolte contre les gouvernements et demande la fin de la guerre.

Six mois plus tard, une trêve est signée.

Les deux camps se partagent les zones d’influence et stabilise leur pouvoir sur les pays conquis, un nouveau combat commence, c’est un combat d’opinion et d’influence. C’est aussi à cette date que l’OMP* est créé. Elle est chargée de maintenir le dialogue entre les deux camps et d’éviter une autre guerre. La période qui suivit et qui dure encore de nos jours fut appelée par les journalistes “l’Hibernation”... “

Avec les 70 ans de la Trêve, il n’arrêtait pas d’avoir des programmes dessus. Elle se demanda un instant si peut-être ce criminel voulait annuler l’évènement en mettant en place un climat de peur ? Ou qu’il souhaitait le fêter à sa manière ? Ce serait vraiment bizarre. A moins juste qu’il était mécontent de la fin de guerre. Mystère. De toute façon, qu’importe le mobile, sauf si ça l’aidait à le retrouver plus vite.

Juste à côté d’eux Rémy s’exaspérait contre son vieil ordi, bien qu’elle ne le connaisse par cœur et qu’elle y fait ces premières explorations du web profond, elle ne pouvait supporter sa lenteur.

Elle regarda du coin de l’œil Faith affalé, décidément elle avait vraiment des contacts partout. Pas étonnant que le conseil fasse appel à elle. Ça faisait déjà plus d’un an qu’elles travaillaient ensemble, mais elle ne savait presque rien sur Faith.

Il y avait ce vieux flic super flippant, pourquoi diable l’avait-il aidé ? Il l’aurait dû l’arrêter. Qu’est-ce que Faith avait fait pour qu’il la laisse piquer des preuves ? Ce n’est pas comme si elle roulait sur l’or donc le soudoyer n’était sûrement pas la raison. En plus quand elle lui avait transmis son message, Faith avait rigolé. Rigolé ! Elle avait risqué sa vie dans cette infiltration. Et elle, elle rigolait.

Et puis ce n’était pas le seul, en un an elle avait vu des personnes la laisser faire ce qu’elle veut ou lui donner ce qu’elle veut. C’était comme si rien ne l’arrêtait.

Même faire appel à une détenue sous liberté surveillée. Et pas n’importe laquelle : une sorcière, du genre le 0.0025% des humains capables de faire de la magie. Déjà, pour qu’il en si peu c’est que cela ne doit pas être normal. Un peu comme les gens qui ont un organe en plus ou en moins. C’est des bugs génétiques. Et en plus, vu leur rareté et comment ils sont surprotégés par le gouvernement, pour que ça aille en prison faut vraiment qu’elle est fait quelque chose de grave. Par curiosité, elle avait tenté de chercher un petit fichier pour en apprendre plus, mais en vain. Quelqu’un protégeait bien la divulgation de cet événement. Et puis, même s’il n’y avait pas tout ça. Elle ne voudrait pour rien au monde la revoir à cause de ce qui s’était passé la dernière fois.

Contrariée par cette pensée, elle se mit à demander:

— Tu es sûr que c’est une bonne idée. Ça ne coûte pas super cher.

— De quoi ? demanda vaguement l’intéressé.

— Bah, les séances de voyance. Les prix des sorciers sont toujours exorbitants.

— Effectivement. En même temps, la licence pour autoriser d'exercer la magie dans le cadre de service rémunéré est très chère et très difficile à obtenir donc les prix suivent.

Bien sûr que Rémy savait ça. Et même bien plus. Le gouvernement arrivait à tromper son monde, mais il faisait ça pour limiter la magie. La magie a toujours été chaotique. Ces effets sont difficiles à gérer. En plus, les humains qui ne savent pas s’en servir (sauf une mini-minorité) en sont terrifiés. Plutôt que mettre en place un système pour gérer et faire apprendre au plus jeune à l’utiliser avec parcimonie ou à le comprendre pour démystifier sa pratique. Le gouvernement préférait se faire du pognon dessus. C’est toujours une histoire de fric de toute façon.

Mais enfin bon, ce n’est pas là où elle voulait en venir. Elle voulait arriver à la convaincre discrètement à ne pas aller chez cette psychopathe de sorcière.

— Et tu as de quoi payé ça ? s’agaça-t-elle de cette leçon de droit qui éludait sa question.

— Non. Mais c’est le conseil qui paye donc… ce sera leur problème quand ils recevront la facture.

— Ils ne voudront plus faire appel à toi après ça.

— Tu sais quoi, le plus ironique, c’est qu’il referont appelle à moi. C’est l’avantage d’être la seule à être moi.

Rémy était contrarié pris entre Charybde et Scylla, l’un un meurtrier en série avec un pouvoir de contrôle et de l’autre une sorcière sadique ex-criminelle.

* OMP = organisation du maintien de la paix

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