Chapitre 1

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Mickael empoigne son meilleur ami, et l’attire dans son bar favori.

Une pièce immense où tables et chaises encerclent une piste de danse propice, selon Mickael, « au serrage de meufs ». Gégé n’aime pas cette expression, « ce n’est pas du bétail quand même ». Mais le jeu de la séduction ne reste qu’un jeu pour Mickael. Sur la gauche, un long comptoir éclairé de mille LED à faible consommation d’énergie et contrôlables à distance grâce à la merveilleuse application « TopLight » qui permet en seulement un clic de changer les couleurs des lumières pour donner une ambiance chaleureuse ou érotique selon les moments. « C’est le futur » d’après Mickael, « Too much » pour Gégé. À droite, un escalier menant vers le Graal de tous les valeureux chevaliers ayant conquis leur destinée et tentant de convertir leur précieuse récompense en amour éternel. Une longue galerie ornée de tables rondes accompagnées de deux chaises carrées tournées face au passage afin de permettre à ceux qui s’ennuient de trouver le réconfort en regardant ceux qui sont seuls et qui ont envie de pisser. Au fond, un panneau radioactif annonce l’entrée dans une pièce mortelle : le fumoir. Endroit exigu où se retrouvent les toxicomanes en manque d’une dose ou les inconscients à la recherche de rencontres amicales, et souvent bien plus que cela. C’est là-bas que se presse d’aller Mickael envoyant ainsi son acolyte quérir le doux breuvage leur permettant de faire le premier pas. Les places libres se font rares, mais Gégé déniche la perle, sa perle. Un coin non éclairé, discret, invisible où il pourra enfin respirer le repos et la tranquillité afin d’observer le Monde tel un scientifique devant une cage de zoo.

Mais ce soir-là, une intruse intervient. Une femme ravissante, attirante et dotée d’un charme envoûtant. Une convoitise pour Gégé, un Graal, un diamant, une lumière dans le noir, une proie. Le temps se fige, les certitudes sur l’heure et le lieu s’envolent au rythme des basses de sa poitrine. Le sang circule plus vite, la chaleur s’intensifie, sa vision se trouble, l’alcool agit. La tension retombe. Un bref retour à la réalité lui rappelle que ses angoisses, même sous le contrôle de l’ivresse, l’empêcheront de monter à l’étage. L’espoir irrationnel d’accéder à ses passions occasionne le jaillissement du liquide biologique odorant mettant définitivement un terme à la réussite de sa quête.

Mickael revient. D’un pas lent et affûté, il scanne les alentours dans le but de dénicher son joyau. Et, tel un mauvais film, il percute la belle tant convoitée par Géraud. Quelle chance ! Alors même que Mickael recherchait la femme de sa nuit, c’est elle qui le trouva. Offrant à Gégé le prétexte inespéré de rencontrer la femme de sa vie.

Plusieurs heures passèrent avant qu’elle n’avoue que cet accident était prémédité. C’est son jeu favori, identifier les personnes marchant sans regarder où ils vont et ainsi provoquer une chute. « C’est une bonne occasion pour se faire payer un verre », remarqua Mickael. « Je suis une femme », rétorqua Julie. « Rester assise seule dans un bar est une occasion bien plus fiable ». Julie, c’est un prénom merveilleux, mais n’importe lequel aurait été magnifique également. Elle s’éclipse un instant, promettant de revenir.

Mickael se tourne vers Gégé, les yeux brillants, la mine ravie, les mains tremblantes, la respiration retentissante. « Je crois que c’est la bonne ». Coup de tonnerre sous les tropiques, Gégé ne sait plus s’il doit rire ou pleurer. Si, il le sait, il doit rire. Julie n’appréciera guère la personnalité de son ami. Il est insouciant, insensible, indiscret, indécent, impétueux, impitoyable, inculte, incomplet et peut-être même incontinent. Il est tout le contraire de moi et si elle l’aime alors elle ne m’est pas destinée, et cela est impossible. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, ce bougre me demande de l’aider. Il se sent incapable de séduire une femme comme elle et pour la première fois de son existence, il est lucide.

Mais je suis son ami et mon rôle dans sa vie est de l’aider à être heureux. De toute façon, cette relation est vouée à l’échec.

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