Chapitre 12 - Aurore -

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À la fin de mon cours de maths, ma professeur m’interpelle et me demande de rester un peu. J’obéis alors, consciente de ce dont elle va me parler. Ces derniers temps, tout le monde me pose des questions et c’est déjà la troisième prof qui me le demande aujourd’hui.

  • Écoutes Aurore, avec tes autres enseignants, on s’inquiète pour toi. Tu es distraite ces derniers jours et ça fait déjà plusieurs fois que des bleus apparaissent du jour au lendemain. Alors si il y a quoique ce soit que tu doives nous dire, si tu es en danger chez toi, si tes parents abusent de toi, alors tu dois nous le signaler pour qu’on puisse te protéger. Tu comprends ? me questionne-t-elle comme on s’adresse à un enfant de cinq ans.
  • Je comprend madame mais je vous assure que ça va. Je suis un peu fatiguée en ce moment et je suis un peu moins vigilante, voilà tout, je lance avec un sourire.

Ce sourire m’arrache une grimace et je sens le goût du sang revenir dans ma bouche. Elle acquiesce doucement, pose une main sur mon épaule et je tressaille de douleur, et enfin elle me laisse partir. Je sais que tout ça relève de leur métier, ils doivent prendre soin de leurs élèves et veiller à leurs bien-êtres mais je ne veux pas que plus de personnes soient au courant.

Dans les couloirs, de nouveaux élèves se retournent sur leur passage, sans même essayer d’être discret, et à vrai dire, je ne les remarque même plus, tout comme je ne vois pas Mathilde me courir dessus à la pause de cette après-midi. Elle m’enserre, les larmes aux yeux, et c’est pour cette raison que je ne lui notifie pas que son étreinte m’est douloureuse.

  • Qu’est ce qui se passe Math ?
  • J’en ai marre, tellement marre Aurore ! Tu vas mal et je le vois bien, je voudrais t’aider mais je ne sais pas comment, m’annonce-t-elle me provoquant une montée de culpabilité accompagnée d’une moue. Alors comme je m’inquiète, monsieur me fait la gueule parce que je suis trop distante, et ensuite les filles ne font que de me dire que je les abandonne.
  • OK Mathilde, calme. Je suis désolée, si je pouvais je t’assure que je t’en parlerai. Mais tu n’as pas à t’en faire, je vais bien.
  • Tu vas bien ? Arrêtes de me mentir s’il te plaît. Je te connais Aurore, et je sais que quelque chose ne va pas. Tu n’es plus toi-même et ça me fait trop de peine. Tu t’es toujours relevé, de tout, après tes défaites, après ton agression, après ta chute. Tu t’es toujours relevé, alors c’est le moment de te relever.
  • Je sais, Math, je sais. Mais j’ai besoin de temps. Maintenant expliques-moi ce qui se passe avec tes copines.

Je prend sa main entre les miennes, plonge mon regard dans le sien et l’entraîne vers le forum, sur un banc, où elle pourra se confier. Elle commence alors son récit, me racontant en détails chaque conversation, commenté par son ressentit, et la discussion finale de ce midi. Elle me raconte tout et je lui donne mon avis en tentant de faire la part des choses, jusqu’à ce que Tom arrive à côté de nous. Il rigole dès que j’émets une hypothèse sur la raison de leur colère.

  • Non, vous avez tord. Ce qui les dérange Mathilde c’est que maintenant tu as retrouvé ta meilleure amie, qu’elles ne peuvent plus se dire que Aurore n’existe pas, elles ne peuvent plus nier qu’elles ne sont et ne seront jamais tes meilleures amies, jamais comme tu l’es pour elles.
  • N’importe quoi, d’où tu sors ça ? la questionne ma meilleure amie.
  • Il a probablement pas tord, n’empêche, j’approuve.
  • Quoi ? Mais pourquoi tu dis ça ? s’indigne-t-elle.
  • Parce que c’est pas complètement faux. Regarde, tu es la meilleure amie d’Anissa, celle de Pauline, de Rose aussi. Tu es dans chaque éléments de leurs vies. Elles ne jurent que par toi depuis des années, et même si toi tu as toujours été claire avec elles en leur parlant de moi, je n’étais jamais physiquement présente, tu étais toujours avec elles alors ça leur posait pas problème. Maintenant que tu veux passer du temps avec moi parfois, ça les dérange.

Elle reste un instant silencieuse et se lève rapidement, prête à avoir une explication avec ses amies. Quant à lui, Tom reste à mes côtés, se rapprochant et caressant mes bleus du bout des doigts. Ce contact n’est pas douloureux, au contraire, j’ai l’impression qu’il panse chacune de mes plaies, applique un baume sur mes bobos et apaise les maux. Son regard plonge dans le mien et j’ai la sensation qu’il peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Pourtant il ne sait rien de la tourmente qui secoue mon âme à cet instant.

  • Je ne sais pas ce qui se passe pour toi en ce moment,je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas en parler à ta meilleure amie, maisje te promet que ça ira mieux. Il faut juste que tu trouves la force d'avancer.

Ses mots me font grimacer parce qu'il n'a pas idée de ce qui se passe dans ma vie. Il ne se doute même pas de la douleur que je ressens et encore plus quand il me dit ça. Tout ne relève pas de notre volonté, il est parfois plus compliqué d'affronter la rélaité alors on reste bloqué dans ce que l'on veut être un mirage.

  • C'est beaucoup plus compliqué que tu ne l'imagineras jamais, alors je t'en supplie, ne me redis jamais ça, ne me reparle jamais de ce que tu ne soupçonnes pas.
  • On vit tous des trucs plus ou moins compliqués. Il faut juste apprendre à tirer le meilleur de toutes les situations.

Je ne supporte pas d’entendre tout son ramassis de connerie. Il ne connaît rien de ma situation actuelle, il ne connaît rien de ma vie en générale, en fait, alors il ne peut pas se permettre de parler comme ça de la façon dont je devrais vivre les événements. Donc je pars, je le laisse en plan, sur ce banc au milieu de tous les autres lycéens.

— Oh ! lâche-t-il en faisant traîner le son longuement. Reviens, c’est bon, je te jure que je ne t’en parlerais plus !

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