Chapitre 8 - Aurore -

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Cette nuit, sans trop savoir pour quelle raison, j’ai ressenti le besoin de me confier à Louis. Ce n’est pas quelque chose qui m’arrive souvent, bien au contraire, mais le contexte m’a poussé à le faire.

Quand j’ouvre les yeux, je prend un instant avant de me rappeler d’où je suis. Louis est toujours dans le lit et une voix criarde s’exclame dans mon dos.

  • C’est quoi ce délire, Louis ? Tu m’expliques ? Et c’est qui elle ?
  • Sors, on va en parler tranquillement, lui répond l’intéressé d’une voix calme.
  • T’as plutôt intérêt à me répondre, continue-t-elle sur le même ton cinglant.
  • Promis, mais pas ici, elle dort encore.

Je sais qu’il a remarqué que je ne dors plus, mais il veut probablement me laissé en dehors de ses histoires de couple. Je me sens idiote et affreuse. Je n’aurais jamais dû accepter de dormir chez lui ce soir, je n’aurais même jamais dû lui envoyer un message pour qu’il me sorte de cette situation ! Il se lève et la pousse vers l’extérieur. Je le sais parce qu’elle lui crie de ne pas la toucher. Alors quand il ferme la porte derrière lui, je ramasse les deux ou trois affaires que j’avais sorti hier soir comme mon chargeur et mes écouteurs. Je refais le lit, bombe les oreillers et replace la couverture qu’il avait sorti si jamais j’avais froid sur le lit. Une fois fait, je vérifie que je n’ai rien oublié et enfile mon manteau, la première chaussure et ensuite la deuxième. Je suis en train de lacer cette dernière quand la porte s’ouvre à nouveau doucement et la voix de Louis résonne derrière moi :

  • Qu’est ce que tu fais ?
  • Je te remercie pour hier soir, c’était super gentil mais je vais y aller, mes parents vont m’attendre, je répond toujours dos à lui.
  • Tes parents ne sont pas là tu m’as dit, son ton laisse transparaître l’étonnement.
  • Oui, mais j’ai des choses à faire et tout, je bafouille.
  • Jeanne tu veux bien nous laisser quelques secondes s’il te plaît.
  • Bah bien sûr, répond-elle avec une once d’agacement.

Une seconde, deux secondes, trois secondes. Des bruits de pas et son corps face au mien. Il est toujours en pyjama – enfin un grand tee-shirt et un short de sport usé.

  • Elle est partie, m’indique-t-il.
  • Y avait pas besoin. Ça me dérange pas qu’elle soit là.
  • Arrête de mentir, je sais bien que si tu ne t’es pas retourné c’est parce que tu ne voulais pas qu’elle ne voit comme ça, sans maquillage pour atténuer les coups.
  • Et alors ?
  • Alors rien, je comprend. Mais maintenant elle n’est plus là.
  • Tu peux me ramener, s’il te plaît.
  • T’es sure de vouloir rentrer dès maintenant ?
  • Oui, vraiment, c’était super gentil à toi et ta famille de m’accueillir hier soir mais je pense que vous en avez fait assez maintenant.
  • D’accord, je me change et on peut y aller.

Je le remercie et sors de sa chambre. En entendant Jeanne en bas parler avec la mère de Louis, je me décide à rester sur le canapé présent sur le palier. Je reste un moment seule et soudain, Jeanne remonte les marches en bois. Aussitôt, je baisse la tête au maximum, espérant qu’elle ne pourra pas voir les traits de mon visage. Le canapé s’affaisse à ma gauche.

  • Pourquoi tu ne veux pas me regarder ?

Je reste un instant bouche bée. Je m’attendais à pleins de choses, des insultes, des questions, des menaces pour ne plus approcher son copain, mais pas cette question. Je balbutie quelques bribes de réponses qui ne font pas sens, et je finis par abandonner.

  • Louis m’a dit pour tes parents. Les miens aussi s’engueulaient souvent quand j’étais plus jeune. Ils ne m’ont jamais laissé seule mais ils auraient pu, franchement.

Encore une fois, je ne répond pas. Cette fois, je n’ai vraiment aucune réponse à lui donner. Pourquoi Louis a-t-il inventé une telle histoire ? Après tout, je ne peux pas lui en vouloir. Il a fait comme il a pu pour se sortir d’une situation dans laquelle je l’ai mis. Jeanne n’a pas le temps de poser une autre question à laquelle elle n’aurais probablement pas eu de réponse. Louis nous rejoint et m’entraîne dans les escaliers, une main dans le dos. Il me prévient que Jeanne va nous accompagner et j’acquiesce. Arrivée en bas, la mère de Louis me sourit avec un air compatissant. Elle doit savoir. Je la remercie une fois de plus et elle balaye mes remerciements d’un geste de la main rapide. Louis aussi fait ça parfois. Ça veut dire « ne t’en fais pas » et je trouve ça adorable. Nous rejoignons la voiture. Jeanne monte à l’arrière et je m’installe sur le siège passager, le regard porté sur le sol encore une fois.

Quand nous arrivons devant chez moi, Nao n’est plus là. J’appréhende un peu. Un tas de scénario improbable me viennent à l’esprit et j’essaye de les balayer de ce fameux geste de main. Mais cette fois, ce n’est pas très efficace. Louis me propose de m’accompagner jusqu’à la porte et je commence par refuser. Mais mon appréhension est audible alors il se détache et descend de la voiture à son tour. Il indique à Jeanne de venir s’installer à l’avant et m’accompagne jusqu’à l’entrée. Je tourne la clé dans la serrure, et vérifie que personne n’est rentré cette nuit. La voie est libre, alors j’adresse un dernier merci à Louis et il m’offre une accolade rassurante, il s’excuse encore pour l’arrivée de sa copine, excuse que je balaye de la main avec un rire. Il rit aussi et s’en va. Je rentre aussitôt et tourne à nouveau la clé dans la serrure.

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