Chapitre 2 - Aurore -

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Mon visage garde les traces de ce qui s’est passé hier soir, avant que Louis n’intervienne, à ma grande surprise d’ailleurs. Ma pommette est un peu enflée malgré la glace et a prit une teinte violacée, et mes lèvres sont quant à elles un peu abîmées, mais rien qui ne puisse se cacher avec du maquillage. Quand mes parents ont vu ça et m’ont posé des questions, je leur ai raconté que je m’étais cognée contre la porte en arrivant. Ils ont eu un air suspicieux mais, parce que j’ai réussi à soutenir leur regard, ont fini par me croire.

Alors, devant mon miroir, je m’attelle à camoufler les traces du mieux que je peux. Je mets une bonne dose d’anti cernes sur les marques et applique un rouge à lèvre qui attire l’attention sur autre chose que les contusions. Une fois que l’on ne voit presque rien, je peux enfin quitter mon domicile.

Quand j’arrive dans ma salle de classe, certains me scrutent et d’autres me demandent plus directement ce qui m’est arrivé. Moi qui pensait pouvoir duper tout le monde avec un peu de maquillage, il semblerait que je me sois trompée. Je leur raconte la même histoire que celle que j’ai expliqué à mes parents. Tous, ou presque, rigolent de bon cœur en me répétant que je suis trop maladroite. Et je ris avec eux, en faisant preuve d’auto-dérision.

Après deux heures de cours, il est enfin temps de prendre une pause. L’ensemble de mon groupe se rend dehors, alors que je vais à mon casier déposer des cahiers et en reprendre d’autres. Sur le chemin, mon téléphone vibre. J’ai reçu un message d’un numéro inconnu. Je l’ouvre et le lis ; il s’agit de Louis. Je ne répond pas et quand j’arrive à mon casier je le vois. Il entame la conversation. Mais je ne veux pas de lui dans ma vie. Je ne veux pas de personnes comme lui dans ma vie.

Pourtant, me direz-vous, il a eu le courage de s’interposer alors qu’il n’avait pas de raison de le faire de prime abord. C’est vrai. Mais Louis n’est pas le genre de personne que je fréquente. Louis est du genre rebelle, il cherche sans cesse à repousser les limites, il ne prend jamais le refus comme une réponse, il ne se soucie que très rarement des autres, il ne voit que par son monde. Et faire partie de son monde est compliqué. Faire partie de son monde, c’est lui appartenir, c’est lui donner tout ce qu’il veut, c’est faire en sorte qu’il se sente roi. Je ne fréquente pas ce genre de personne. Du moins, je ne les fréquente plus. Ils m’ont fait trop de mal.

Quand le beau brun se voit repoussé, il se fige, de part son manque d’expérience. De mon côté, je file droit. Je rejoins mon groupe de copains dehors et passe un bon moment avec eux, loin de mes problèmes et de mes angoisses. Pourtant, je sais que je ne pourrais jamais me tenir loin de tout ça très longtemps. Par-dessus tout, je ne devrais pas.

***

La matinée s’achève. Dans mon lycée, le mercredi, nous ne travaillons que le matin. Ainsi, ma journée est terminée pour aujourd’hui. Cette fois, c’est ma mère qui vient me chercher à la sortie des cours, et je dois avouer que ça me rassure. Comme ça, je sais que je ne tomberais pas nez à nez avec Nao et cette après-midi je ne serais pas seule, alors je ne psychoterai pas à chaque petit bruit que j’entends dans la maison ou à l’extérieur.

C’est devenu mon quotidien depuis que j’ai décidé de porter plainte contre lui il y a quelques mois. Ce jour-ci, j’étais avec Nao et d’autres amis. Lui et moi étions proches, nous nous connaissions depuis quelques années déjà et jamais il n’y avait eu d’ambiguïté entre nous. Cependant, il est de ces personnes qui ne t’acceptent dans leur vie que si tu acceptes de leur appartenir. Seulement, je ne savais pas ce que ça impliquerai. Quand nos amis sont rentrés chez eux, nous sommes restés tous les deux. C’était déjà arrivé plusieurs fois, alors je ne m’étais pas méfiée. Mais j’aurais dû. Après quelques avances à chaque fois un peu plus entreprenantes et mes refus toujours un peu plus fermes, Nao s’est mit dans une colère noire. Je ne l’avais jamais vu ainsi, et encore moins contre moi. Il a saisit mes poignets d’une main et les a plaqués au-dessus de mon visage. De ses jambes, il a ouvert les miennes et de son autre main libre il a enlevé nos habits. Chacun de ses gestes étaient emprunts d’une telle haine que les suivants étaient bien plus doux.

J’aurais voulu crier. J’aurais voulu me débattre. J’aurais voulu pouvoir me libérer de son emprise. Mais mon corps est resté inerte, alors que mon âme fuyait. La seule chose qui permettait encore le lien entre mon corps et ma conscience furent mes paroles. Je le suppliais de me lâcher, de ne pas me faire de mal, que je n’avais pas envie de ça. Mais il n’écoutait pas, et me répétait que j’allais aimer, et lui en redemander. Le lien s’est brisé au premier coup de rein qu’il a donné.

Une fois que cet enfer fut terminé, je suis rentrée chez moi le plus vite possible. J’avais mal, atrocement mal. Je peinais à marcher mais je savais que je ne pouvais pas faire autrement. Alors j’ai avancé. Et quand je suis rentrée chez moi, je me suis effondrée contre ma porte. Puis je me suis traînée jusqu’à la salle de bain. Je suis rentrée sous la douche et j’ai frotté, aussi fort que j’ai pu. Je voulais effacer la sensation de ses mains sur ma peau, de sa peau contre mon échine. Je pensais que je ne pourrais pas faire mieux. Je pensais que ça suffirait à apaiser tout le chaos qui survenait en moi. Mais ça n’a pas été le cas. Et ça a même été la pire idée que j’ai eu. Quand ma mère est rentrée quelques heures plus tard, j’étais encore effondrée. Je lui ai alors raconté un mensonge. Mais elle a refusé d’y croire et quand elle s’est avancée pour m’enlacer, j’ai eu un mouvement de recul. Mes sanglots ont redoublé et je lui ai tout raconté. Aussitôt, elle m’a accompagné au commissariat. J’ai porté plainte pour viol contre Nao. Mais je m’étais lavée, effaçant toutes les preuves. L’enquête a conclue à un non-lieu. Depuis, je reçois des menaces de sa part. Des menaces pour lesquels il a eu une injonction d’éloignement. Celle-ci a prit fin en début de semaine. Depuis, je vis dans la peur.

Mais cette après-midi, ma mère et moi avons mieux à faire. Il faut que je l’aide à préparer ses bagages. Ce soir, elle part avec mon père en voyage pour quelques jours, jusqu’à dimanche. J’aurais dû aller chez Mathilde, mais j’ai insister pour rester à la maison à l’instant où Nao est réapparu. Je ne veux pas mêler mes proches à cette histoire.

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