Épilogue

4 minutes de lecture

 Où se trouvait-il ? Caritas n’en avait aucune idée. Autour de lui se dressaient seulement des arbres au bois sombre dont la cime demeurait invisible avec la pénombre ambiante. Une brume épaisse recouvrait les alentours, le jeune garçon n’était même plus capable de voir ses jambes. Que faisait-il dans cet endroit ? Il ne reconnaissait pas cette forêt. Il ne se souvenait pas de comment il s’était retrouvé ici.

 Un léger vent se mit à souffler de face, faisant à peine tourbillonner le brouillard omniprésent. Des rayons de lumières apparurent, comme sortis de nulle part. La forêt se teinta d’une dualité rouge profond d’un côté et vert intense de l’autre. Sans comprendre comment il le savait, Caritas avait conscience que quelque chose approchait. Devait-il avoir peur ? Surement. Mais son cœur battait à un rythme régulier, les sentiments ne semblaient pas réussir à l’atteindre. Il était simple spectateur.

 Un individu vêtu d’un long manteau noir s’avança vers lui, coupé en deux par les lumières opposées. Il releva sa capuche dévoilant ainsi le visage d’une femme brune aux traits fins. Elle lui sourit et plongea son regard de jais dans celui du garçon.

 — Bonjour, Caritas, dit l’inconnue.

 Sa voix était douce et son ton avenant. Bien qu’il n’avait jamais vu cette personne, l’enfant se sentit apaisé en sa présence.

 — B- Bonjour, madame. Vous me connaissez ?

 La femme sourit de nouveau, mais ne répondit pas à la question.

 — Savez-vous où nous sommes ? Je ne me rappelle pas comment je suis arrivé ici.

 — Nous sommes dans tes rêves, Caritas. Je suis ici pour t’offrir quelque chose.

 — Dans mes rêves ? M’offrir quelque chose ?

 Elle pointa du doigt les pieds du garçon. Celui-ci remarqua alors que la brume s’était écartée pour laisser voir une tablette en argile posée à même le sol. Des écritures y étaient inscrites.

 — Qu’est-ce que c’est ? demanda Caritas.

 — Lors de l’ouverture de la Gueule, beaucoup de souvenirs ont été perdus. Ce que tu as entre les mains est le dernier héritage d’un homme. Celui qui a permis le renouveau du monde au prix de son humanité.

 — Dieu ?

 La femme eut un petit rire. Son regard s’abandonna un instant dans le vide avant de revenir vers son interlocuteur.

 — Qui êtes-vous ?

 — Je ne suis qu’un simple intermédiaire, le scribe d’une puissance supérieure. Mais cela n’a que peu d’importance. Il est temps de nous séparer, jeune enfant.

 — Attendez ! Je...

 Mais Caritas ne put poursuivre son objection, la brume se mit à tourbillonner autour de lui, enveloppant l’ensemble de son champ de vision. Tout disparut dans un gris uniforme.

 Le garçon s’évapora en un instant dans le nuage.

 — Es-tu sûr que cela te convient ? lança la femme. Tu ne souhaites vraiment pas lui parler ?

 Un être à l’allure humaine apparut entre les arbres.

 — Comme tu l’as dit Kareth, tout cela n’a que peu d’importance. Tout ceci constitue déjà un caprice de ma part, ne poussons pas les choses trop loin.

 Il se détourna et repartit, sans ajouter un mot.

 — Pour lui comme pour toi, ce caprice représente beaucoup, Guad.

 Caritas se réveilla en nage, essoufflé. Que venait-il de se passer ? Il avait donc rêvé ? Tout n’avait été qu’illusion dans son sommeil ?

 — Caritas ! Tu ne vas pas dormir toute la matinée le jour de tes douze ans tout de même !

 Le garçon sursauta. Il restait encore confus et ne s’était pas attendu à entendre sa mère l’appeler de la sorte.

 — J’arrive.

 Mais alors qu’il commença à sortir du lit, son genou tapa contre un objet dur. Il tourna la tête et aperçu la tablette que cette femme lui avait offerte dans ses rêves. Il la prit et se mit à la lire.

Je me nomme Guad Deoredei, fils de Dran Deoredei et Lia Deoredei. Je pose ces mots ici pour tous ceux qui nous suivront. Tout ceci a un sens. Bien qu’enfants de la Gueule, nous n’avons aucune idée de ce que nous allons traverser, nous ne savons même pas ce qu’elle attend de nous. Pourquoi faisons-nous cela ? Là est la question que vous devrez garder ancrée dans votre âme. Nous avons tous une motivation qui nous fera avancer, un pas après l’autre, sur le chemin de notre destin. Peu importe les épreuves auxquelles vous ferez face, si vous n’oubliez pas ce qui permet à votre cœur de continuer à battre, alors rien ne sera hors de votre portée.

À Dalga, la femme de ma vie. Que ton destin brille aussi fort que tu le mérites. Je réussirai pour toi. Je t’aime.

 Guad Deoredei ? Dalga la femme de sa vie ? Et cela parlait aussi de la Gueule, cet endroit où les gens vivaient avant sa naissance.

 La porte s’ouvrit doucement alors que sa mère entrait dans la chambre.

 — Toujours au lit, petit fainéant ? lança-t-elle le sourire aux lèvres. Qu’est-ce que c’est que ça ?

 Caritas se tortilla dans son drap, gêné par la question.

 — C’est… Une femme est venue dans mon rêve et me l’a donnée… Je ne comprends pas tout ce que ça dit, mais j’ai l’impression qu’elle t’est adressée maman, il y a ton prénom écrit.

 Sa mère fronça les sourcils, perplexe, mais ne posa pas plus de questions. Elle se saisit de la tablette, ses yeux parcoururent le texte et se mirent à pleurer à mesure qu’elle lisait. Puis, arrivée à la fin, elle s'effondra en sanglots.

 Paniqué de la voir ainsi, Caritas ne savait plus où donner de la tête. Il finit par la serrer entre ses bras, en espérant qu’il faisait ce qu’il fallait.

 — Ça va, maman ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ?

 Dalga se calma comme elle put et hocha la tête. Après avoir pris une grande bouffée d’air, elle répondit :

 — Je ne sais pas où tu as eu cela, mais c’est très précieux. Je pensais que cette tablette avait disparue avec la Gueule, il y a de cela douze ans. (Voyant que son fils ne comprenait pas, elle continua.) C’est ton père qui a écrit cela Caritas, Guad Deoredei. Ce sont les derniers mots qu’il nous a légués.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Bulwyde ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0