Meca Magi

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 Un drap orangé couvrait la ville. Les gens, d'un pas déterminé, allaient de rue en rue, de boutique en boutique, déambulant dans tous les sens, sans but, sans fins. Les lampadaires et panneaux publicitaires s'allumaient tour à tour dans le quartier commerçant. Dans la cité, la nuit ne s'annonça clairement que lorsque la symphonie résonnante de la grand-rue changea de ton. Les hululements humains et bruits apocalyptiques des vaisseaux traversant les nuages à la vitesse du son se transformaient peu à peu en un bruit de tambour gigantesque qui battait à rythme régulier les cris poignants des mères affolées.

 Litha s'était suffisamment éloignée du vacarme citadin pour se détendre. N'ayant nul endroit où aller, et sans un seul sou en poche, elle s'en alla rejoindre la petite place verte qu'elle fréquentait autrefois. Mais elle se rendit bien vite compte que le paysage n'était plus celui qu'elle connaissait dans son enfance. Elle se rappelait ces grands arbres fruités l'été, enneigés l'hiver, qui abritaient insectes et oiseaux. Elle se souvenait même de deux petits volatiles qui y avaient construit leur nid et dont les chants l'émerveillaient, ainsi que sa mère. Mais plus rien ne restait de ces temps effacés, mis à part les bancs négligés et le gravier sur le sol. Tout ce que la jeune femme trouva en ce lieu délaissé fut un pigeon mort, affalé sur le sol au milieu de la place, sans patte. Litha se contenta de cet endroit pour s'allonger sur un banc et s'assoupit. En l'espace d'un instant, la sérénité emplit son corps et pénétra son âme. Elle s'imprégnait du paysage, allant d'un ciel poussiéreux au-dessus d'elle à des rues sans horizon qu'elle voyait de son petit banc. Les fenêtres des grands buildings qui s'élevaient tout autour d'elle laissaient s'échapper de la lumière qui éclairait l'endroit, tout comme un vieux lampadaire clignotant. L'air était frais, l'atmosphère relaxant. C'était comme si les bruits de tambour qui éclaitaient dans la ville s'effaçaient, s'estompaient doucement dans les pensées de la jeune femme. Toutes les couleurs brunes, aussitôt claires aussitôt foncées, bleutées par le voile de la nuit se mélangeaient devant ses yeux fatigués, comme la peinture abstraite d'une chaleureuse ambiance du soir.

 Soudain, un coup de tambour retentit tout près de la position de la jeune femme, ce qui la réveilla, en sursaut. Machinalement, elle se mit à courir vers la rue d'en face, se dirigeant vers l'extérieur de la cité. Elle galopait de plus belle à chaque carrefour, comme si sa vie en dépendait. Les rues défilaient autour d'elle sans qu'elle n'en retînt les noms. Ses jambes s'alourdissaient, sa respiration devenait pesante, jusqu'à lors qu'elle décida de s'arrêter brusquement afin de reprendre son souffle, trouvant que les coups de tambour perpétuels se faisaient assez lointains. Au beau milieu d'une ruelle obscure, sans éclairage, Litha avait du mal à distinguer le bout de ses chaussures. Elle craignait avoir été suivie par quelque malfrat de la cité, et pensait que l'un d'entre eux se trouvait fort probablement dans les environs. C'est alors qu'une goutte d'eau froide tomba sur son front. Surprise, Litha leva les yeux au ciel et apperçut d'innombrables flocons noirs éparpillés en l'air qui se dirigeaient vers le sol avec délicatesse. Mais, malgré l'apparition de flocons, le ciel n'avait pas changé ne serait-ce que de couleur. Litha s'en trouvait troublée depuis toujours. Le ciel était pour elle cette chose envoûtante, stagnante, qui semblait être un amas de poussières et qui faisait office de toît. La jeune femme le scrutait. Il paraissait lui grimacer amèrement. Elle sentait qu'il y avait quelque-chose qui se cachait là-haut, quelque-chose de bien plus immense encore que tout ce qu'elle connaissait. L'idée d'un au-delà, magnifique, inimaginablement grand, dans lequel notre vue pourrait se perdre rien qu'en se posant dessus, ravissait la jeune femme à l'imagination débordante. Et ces bosquets de tours de verre et de béton qui s'étendaient sur des milliers de kilomètres étaient-ils l'unique décor qui existait sur cette Terre ? Du moins, c'était ce que semblait vouloir faire croire cet immense voile brun qui couvrait la ville.

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