Chapitre 116

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Layla

- Chérie ?

- Oui, Alexis ?

- Ton père, ça va. Ne t'inquiète pas outre mesure. Je viens de repasser à la maison, j'ai repris sa tension, elle est normale. Je l'ai aidé à regagner l'étage, il n'a pas eu d'étourdissement ou d'essoufflement. Il va s'allonger, dormir un peu.

Je soupire. Depuis ce midi, depuis que papa a eu son coup de fatigue, j'étais inquiète. Même si Alexis a fait le nécessaire et que maman demeure vigilante. Alexis poursuit :

- Comme on l'a présumé, je pense qu'il y a eu un concours de circonstances : il est resté longtemps debout, il ne s'est pas alimenté et n'a pas bu assez, le soleil et puis... l'émotion, Layla.

- Oui, je me doute. Tu penses que je n'aurais pas dû lui demander de relancer les machines à Labégude ?

- Au contraire. Cela l'a infiniment touché. C'était une très belle idée, et tout le monde gardera aussi cette image en tête. Tu voulais aider à refermer des blessures en relançant les usines, le geste de ton père y a contribué.

Je souris doucement.

- Tu as raison.

- Bon, je te laisse, mon amour... Je dois prendre mon premier patient. Et je suppose que tu es attendue toi aussi.

- Oui. Nous tenons une réunion cet après-midi, avec l'équipe dirigeante, puis je passerai à Ucel également sur le retour. Je ne m'attarderai pas cependant. Je serai certainement à la maison avant toi.

- Pas de souci. Ta mère va nous tenir au courant au fil de l'après-midi pour ton père. Envoie-moi aussi un message quand tu seras rentrée.

- Bien sûr ! Je t'embrasse. Et...

- Oui ?

- Alexis... Merci d'avoir veillé sur papa. Je sais que ce n'est pas forcément évident pour toi.

- C'est mon métier, Layla. Et c'est un réflexe aussi. Je peux faire abstraction du fait qu'il soit ton père, si c'est cela que tu sous-entends. Quelqu'un qui a besoin d'aide reste avant tout quelqu'un qui a besoin d'aide.

- Merci quand même, dis-je encore. Je t'embrasse et à ce soir.

- A ce soir.

Je raccroche, fixe un instant l'écran de mon téléphone : maman ne m'a pas envoyé de message.

Mon regard fait le tour des bâtiments. Derrière moi, l'usine tourne. Le bruit des machines s'entend à peine de l'extérieur, preuve que l'isolation phonique est de qualité. En fait, je perçois bien plus le chant de l'Ardèche. Je ferme un instant les yeux, dans l'air se déploient les parfums de mon pays. Puis, d'un pas décidé, je retourne vers le bâtiment administratif que j'avais quitté le temps de ma communication avec Alexis. Laurent m'attend à l'extérieur de la salle de réunion et je le rassure en quelques mots :

- Ca va pour papa. Alexis est repassé à la maison, sa tension est correcte. Il se repose.

- Tant mieux, soupire-t-il. C'était une belle surprise qu'il soit présent, et ta mère aussi.

Alexis

Lorsque j'arrive à la maison ce soir-là, je perçois tout de suite que l'alerte est passée. Layla semble sereine, Liliane garde encore une trace d'inquiétude, mais Dominique a bien meilleure mine qu'à midi, preuve que le repos, le calme et la fraîcheur relative de la maison lui ont fait du bien. Les parents ont dîné avant mon retour, ce qui était aussi bien. Layla, quant à elle, préférait m'attendre.

- Comment vous sentez-vous ce soir, Dominique ? demandé-je d'emblée en retirant ma veste.

- Bien mieux. J'ai fait une bonne sieste, je suis sorti un peu sur la terrasse pour prendre l'air, cela m'a fait du bien.

- Bien. Pas de sensation d'étouffement, de malaise, de gêne quelconque ?

- Non, pas du tout. Juste un coup de fatigue.

- On prendra rendez-vous avec le médecin dès notre retour à Montussan, intervient Liliane.

- Oui, c'est plus prudent quand même, dis-je. Voulez-vous que je reprenne votre tension ?

- Mangez d'abord, sourit-il.

Je prends place à table, Layla apporte la soupière. De ce que je comprends, Liliane s'est occupée en cuisinant un peu alors que son mari se reposait. Elle a aussi réalisé une crème aux oeufs en dessert. Une façon comme une autre de repousser l'inquiétude.

Ce n'est qu'une fois seuls dans notre chambre, que je demande à Layla comment s'est déroulé son après-midi : je ne voulais pas parler des usines devant son père, ni l'amener ainsi à réfléchir à leur sujet.

- Ca a été. J'ai eu un peu de mal à me concentrer, tu t'en doutes, mais Laurent était là et a bien senti quand je perdais le fil. Il reprenait alors la main pour mener la discussion et tout s'est bien passé. Tout le monde est opérationnel ; maintenant, on va lancer la production. A petite vitesse pour démarrer, pour roder les machines, les équipes aussi, faire les ajustements nécessaires. J'ai rappelé que nous avions jusqu'à la fin de l'année pour augmenter en puissance de production, que nous faisions tout doucement le relais avec les usines à l'étranger.

- Et à Ucel ?

- Ca démarre bien, sourit-elle. Pour l'instant, nous n'avons pas encore conditionné la première savonnette avec un emballage fabriqué à Labégude, mais cela devrait arriver dans quelques jours.

Je lui souris en retour. C'est un moment qu'elle attend avec impatience.

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