La Force d'un Regard

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« -Mais arrêtez ! Vos insultes me blessent. Arrêtez de m'insulter pour prouver votre force sauvage déjà affirmée partout ».

-Tu as vu comment elle parle ? Quand la petite bourgeoise est avec ses parents, on fait la fière, mais quand on est à armes égale, ça se met à pleurnicher comme une pauvre fillette.

-Ouais la grosse bourgeoise égoïste. Elle refuse de partager ce qu'elle a avec les plus petits qu'elle-même. Traîtresse ! »

Les Harceleurs continuent à insulter la pauvre fille de tous les mots pour le simple plaisir de faire souffrir.

« Je suis là mais je ne fais rien. Je suis témoin d'une scène immonde mais je ne bouge pas. J'entends les propos désespérés de la victime mais je n'interviens pas. Je suis une des horribles vérités de ce monde. Je me contente d'écouter les terribles propos tenu par les deux criminels, parfois dégoûtée, parfois me disant « Peuh, elle le mérite. », mais dans tous les cas, ma tête, mes bras, mes jambes, mon corps tout entier, n'engageront pas le moindre mouvement dans ce conflit. Comme tant d'autres, que puis-je faire face à la cruelle loi du plus fort qui régit ce bas monde ?»

Les deux coupables sont plus violents que jamais, allant à la limite de l'animalité. On ne les différencie pas de loups enragés.

« Il n'y a pas seulement deux personnes à devoir se reprocher quelques choses en ce lieu. Il y a moi, et tous ceux qui entendent les atrocités sortant de la bouche de ces animaux. Hélas, L'enfer n'a pas assez de place pour tous nous accueillir. Donc nous ignorons notre crime, et nous sommes presque réjouis du mal créé par ces deux êtres. Quelques-uns avalent goulûment les malédictions proférées contre la jeune fille, voire les boivent. Quel magnifique festin pour ces enfants en manque de malheur et de désespoir ! C'est nous, les témoins sourds de la scène, qui sont les plus condamnables. »

Les animaux deviennent atroce, horrible, sauvage, monstrueux. Non, ils ne sont pas monstrueux, ce sont des monstres, des véritables démons !

« Même quand les hommes ne sont plus des hommes, mais des monstruosités recherchant la souffrance et la douleur dans l'âme des victimes, les complices aveugles ne dirigent pas leur regard vers l'atrocité se déroulant derrière eux. Dans un monde utopique où l'on prône l'égalité entre tous, certains ne supportent pas les différences et massacrent psychologiquement leur prochain. Et nous, nous somme incapable de faire face à cette réalité gouvernant notre triste société. Nous sommes les ombres des harceleurs qui refusent de prononcer la fin de ces seigneurs du mal. Nous nous lions nous-mêmes les mains et les pieds, et nous tenons un faux bâillon devant notre bouche qui elle seule peut enfin faire éclater l'horrible vérité et sauver tant de personnes. Oui, sauver plusieurs victimes d'agressions de ce genre serait possible grâce à nous, mais nous sommes trop lâche, trop peureux, voire trop heureux de voir tant d'hommes s'éteindre. Et nous voilà responsable de tant de meurtres épouvantables, de tant de vies arrachées. »

La petite fille hurle de désespoir face aux assauts des deux monstres. Mais personne ne vient à son secours.

« Non ! Je ne peux plus supporter le silence de mes camarades, je ne peux plus supporter de détourner le regard. Je veux me rebeller face à cette loi injuste, la loi du plus fort, plonger les mains ensanglantées de notre être dans le mal remuant. Alors je m'insurge contre ma peur, mon plaisir d'entendre souffrir. Je brave la réalité injuste qui gouverne le monde. Juste en me retournant je change l'avenir de tellement d'hommes, femmes, enfants que j'en perds mes mots. Juste en jetant un regard sur la scène maudite, j'empêche une vérité dystopique de s'installer. Juste en étant la première à aider cette fille dans son désespoir, j'entraîne plein de sauveurs dans mon sillage. Je refuse d'être accusée comme criminel. Regardez-les témoins silencieux de l'atrocité, regardez-les, les déchets horribles de l'humanité. Faites éclater votre fureur de vérité, faites grand bruit sur cette affaire d'une violence abominable. Ainsi, vous prouverez la simple force d'un regard. »

Sur ces mots, une personne, puis deux, puis une dizaine montre un regard accusateur sur les renégats de la société. La puissance de leurs regards déterminés brûle les harceleurs de l'intérieur, qui s'enfuient immédiatement, et tous les témoins qui ont fait éclater la vérité essayent de consoler la pauvre victime.

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