Asélia - 11 -

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Le soleil brille encore bien trop. Mes yeux ont du mal mais je me force à les garder ouverts.

Debout.

Je tourne sur moi-même, j'essaie de regarder autour de moi, de me repérer.

Retrouver mes repères.

Personne autour de moi.

Cela me paraît insensé.

J'avance, doucement, au hasard. Rien ne peut me permettre de la retrouver ici, alors j'avance comme à tâtons. Peut-être que chercher me suffira à la trouver.

Quelque part. Devant. Je ne sais pas trop où exactement. Je ne vois pas encore où est-ce. Mais quelque part, j'entends parler. Cela me semble, de là où je suis, comme un chuchotement.

J'avance.

Petit à petit le bruit se fait plus fort, les paroles plus perceptibles.

Je continue d'avancer.

Face à moi se trouve plusieurs anges.

Enfin je crois.

Différents des autres, différents de moi.

Ce n'est pas leur aspect qui fait d'eux des êtres différents... Enfin .. hormis cette couleur que je n'avais jamais perçu auparavant chez un être de notre espèce. Ce rouge. Rouge feu, rouge flamme. Tant de violence et de haine émanant d'eux.

Que se passe t-il ?

Je ne comprends pas. Je ne comprends plus.

Pourquoi ? Comment ?

Je n'ose m'approcher. Mon corps entier me crie de fuir. De partir. Loin. Où ? Peu importe. Mais loin. Loin d'eux.

Et pourtant...

Je me refuse à le faire.

Je reste là.

La tête haute.

Prête à me battre jusqu'au bout.

Car j'ai vu...


Il y a cet être.

Là.

Si apeuré.

Petit ange perdu.

Il y a cet enfant.

Là.

Agenouillé au sol. Derrière un petit muré à côté de ce qui, jadis, il me semble pourtant il n'y a pas si longtemps que ça, était un magnifique olivier. Pensant certainement ne pas être vu, être bien caché.

Oui il y a cet enfant.

Et je ne peux le laisser.

Il est là.

Je le vois.

Visiblement ces autres ne l'ont pas encore entraperçu. Visiblement c'est ce qu'il souhaitait.

Et pourtant.

Et pourtant il semble tellement seul. Tellement désœuvré. Tellement désemparé.

Il y a cet enfant et je ne veux le laisser.

Ses ailes, ses larmes, ses iris d'un sombre gris marquant son désespoir.

Un gris presque noir.

Un noir comme le mien.

Il y a cet enfant et je me refuse de le laisser.

Un instant et je me retrouve à genoux à ses côtés. Il me regarde sans me voir.

Depuis combien de temps est-il ainsi, seul et effrayé ?

Je tends mon bras. Doucement. Lui faire comprendre que j'allais le toucher. Le faisant se préparer à cette idée. À ce contact. Je tends mon bras doucement et du bout des doigts effleure sa joue.

Il sursaute légèrement. Comme s'il ne m'avait toujours pas vu jusqu'alors ou comme si son inconscient avait compris mais avait eu du mal à passer l'information à son conscient.

Il sursaute doucement sans bruit. Plonge ses yeux dans les miens. Les analyse un temps. Quelques secondes suffisent.

Il semble un peu soulagé. Interrogatif aussi. Mais toujours apeuré.

Un instant et je m'avance vers lui encore un peu. Doucement toujours. Et d'un geste tendre, le prends dans mes bras pour lui faire comprendre, réellement comprendre, que son être entier le sache, que je suis là, qu'il n'est plus seul. Je sens ses muscles se détendre. Il s'apaise un peu. Je le regarde un temps puis jette un coup d’œil sans être brusque vers l'endroit où j'avais pu voir les autres. Ils y sont encore. Semblent ne pas nous avoir repéré.

Je continue mon inspection improvisée, tentant de trouver une issue que l'on puisse prendre sans se faire voir.

J'inspecte.

Derrière nous se trouve une vieille ruine.

Un ancien bâtiment en pierres privé de tout un pan de mur et dont les fenêtres ne sont plus.

Ce sera parfait.

Je regarde de nouveau ce petit ange gris. D'un gris qui me semble déjà, étrangement, légèrement moins sombre. Peut-être est-ce cette confiance qu'il m'offre ainsi rien qu'en lisant dans mes yeux ... ou ce que cela lui inspire... un espoir qui renaît...

Je le regarde et lui prends doucement la main.

Il lève alors les yeux vers moi et d'un coup d’œil, je lui montre ce chemin permettant notre fuite.

Nous nous levons alors sans bruit et en quatre pas accédons à notre nouvelle cachette.

Un coup d’œil furtif en arrière me permit de constater que nous n'avions pas été repérés.

Nous soufflons. Cela me fait un bien fou. Et lui sourit. Cela aussi me fait un bien fou.

Un temps encore pour nous éloigner en silence, traverser cette maison.

Un coup d’œil avant d'en ressortir de l'autre côté.

La voie est libre.

Nous pouvons traverser.


Une atmosphère plus légère s'installe petit à petit entre nous sans même avoir prononcé un mot. Juste le simple fait d'être ensemble, de ne pas être seul. C'est comme si un poids s'enlève de mes épaules. Et l'impression que pour cet enfant ailé, il en est de même. Nous marchons lentement et là, il me dit simplement, d'une voix douce, presque chantante, presque apaisante, d'une voix apaisée :

« Merci ».

Je remarque alors ces yeux d'un gris argenté pur, limpide. Ces ailes d'une couleur presque similaire avec seulement quelques reflets plus ou moins clairs.

« Non. Merci à toi »

Et il sourit.

Et je souris.


Fantastique
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Commentaires & Discussions

Asélia - 11 -Chapitre1 message | 8 ans

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