Unique refrain

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 Te souviens-tu de la cigarette, après l'amour, celle qu'on se partageait autant que nos baisers ? Celle qui embrassait nos lèvres encore rouges de désir... La cigarette, après l'amour, ne s'écrasait qu'au petit jour, aux premières lueurs de réalité que les vieux volets laissaient pénétrer dans la chambre. Je t'enlaçais, le corps en brasier. Ton parfum enflammant mes poumons, je n'avais pas peur de te laisser, je me disais que les mégots plein le cendrier voulaient peut-être dire qu'on s'était aimés... J'y croyais, j'y croyais comme on croit à ses songes, quand on le désire vraiment... J'y croyais, parce que je ne pouvais faire autrement.

Tu m'as écrit une belle histoire ; de celles qu'on aime se raconter en s'endormant le soir mais auxquelles on n'ose pas s'accrocher des deux mains, qu'on tente seulement d'effleurer du bout des doigts. Une histoire sans un début, sans une fin. Sans souvenirs, ni promesses de futur. Nous nous aimions au présent, je t'adorais sur l'instant. Tu n'étais qu'une parenthèse à mon hasard. Je ne voulais pas le voir, je ne voulais pas le savoir. Je vivais le maintenant, dans tes bras, dans tes yeux noirs... Un aparté dans mon destin, ce quelque chose d'incertain, tellement puissant de son evanescence, tellement précieux de son incertitude.

Mais les jours s'écoulent trop vite, s'immiscent dans le lit. S'installe alors la distance, cynique, sinistre et impitoyable. Nos mains se delient, nos corps s'arrachent l'un à l'autre dans un soupir silencieux, sans même le temps de rattraper quelques baisers envolés, quelques mots embrasés, quelques volutes de fumée... Sans même le temps de réaliser, comme une plaisanterie sans suite, que nous n'avons jamais réellement existé, une ombre sans lumière, deux amants invisibles. Nous n'avions que le présent, nous n'étions que le présent. Nous n'étions qu'une histoire sans un début sans une fin, une histoire déjà évaporée, une histoire sans un hier, sans un demain. Un amour qui ne se voulait qu'aujourd'hui.

 La bouffée dans les poumons je pense à toi, sans regrets, ni remords, sans peine ni rancoeur. Comment souffrir d'un coup de vent impalpable ? Comment pleurer l'inexistant ? Nous étions deux mirages, deux oiseaux voyageurs, rencontrés au détour du sort et séparés par la fugace fatalité. Seulement, parfois mon coeur s'emporte et songe:

« Mais p't être qu'un jour, on s'retrouvera sur le quai d'la gare, mais p't être qu'un soir, on s'retrouvera dans l'même train, et qui sait, p't'être enfin qu'on parlera lendemains. Histoire de r'commencer l'histoire, toujours sans un début et toujours sans une fin, mais faire qu'le présent cette fois dure plus longtemps. »

exercice: insérer les paroles d'une chanson (La Cigarette _ Les Ogres de Barback)

(liberté prise sur le temps de conjugaison)

17 Novembre 2019

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